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Les artisans du bâtiment en souffrance

Publié le 19 avril 2010 par Ludovicgiraud
Les artisans du bâtiment en souffrance

Déjà plombés par la crise, les artisans et petites entreprises du bâtiment subissent la concurrence des auto-entrepreneurs. Ils se réunissent aujourd'hui pour se faire entendre. 
« Le carnet de commandes qui s'épuise, le téléphone qui ne sonne plus... » André Abguillerm, peintre dans la commune du Relecq-Kerhuon, près de Brest, ne voit pas le bout du tunnel. L'activité de l'artisanat du bâtiment, qui a baissé de 5,5 % l'an passé, devrait encore reculer en 2010. En début d'année, elle a déjà chuté de 6 % par rapport au premier trimestre 2009.
« Avant, notre agenda affichait complet plusieurs mois en avance, reprend le président de la confédération bretonne de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Désormais, nous naviguons à vue. »
Les plus fragiles ont déjà mis la clé sous la porte. En Basse-Normandie, depuis avril 2009, 234 carreleurs, couvreurs, menuisiers et autres plâtriers ont affronté un redressement judiciaire ou une liquidation.
Soit 50 de plus que l'année précédente. En Pays de la Loire, 22 % des entreprises artisanales du bâtiment déclarent rencontrer des difficultés financières. Le constat est tout aussi sévère en Bretagne : « Notre service juridique est constamment sollicité par les entreprises locales pour des mesures de chômage partiel, des licenciements, soupire André Abguillerm. Beaucoup de jeunes sont prêts à travailler, mais les sociétés capables d'accueillir des apprentis ne sont pas légion. »
« Un caillou dans notre chaussure »
« Les trésoreries des entreprises deviennent de plus en plus exsangues, confirme Patrick Liébus, président de la Capeb nationale, qui tient aujourd'hui son congrès à Paris. Nous sommes percutés par une crise d'importance, avec une diminution de l'activité pour le sixième trimestre consécutif. » Dans le secteur, certains métiers souffrent plus que d'autres. Les maçons les premiers, touchés par l'effondrement de la construction neuve, en chute de 10,5 % ces douze derniers mois. Le marché de la rénovation, réunissant notamment l'aménagement et la décoration, a été plus épargné, avec une baisse limitée à 2,5 %.
Les difficultés des artisans ne sont pas seulement dues à la crise économique. Le statut de l'auto-entrepreneur, qui permet de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître ses revenus, en bénéficiant d'un régime fiscal avantageux, est vivement contesté par la Capeb. « C'est un caillou dans notre chaussure, peste André Abguillerm. Cette mesure a bénéficié d'une communication démesurée alors qu'elle représente une distorsion manifeste de concurrence. » Les artisans et petites entreprises, qui n'ont pas la capacité de rivaliser sur les prix, souhaitent « l'exclusion de ce statut pour le secteur du bâtiment ». Ou, au moins, la « radiation » des auto-entrepreneurs sans activité depuis un an.
Autre revendication, le maintien de la TVA à 5,5 % au lieu de 19,6 % pour les travaux de rénovation et d'entretien. Cette mesure existe depuis 2006 et doit prendre fin en décembre.
C'est d'ailleurs dans ce secteur que la reprise devrait se faire ressentir plus rapidement car « les mesures gouvernementales, telles que l'éco-prêt à taux zéro, permettent aux particuliers de financer leurs travaux », rappelle Patrick Liébus. Autant de moyens susceptibles de favoriser le redémarrage de l'activité, espéré pour 2011.

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