Installée depuis juillet 2009 à Valenciennes, la jeune société BYOOK se démarque par son innovation en matière de livre avec le développement d’une nouvelle expérience de lecture à la croisée du livre d’auteurs et du jeu vidéo. Leurs produits sollicitent notre faculté d’imagination et permettent de repousser les limites des supports numériques et du confort de lecture.
L’équipe d’eBouquin a voulu vous présenter cette initiative créative et dynamique à travers un entretien avec Manea Castet, créatif de Byook.
Pour commencer dans l’air du temps, que pensez-vous de la place du numérique sur le Salon du Livre 2010 ?
Manea Castet : Le numérique attire de plus en plus de monde, même s’il réside toujours un conflit de vision. Les gens semblent craindre un remplacement du livre papier par le livre numérique, mais ce n’est pas notre objectif : avec les « byooks », nous proposons autre chose, une nouvelle façon de lire. Nous souhaitons donner vie aux histoires.
Sur votre site principal, vous parlez d’une nouvelle manière de lire, où le lecteur choisit le déroulé de l’histoire. Cela fait penser à Heavy Rain (Quantic Dream), ce jeu vidéo avec des fins multiples et une vraie interaction entre la trame narrative et l’utilisateur : est-ce qu’on peut dire que Byook s’inscrit dans cette innovation d’usage ?
Manea Castet : Effectivement nous sommes dans une réflexion autour du jeu vidéo, plus précisément sur la place de l’histoire et de la mise en scène dans les jeux. Aujourd’hui on peut établir deux ”écoles”: dans la première, le jeu est porté par le scénario, comme dans Heavy Rain par exemple ; dans la seconde, ce sont des narrations « bacs à sable », de type GTA, où ce sont les actions du joueur qui façonnent l’histoire. Un des challenges des concepteurs de jeu aujourd’hui, c’est d’arriver à trouver un équilibre entre les deux.
Est-ce que cette nouvelle manière de lire va être adoptée facilement par les consommateurs moins familiers des nouveaux supports numériques ? Quel argument avancez-vous pour convaincre les lecteurs attachés aux livres traditionnels ?
Manea Castet : Nous ne cherchons pas à nous imposer, nous proposons autre chose…Un byook est une alternative. Nous étudions de près les nouveaux comportements de lecteur : avec Wikipédia, Facebook, Stanza… nous observons des changements d’usage et ce, même pour des personnes peu habitués aux nouveaux supports. De plus en plus de personnes enrichissent, personnalisent et améliorent leur accès à l’information. Un byook utilise certains de ces mécanismes pour s’inscrire dans cette logique de nouvelles expériences de lecture. Nous nous inspirons aussi de médias bien connus de tous comme le cinéma, dont les mécanismes n’ont plus à prouver leur efficacité en termes d’image et de mise en scène.
Vous avez communiqué sur vos développements pour la DS de Nintendo et l’iPhone d’Apple. Est-ce que vous pensez que la lecture sur ces types de supports est vraiment appropriée?
Manea Castet : Trois critères essentiels entrent en jeu pour juger du confort de lecture sur ce genre de support : la taille, la résolution et le volume de texte affiché sur l’écran. Il est vrai que la lecture d’une page de livre classique, transposés tel quel, n’est pas idéal sur des écrans trop petits. Il faut savoir jouer sur la police le volume des paragraphes et les contraintes de résolution pour maximiser le confort de lecture. Pour nos byooks, nous souhaitons utiliser la force du numérique pour proposer plus que du texte « mis en page ». Lire un livre « classique » sera toujours plus agréable sur papier. Pour se faire une place aujourd’hui, il faut concevoir de nouvelles manières de lire..!
L’auteur Bernard Werber a déjà fait appel à votre savoir-faire, pour un livre-jeu vidéo autour de son ouvrage « Le Papillon des étoiles ». Si dans un avenir proche, de multiples auteurs viennent pour transposer leurs œuvres en byooks, est-ce qu’il n’y a pas un risque de redondance ? Comment vous allez préserver l’unicité de chaque livre ?
Manea Castet : Nous faisons du sur-mesure, en trouvant un équilibre entre le développement du livre-jeu et les particularités propres à l’œuvre. Notre but est de construire un moteur de base, puis d’opérer un traitement différent pour chaque œuvre, en préservant ce qui la rend unique aux yeux de tous.
Enfin, est-ce que votre offre se limite au roman, ou bien vous prévoyez d’étendre votre concept au théâtre et la poésie par exemple ?
Manea Castet : Pour le moment nous sommes concentrés sur les romans, mais effectivement, nous avons pensé à d’autre formes de littérature, nous irons probablement vers le théâtre ou la poésie dans quelque temps. Nous pouvons même imaginer des byooks scolaires, guides touristiques…
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble