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Euro qui comme Ulysse

Publié le 16 avril 2010 par Chroneric

Notre monnaie unique a donc fêté ses dix ans cette année. Cette monnaie a depuis traversé bien des tempêtes économiques comme médiatiques. Elle a surtout été beaucoup décriée et accusée d'avoir favorisé la hausse des prix et donc la baisse du pouvoir d'achat. Mais ne sommes-nous pas allés trop hâtivement dans nos conclusions ? N'y a t'il pas de circonstances atténuantes ?

Je ne cherche pas à dédouaner le passage à l'euro mais ce n'est pas l'euro en lui-même le fautif, mais bien les humains qui ont trouvé tout de suite les profits qu'ils pouvaient obtenir en jouant avec les chiffres et le comportement robotique des consommateurs. Au début, les prix étaient convertis à la virgule près mais au fil du temps, les arrondis se sont multipliés et on peut constater que dans certains cas le nombre a rejoint celui du franc. Ce qui donne l'impression que seule la devise a changé.

Seulement voilà, à nouvelle monnaie, nouvelles habitudes et surtout, nouvelle référence. Le code a changé. Il faut comparer ce qui est comparable. Avant, c'était le franc symbolique, maintenant c'est l'euro symbolique, à l'instar des jugements où l'on devait 1 franc de dommages et intérêts : maintenant c'est 1 euro de dommages et intérêts. Il faut donc se rendre à l'évidence, nos repères ont changé. Le symbole a donc subit une hausse de 555 % ! C'est toute notre gymnastique mentale qu'il faut revoir. Il faut se créer de nouvelles références. Je sais, c'est facile à dire mais plus difficile à faire. Un jour ou l'autre vous serez de toute façon forcés de le faire car nous perdons petit à petit nos repères antérieurs liés au franc. Nous ne savons plus exactement combien coûtait un café, une baguette ou le litre de lait. C'est la confusion dans nos esprits qui fait que nous crions au scandale, la perte du passé.

Prenons pour exemple le sandwich du midi, repas le plus consommé en France à la pause déjeuner. Avant 2000, il était en moyenne à dix francs, soit un euro cinquante. Aujourd'hui, il est en moyenne entre 3 et 4 euros, soit une hausse d'environ 120 % (loin des 555 %). Cela fait peur sur le coup mais le problème c'est que c'est incomparable car la monnaie a changé et donc le repère aussi. Le symbole désormais c'est le 1 euro. Notre sandwich à 10 francs était loin du 1 franc symbolique alors que le sandwich à 3 euros est très proche du 1 euro symbolique. Symboliquement, on pourrait dire que le prix du sandwich a baissé. Vous voyez ce que je veux dire. Le repas maintenant se prend pour une bouchée de pain.

Ce que j'essaye d'expliquer c'est que les hausses que l'on prend comme des hausses de profit sont des hausses en fait logiques et structurelles. Il faut bien se mettre en tête que si les prix ont augmenté dans une certaine proportion, c'est que les charges et les recettes ont augmenté dans une certaine proportion. Tout le système économique européen s'est modifié, tous les flux économiques sont modifiés. C'était inévitable, tout ce qui a un coût a logiquement fait un pas en avant, a subit une augmentation. Par contre, et c'est un autre débat, un pas en avant a été bien franchi parallèlement entre les revenus des plus riches et ceux des plus défavorisés. Comme le disait Coluche (décidemment, rien n'a changé) : les riches auront de l'argent et les pauvres auront l'appétit.

De la même manière que nous considérions la pièce de 1 euro comme insignifiante, nous devons considérer la pièce de 1 euro, à son tour, comme insignifiante. Tout est une question de référencement.


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