Magazine Cinéma

LA FILLE COUPEE EN DEUX de CLAUDE CHABROL

Par Abarguillet

 François Berléand et Ludivine Sagnier. Wild Bunch Distribution      VIDEO

Inspiré d'un fait divers américain, l'assassinat en 1906 d'un célèbre architecte Stanford White par l'époux de son ex-maîtresse, une jeune actrice de music-hall, et de "La fille sur la balançoire "(1955), l'excellent film de Richard Fleischer,   La fille coupée en deux  de  Claude Chabrol  décrit l'ambition d'une jeune femme, présentatrice météo sur une chaîne de télévision locale, d'abord éprise d'un écrivain en vogue égotique et pervers, puis d'un jeune héritier déjanté et suicidaire, dont les amours partagées aboutiront à un drame trop bien annoncé pour surprendre aucun des spectateurs, et nous immerge dans le microcosme médiato-culturel de la télévision et de l'édition.
Chabrol, qui se considère volontiers comme " l'impitoyable anatomiste des passions humaines",  ne nous fait grâce d'aucune des perversions de ce milieu restreint et nous le dépeint avec une sombre férocité qui, malheureusement, n'échappe pas au trait excessif et caricatural, au point de gâter notre plaisir et de nuire à la cohérence psychologique des personnages. Ce maître du trompe-l'oeil, qui se plait depuis Le beau Serge  à dénoncer les faux-semblants et les tares de notre société, nous livre ici un scénario trop outrancier, une intrigue qui dégénère assez vite en une farce dans laquelle le fils à papa, dandy de sous-préfecture, campé par un Benoît Magimel auquel on en demande trop et qui surcharge son rôle de façon à ce qu'il ne soit plus crédible du tout, coopèrent pour rendre peu vraisemblable cette histoire de séduction et de vengeance. Je suis sortie déçue de cette projection, alors que je m'y rendais sans aucun à-priori, étant une admiratrice du cinéaste dont je considère certains de ses films comme d'incontestables chefs-d'oeuvre.


Ludivine Sagnier et François Berléand. Wild Bunch Distribution

 Là, le savoir-faire de Chabrol, son rythme de découpage incisif et percutant, l'atmosphère qu'il sait créer dès les premières images, moment où le décor, les personnages, les situations se mettent en place, ce talent où se mêlent dérision et subtilité ne fonctionne pas à plein et nous laisse sur une amère déception. On ne retrouve pas le grand Chabrol que nous avons apprécié et dont chacun des films était une leçon du style le plus décapant qui soit. Là, on subit un échantillonnage d'êtres en rupture avec eux-mêmes, figés dans des compositions paroxysmiques dont on ne peut croire qu'elles sont l'ordinaire de notre temps. Seule Ludivine Sagnier nous touche, lors des premières scènes, quand la jeune fille, qu'elle est sensée représenter, découvre le monde corrompu dans lequel son amant tente de l'entraîner... un moment de grâce.

                                 

Benoît Magimel et Ludivine Sagnier. Wild Bunch Distribution

 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Abarguillet 168 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines