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150 ans d'évangélisation au Bénin Un témoignage d’ un evêque missionnaire parmi les siens

Publié le 18 avril 2010 par Ordresaintandredecaffa

150 ans d’évangélisation au Bénin

A l’occasion du 150ème anniversaire de notre Eglise, nous pouvons relire cette préface de Mgr Agboka dans le livre, écrit en 1961, par le Père Paul-Henri DUPUIS, décédé le 20 août 2009 : Histoire de l’Eglise au Bénin : l’Aube Nouvelle, Tome 2.
“Nous sommes la relève des missionnaires. Personnellement, je fais partie de ceux qui ont connu les successeurs des pionniers. Le premier livre du R. P. Dupuis, je l’ai lu, les larmes aux yeux ; je l’ai parcouru lentement, combien de fois, je ne saurais vous le dire. Il m’accompagnait dans mes tournées épiscopales. En voiture, il dormait sur mes genoux, quand je somnolais, épuisé de fatigue.
C’est dire que le Dahomey, le Bénin d’aujourd’hui, doit profonde reconnaissance au R. P. Dupuis. Professeur et éducateur, formateur de nombreux séminaristes, il fut ensuite missionnaire à Kilibo, Ouessè, Zakpota. Il a été mon collaborateur sur le terrain, dans cette charge épiscopale qu’il m’a aidé à porter. Je me suis surpris à écrire sur le registre de mes souvenirs épiscopaux : « Père Dupuis, extrêmement sensible ; sensibilité qu’il cache sous une écorce rude par stratégie, mais toujours plaisante et enjouée. Sa jovialité très agréable, c’est sa façon habituelle de résoudre les durs problèmes de la mission ».
Cher Père Dupuis, merci une fois pour tout ce que nous avons vécu ensemble sans heurts. Merci une deuxième fois pour ce grand cadeau dédié surtout à l’épiscopat et au clergé africains en retraçant ainsi la vie, l’apostolat et les souffrances des missionnaires, nos Pères dans la foi, ceux-là qui nous ont engendrés, moulés pour la continuation de la cause de l’Evangile. Si eux n’avaient pas existé hardis, défiant toutes souffrances et toutes épreuves à la manière de Saint Paul, qui parlerait de nous ? Vous m’avez donné la joie de revoir en pensée Monseigneur Steinmetz qui m’a confirmé, Monseigneur Parisot qui m’a envoyé continuer les études théologiques à Rome en 1954. Je pourrais ajouter à ces grandes figures quelques-uns des vaillants missionnaires qui ont tissé ma vie de chrétien et de séminariste.
Ils sont si nombreux que je ne pourrai les nommer tous : le volume présent que j’ai l’honneur de préfacer partirait en longueur. Le lecteur me permet seulement de faire quelques rappels à la volée pour m’arrêter à temps : les Pères Firmin Colineaux et Henri Pichon qui me reçurent à l’école primaire catholique Notre Dame de Miséricorde de Cotonou ; le Père Henri Poidevineau qui m’envoya au pré-séminaire des petits clercs le 1er avril 1940 ; le Père Deméyère qui s’occupa de moi dans cette institution de 1940 à 1943 ; les Pères Delbaere, Gaymard, Monney, Bruyas qui m’accompagnèrent tout au long du petit et grand séminaire de Ouidah ; les Pères Pélofy et Mercier, l’ancien, l’inoubliable et le jeune curé d’Agoué. Comment leurs silhouettes quitteraient-elles ma pensée et mon âme… ?
Il convient que les chrétiens et le clergé africains sachent que le problème de l’école catholique a toujours été un champ de bataille et de bagarres. L’école des missionnaires comme on a l’habitude de dire ne s’est pas déroulée dans une entente cordiale entre le « colonisateur » et le « missionnaire ». Le « combisme » a porté très haut la hache de guerre.
Ceux qui professent hardiment, méchamment, faussement la « théorie des trois M » : Militaires, Missionnaires, Marchands, s’égarent dangereusement. On déclare d’une façon simpliste que « tandis que les missionnaires présentaient la croix pour adoucir et abêtir les africains, le colon faisait tonner les armes pour ravager et prendre en otage ». Aujourd’hui encore, certains africains soi-disant intellectuels en perroquets, répètent la même chanson.
Je me suis toujours demandé, dès l’âge le plus tendre en contemplant dans le petit cimetière catholique d’Agoué, ces tombes de prêtres SMA, de religieuses NDA, fauchés dans la jeunesse de l’âge à 24, 26 ans, quelle force irrésistible les a conduits sur ces rivages meurtriers et livrés à l’hostilité farouche des vodoun et des vodou-non ?
Dieu seul est leur secret et leur récompense… Tous ont combattu le bon combat ; et ils ont gardé la foi. Ils ont maintenant reçu la couronne du vainqueur.
Daigne le Seigneur accepter, pour sa gloire et pour l’expansion de l’Eglise en Afrique, ce sacrifice qu’ils ont fait de leur vie pour la cause de l’Evangile. Et qu’il suscite, encore aujourd’hui parmi les chrétiens d’Afrique, des serviteurs et servantes aussi zélés pour l’annonce de la Bonne Nouvelle dans le monde de ce temps.”

+ Monseigneur Lucien MONSI-AGBOKA  décédé en 2008

Publié le 1er novembre 2009.


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