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Le mythe de « la faute aux parents »

Publié le 21 avril 2010 par Soseducation

La faute des parents est constamment évoquée pour expliquer les problèmes d’indiscipline à l’école. Au nom de leurs petits droits individuels, ils refuseraient toute autorité extérieure. Ils n’enseigneraient même plus aux enfants à respecter leurs maîtres d’école. D’où le chaos dans les classes.

Ce constat a le mérite de la simplicité… et de ne pas remettre en cause le fonctionnement de l’Education nationale.

La réalité, c’est que les parents se sont désintéressés de l’école parce que l’Education nationale les a mis à l’écart.

Quiconque a des enfants scolarisés et a déjà essayé de s’impliquer dans une école a compris à quel point les parents sont considérés comme indésirables par l’administration.

Même élu représentant des parents d’élèves et invité à siéger dans les instances des établissements, le parent doit faire preuve d’une prudence, d’une docilité humiliantes. D’emblée, il est entendu qu’il n’a le droit de discuter ni les choix pédagogiques, ni les programmes, ni les manuels, ni la composition des classes, ni les compétences de qui que ce soit dans l’établissement. Restent les questions d’intendance, d’infirmerie et de cantine, de voyages scolaires, et encore…

Alors effectivement, quatre générations après Jules Ferry, beaucoup de parents ont fini par conclure qu’à eux revient l’alimentation, le logement et les loisirs des enfants. A l’Education nationale revient l’éducation. A qui la faute ?

« Les enfants appartiennent à la République avant d’appartenir à leurs parents ». Ce slogan de Danton a servi de fil directeur et de justification aux fondateurs de l’école publique. C’est à ce titre qu’ils se sont considérés en droit de taxer la population, et d’utiliser l’argent ainsi récolté pour éduquer les enfants selon leurs propres vues.

La situation est-elle désespérée, comme le pensent beaucoup d’éditorialistes ? Non.

Des indices concordants montrent que l’intérêt des parents pour l’éducation n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. Et que si on les responsabilisait, en leur rendant le droit de faire des choix réels pour l’éducation de leurs enfants, la plupart des parents s’impliqueraient autant que le leur permettrait l’Education nationale :

1)Les sujets de conversation : l’école, l’éducation des enfants, sont des sujets qui reviennent constamment dans les conversations des Français, actuellement. Pas un dîner, pas une après-midi entre amis n’est possible sans que la question des enfants ne soit abordée. Avec les radars sur les routes, le football, et l’insécurité, c’est LE sujet qui obsède nos contemporains, qui sont d’ailleurs en général inquiets pour l’avenir.

2)Le seul domaine où les parents gardent leur mot à dire concernant la scolarité de leurs enfants, à savoir le choix des fournitures scolaires, est, malgré son caractère dérisoire, l’objet du plus vif intérêt à chaque rentrée, au point de faire des jours durant la une des journaux. Combien les parents s’impliqueraient-ils plus, alors, s’ils pouvaient, s’ils devaient, choisir l’établissement scolaire le mieux adapté à leur enfant ?

3)Le secteur des jeux éducatifs, et de la littérature jeunesse en particulier, n’a jamais été plus florissant qu’actuellement. En fait, l’édition ne survit que grâce à la locomotive toujours plus puissante des livres pour enfants. Comment prétendre, avec ça, que les Français se moquent de l’éducation ?

4)Le marché immobilier, tous les professionnels le savent, est fortement corrélé à la qualité de l’établissement scolaire dont dépend le logement. Cela prouve que, lors d’un choix aussi important que le choix d’une résidence, beaucoup de parents actuels donnent la priorité à l’éducation de leurs enfants. Ce n’était pas le cas jusque dans les années 80, à de rares exception près (le 5e arrondissement de Paris, à cause de la proximité des lycées Henri IV et Louis-le-Grand).

Alors, démissionnaires, les parents ?



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