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Népotisme à la tahitienne sur le pandanus

Publié le 18 avril 2010 par Argoul

Ici pas de verglas mais, avec les fortes pluies et les éboulements, beaucoup dérapent. A commencer par le ministre de la Culture qui s’est pris les pieds dans le pandanus, celui qui recouvrait les toits des hôtels de Bora Bora avant la tempête.

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Je voudrais bien vous y voir, vous qui ricanez en lisant ces lignes. Le ministre se prénomme Mita. Il est aussi maire-délégué d’Anau (Bora Bora). Il est proche de Gaston Iti, propriétaire de la fabrique familiale de couvertures en pandanus. A Bora Bora, les hôtels ont l’obligation de recouvrir TOUS leurs toits en pandanus, et c’est cette fabrique qui les livre ! Interdiction de sourire…

Les hôteliers réclament du pandanus pour réparer leurs toitures. Pour les touristes, c’est très moche de voir ces toits déplumés. Un hôtelier aurait osé évoquer le remplacement du pandanus par du palmex, puisqu’il n’y a pas de stock. La foudre lui serait tombée sur la tête que ce n’aurait pas été pire ! L’hôtelier : « Le ministre  nous a dit que si on était là c’était grâce à son père (?). Il m’a aussi demandé qui j’étais, depuis combien de temps j’étais là et quand j’allais repartir ». Consternation chez les hôteliers. Embarras de Gaston Iti. Mita a été affublé des qualificatifs « xénophobe », « raciste ». Quelques jours après ce dérapage il a présenté ses excuses en racontant sa version des faits, mais dans cet instant où le tourisme est à un niveau si bas, c’est loin d’être une aide pour les hôteliers. Habituellement les insultes de bas niveau  sont distillées par les Indépendantistes à l’égard des Français,  or ce monsieur appartient au parti Autonomiste. Il est vrai également que l’alizé fait tourner les girouettes depuis quelques mois.

Vous en avez certainement une petite idée depuis que je vous rabats les oreilles avec le pandanus. Non ? C’est l’arbre le plus utile après le cocotier en Océanie.

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Le pandanus, fara en tahitien, (Pandanus tectorius) possède un tronc d’un diamètre égal à la base et au sommet  recouvert d’une écorce lisse et marbrée, de nombreuses racines adventives terminées par un germe vert s’en détachent et se dirigent vers le sol, les feuilles à limbe coriace et rubané sont imbriquées aux extrémités des rameaux. Suivant le lieu où il pousse son port varie, sur les îles basses il forme des buissons touffus à feuilles très développées ; en montagne il arbore un aspect décharné et squelettique. Autrefois, on employait ses feuilles tressées pour recouvrir les cases. La toiture ainsi faite était  fraîche, étanche et plus durable que les feuilles de cocotier.

On se sert de la variété cultivée Pandanus inermis car les feuilles sont dépourvues d’épines.  On les coupe, on les fait sécher en les suspendant dans un endroit aéré et ombragé. La dessiccation finie, on trie les feuilles,  les tachées et les trop foncées sont éliminées. Les feuilles de pandanus sont assemblées par rame sur une tige de bambou. Un paquet en contient 20 et permet de couvrir 1 m² de toiture.

Les tarifs de ces paquets varient à Maiao (île à côté de Moorea) de 2500 (21€) à 3000 FCP (25€) le paquet, de 3000 à 3500 FCP (29€) à Moorea, un peu plus à Bora Bora. Ce sont donc des rentrées importantes pour ces familles. Mais on ne sait pas combien de personnes travaillent dans le pandanus, ni qui en produit, ni en quelle quantité, indique l’ISPF ! Pas besoin de patente pour produire, ramasser, tresser le pandanus, seuls les installateurs, les charpentiers et autres entrepreneurs sont soumis à la patente. Trois îles seulement produisent les paquets de pandanus dans toute la Polynésie. Lorsqu’un cyclone détruit des milliers de mètres carrés de toiture en pandanus, la filière ne peut répondre à une telle demande. Et si un cyclone détruisait les pandanus sur Maiao, Moorea et Bora Bora, comment réparerait-on  les toitures ? Aurait-on les stocks suffisants ? Les hôtels, les privés ne seraient-ils pas tentés de remplacer  le pandanus ?

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Les avantages du pandanus sont qu’il est aéré, assurant fraîcheur et isolation. Il s’intègre bien à l’environnement local, est esthétique dans le paysage. Les toitures offrent une bonne résistance au vent si elles ont été installées selon une inclination de 45°. Mais les artisans poseurs spécialisés sont de plus en plus difficiles à trouver.

Le grand concurrent du pandanus est le palmex. Son fabricant canadien le garantit 20 ans. Il est très résistant aux ultraviolets, aux agents chimiques, aux impacts provoqués par les chocs divers. Manufacturé à partir d’un polymère ignifuge, il est surtout bien apprécié des assureurs. Si son coût est plus élevé que le pandanus, il est compensé par une durée de vie plus longue.

Sabine


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