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Riom

Publié le 04 mai 2007 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

A quelques kilomètres au Nord de Clermont-Ferrand, sa grande voisine, à la lisière de la chaîne des Puys en bordure de la plaine de la Limagne, la zone de côteaux où s'est développée Riom joue très tôt un rôle attractif pour les hommes comme le prouve la découverte de matériel préhistorique. Le menhir de la Varenne, témoigne comme tout mégalithe de l'emprise de l'homme sur la nature et marquait sans doute la limite d'un territoire en bordure de l'ancien marais et avait peut-être aussi une fonction religieuse.

A l'époque Gallo-romaine, le bourg arverne de Ricomagnum, centre économique aux fonctions commerciales importantes devient le Vicus Ricomagensis jouissant d'une position avantageuse sur la voie Claudia reliant Augusto-Nemetum ( Clermont-Ferrand ) à Avaricum ( Bourges ). Riom est alors une agglomération à vocation agricole sans fortifications connues qui deviendra à la fin du IVè siècle le siège d'une vaste paroisse primitive. Aucun vestige de cette époque n'est visible dans la ville ancienne mais le peuplement gallo-romain est attesté par la présence de villae dans la campagne proche.

La ville du haut Moyen-Age protégée par un château comtal, se concentre autour d'un groupe ecclésial, fondé au Vè siècle par Saint-Amable. Puis l'existence d'un pélerinage sur les reliques du saint accroît sa renommée et suscite son développement.

Au XIIIè siècle, à ces fonctions économiques et religieuses vient s'ajouter le prestige d'un centre administratif et judiciare lorsque Riom est choisie comme capitale des Terres royales d'Auvergne. S'ouvrent alors deux périodes fastes, celles des apanages d'Alphonse de Poitiers ( 1241 - 1271 ) et de Jean de Berry ( 1365 - 1416 ). Le premier modofie sa topographie et lui donne sa trame actuelle qui permet d'unir le noyau urbain primitif au nouveau château plus à l'Est. Le second, Jean de Berry fait édifier le palais ducal et la Sainte-Chapelle.

Après l'apanage des Bourbons ( 1416 - 1527 ), Riom revient à la couronne. Elle est le siège des juridictions royales.

En ces temps de mutations urbaines, le pouvoir des bourgeois s'affirme grâce à la charte de franchise ( 1270 ). Ils édifient au coeur de la cité, le beffroi ( 1391 ) pour abriter la cloche consulaire et le jacquelart offert par Jean de Berry. Les édifices présentent un panorama assez complet de l'art du Moyen-Age puisque se côtoient l'architecture romane de la chapelle Saint-Don, le roman tardif et les premiers balbutiements du gothique du nord de l'abbaye Saint-Amable et la gothique flamboyant de la Sainte-Chapelle connue aussi pour ses verrières. L'église Notre-Dame-du-Marthuret est l'exemple le plus septentrionnal du gothique languedocien et conserve la statue de la Vierge à l'oiseau. En ce qui concerne l'architecture civile, de rares vestiges de baies ou d'arcatures permettent d'imaginer quelques belles demeures de pierre. Quant à la maison de bois, elle est le seul témoignage de ce type d'habitat médiéval disparu lors des incendies de la fin du XVè siècle.

La Renaissance est marquée par un renouvellement du bâti après les tremblements de terre et les incendies du XVè. Les hôtels particuliers, construits en pierre de Volvic sur un parcellaire en lanière, encore médiéval, offrent à la noblesse de robe et à la bourgeoisie un cadre de vie agréable avec les jardins. Le soin apporté au décor des cours, et parfois des façades, témoigne de l'essor urbain. C'est ainsi la cas de l'hôtel Guymoneau avec son Ascension et ses vertus cardinales, de la maison dite " des consuls " avec ses médaillons et, plus tardivement, de l'hôtel Arnoux de Maison Rouge avec les cuirs de ses oculi. La condition privilégiée de ses commenditaires s'affirme dans l'ampleur des proportions comme à l'hôtel de Cériers ( actuel Hôtel-de-Ville ). Tandis que le quartier Saint-Jean révèle un habitat plus modeste lié à la tannerie avec la maison dite d'Antoine Pandu et la maison de l'artisan.

Après la grande peste de 1630, les rues s'animent et s'amaillent de fontaines : fontaine d'Adam et Eve. La bourgeoisie enrichie accède à la noblesse de robe grâce au système de la vénalité des charges et construit des hôtels empreints d'une sobriété toute classique. Les chanoines de Saint-Amable dotent leur église de boiseries remarquables ( 1687 ).

Au XVIIIè siècle, l'initiative des particuliers est déterminante dans l'évolution du paysage urbain. Selon leur fortune, ils édifient des demeures entre cour et jardin sur le modèle parisien comme l'hôtel Dufraisse du Cheix ( actuel musée Mandet ) ou se contentent de refaire la bâtiment sur rue comme à l'hôtel Arnoux de Maison Rouge. Cependant, dans la plupart des cas, de faux murs gouttereaux sont plaqués sur les pignons. Ils masquent ainsi les structures et se déploient au long des rues tel un décor de théâtre.

A la Révolution, la ville perd son titre de capitale. Supplantée par Clermont, Riom, désormais sous-préfecture, vit repliée sur elle-même. Mais au cours du XIXè siècle, comme pour montrer l'enracinnement de la justice dans la ville, on choisit Riom ( 1804 ) pour la construction de la Cour d'Appel sur l'emplacement symbolique du palais ducal, lieu du pouvoir et des tribunaux depuis François Ier. Pour ce bâtiment ( 1824 - 1848 ), l'architecte Degeorge, élève de Percier, s'inspire des palais romains de la Seconde Renaissance et notamment du palais Farnèse. L'ensemble qui intègre la Sainte-Chapelle, est le seul grand chantier du centre ancien où les maisons du XIXè siècle sont rares. Elles s'élèvent à l'ombre des arbres sur la couronne des boulevards. Dans les quartiers Est, la manufacture des tabacs ( 1883 ) présente un bel exemple d'architecture industrielle. La seconde moitié du siècle voit aussi la fondation du musée ( 1859 ) par Francisque Mandet qui constitue avec la Société des amis du musée une intéressante collection d'amateurs.

Le début du XXè siècle porte l'empreinte d'Etienne Clémentel ( 1904 - 1935 ) avec la restauration de l'Hôtel-de-Ville, la construction de la poste ( 1913 ) et de logements sociaux tels que la cité Clémentel ( 1933 ).

La ville d'aujourd'hui fait face à son extension et parallèlement à cette urbanisation, le secteur sauvegardé conjugue protection et mise en valeur. Ainsi, l'intervention dans les quartiers Nord dotés d'infrastructures sportives et de loisirs en liaison avec la création du lycée Marie Laurencin ( 1990 ) se double du maintien d'une vie scolaire en centre ancien avec la réhabilitation du collège Michel de l'Hospital ( 1992 ) dans l'ancien collège de l'Oratoire.

Les Musées d'Auvergne ( 1969 ) et Mandet, rénové et agrandi en 1983, lui permettent de jouer un rôle dans le paysage culturel régional. Elle accueille aussi des créations récentes que ce soit dans les structures culturelles, fonds de reliures et d'arts décoratifs contemporains ou dans la ville, Porte de Rougemont ( 1997 ).


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