Magazine Culture

L'écrivain, un être essentiellement narcissique ?

Par Manus

L'écrivain, un ętre essentiellement narcissique ?

Narcisse, par Le Caravage

Narcisse, par Le Caravage.

A force de lire des commentaires ŕ gauche et ŕ droite qui frôlent le narcissisme pathologique de l'écrivain, je finis par sérieusement me pencher sur la question, ŕ savoir si finalement celui qui se prétend écrivain, ou qui est auteur, est au fond un ętre narcissique.

La plupart des gens que nous entendons autour de nous et qui écrivent, hurlent ŕ qui peut l'entendre, que ce besoin, intrinsčque chez eux, est également vital, et que sans cela, leur vie perdrait sa saveur ou son sens.

J'entends bien.  Je peux comprendre aussi.  Męme si je considčre qu'affirmer que ne plus écrire constituerait une perte de sens ŕ la vie, j'estime que c'est considérer la vie sous un angle un peu curieux : il me semble que pour ętre en mesure d'écrire, l'ętre doit d'abord ętre en mesure de vivre.  De quoi pourrait-il parler s'il ne vit pas ?

Par conséquent, si l'ętre vit, il éprouverait le besoin de se déverser d'un trop plein de choses ŕ dire, qu'il coucherait sur papier.   Ce serait sa maničre ŕ lui d'exprimer son ressenti, ses idées, son envie de raconter des histoires pourquoi pas, au travers d'une imagination débordante.

Viennent enfin ceux qui aiment écrire pour écrire : ce sont en général des écrivains dotés d'un certain style, oů le plaisir des mots, des tournures de phrases, priment sur le contenu.  Cas rarissimes, oů le style se déploie autour d'un contenu.

 Jusque lŕ, rien d'anormal, enfin, presque.

Sauf que je constate avec effarement que les écrivains, en herbe ou reconnus, ont une attitude pour le moins étonnante.  Leur art, autrement dit, leur écriture - j'ignore encore si l'on peut cataloguer l'écriture dans le domaine de l'art; un autre débat - serait le prolongement narcissique d'eux-męmes, dans lequel ils se mirent au point de se faire passer pour des frustrés en mal de reconnaissance linéaire, ou pour des personnes dont le but de l'écriture serait moins honorable que ceux cités plus haut.

L'écrivain, qui écrit pour un tas de raisons explicitées précédemment, est-il ŕ priori constamment en proie ŕ des besoins de reconnaissance, de recherche de gloire vaine, et de pouvoir illusoire ?

Forcément, nul ne pourra  répondre ŕ ma question, puisque les réponses ne pourront se reposer sur aucun argument.

Mais je m'inquičte.

Je me demande s'il existe en ce bas monde un écrivain qui écrirait uniquement pour le plaisir des mots, sans rien chercher d'autre que cela : jouer avec les phrases, avoir l'envie de raconter des histoires, se donner le droit de dire des choses.

Coup de gueule.  Soit.

Mais avouez que le narcissisme ambiant du monde littéraire est tout de męme sidérant.

C'est ŕ se poser de sérieuses questions sur l'état mental de certaines personnes.

A moins que tout artiste serait sujet ŕ ce genre de symptôme ? 

Un besoin irrépressible de se faire aimer et reconnaître au travers de son oeuvre ?

Ou bien, pire encore, une nécessité de se sentir exister par le biais de l'écriture ?

Panthčre.


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (2)

Par Elina
posté le 30 août à 11:57
Signaler un abus

Je suis d'accord avec le fait qu'un écrivain est narcissique. C'est d'ailleurs en voulant répondre à cette question que je suis tombée sur cet article. Mais il y a une chose avec laquelle je ne suis pas d'accord : ce n'est pas forcément pour être aimé et reconnu à travers son oeuvre qu'un écrivain écrit. C'est à mon avis en premier lieu pour se lâcher. En écrivant, il effectue sa propre psychanalyse (autrement dit, il guérit ses maux par les mots). Narcissique, certes, mais pas pour autant égoïste, voire égocentrique. Ce n'est pas parce que l'on "s'aime" que l'on n'écoute pas les autres et que l'on n'est pas ouvert au monde qui nous entoure.

Par James
posté le 30 avril à 13:26
Signaler un abus

Le compositeur doit connaître le solfège, le peintre ou le sculpteur doivent apprendre à dessiner, mais tout le monde a appris à écrire des mots dès l'école primaire. Le bipède humain, bouffi d'orgueil, sûr de son génie, exprime donc le plus naturellement du monde sa suffisance et son nombrilisme par l'écrit où tout est admis, jusqu'à la dysothographie et à la maltraitance syntaxique. De préférence dans le genre autobiograhique du genre "il n'y a que moi qui m'intéresse". Le milieu "littérature" me fait littéralement gerber.

Par Xavier Bouchard Paquin
posté le 15 avril à 14:59

Je trouve votre texte bien défaitiste et je crois qu'il démontre votre inconnaissance de cette envie d'écrire... De cette envie de raconter et de partager une histoire, qui bien évidemment part de l'auteur.

A propos de l’auteur


Manus 379 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines