Transmusicales : Laurent et Alban narrent Lilea

Lilea Narrative, c’est Laurent, gueule de taulard gentil comme un agneau (photo), et Alban, VJ inspiré qui a su s’imprégner de l’univers dark du bricoleur de sons caennais. Rencontre il y a quelques jours au Confort moderne, à Poitiers, avant leur passage aux Trans.

Comment s’est monté ton projet au sein de Purée Noire, le collectif auquel tu appartiens ?

Laurent : Ça s’est développé, comme tu le dis, en se frottant au collectif Purée Noire que j’ai rencontré il y a cinq ans. Ça faisait des années que je « bouinais » dans mon coin. Je suis rentré chez Purée Noire quand ils ont décidé de faire un graphzine et une compil avec leurs groupes et les invités, dont je faisais partie.

J’ai développé le côté musique, mais le collectif ne s’arrête pas là, ils font aussi de la production de disques par exemple. C’est assez éclaté musicalement ; cela va du breakcore au choses plus électro hip-hop, comme moi.

Buffalos Stance (feat. Tes)

« Nouvelle Chair » est ton premier album, mais ça fait dix ans que tu fais de la musique. Pourquoi as-tu attendu tout ce temps ?

J’ai mis 10 ans à développer cette idée. Au départ, ce n’était pas électro hip-hop comme aujourd’hui. Aujourd’hui, tout part de mon ordi, avec les claviers. Toutes les parties musicales sont jouées, j’utilise pas de samples musicaux. Je m’en sers seulement pour les voix de films.

L’utilisation du cinéma dans tes compos, c’était un passage obligé ?

Ça m’intéresse. Je viens du ciné, ce basculement vers la musique me plaît. Les voix des nanas des films noirs des années 40 me parlent beaucoup.

 Désir Urbain

Alban (VJ) a intégré le projet Lilea Narrative. Comment s’est passée votre rencontre ?

Alban : On se connaît depuis la fac, on a bossé tous les deux sur Purée Noire. Il y a deux mois, on s’est dit : « Pourquoi ne pas faire quelque chose à deux » ? Et ce soir, c’était notre première date !

Laurent : j’étais tout seul dans le projet, je voulais mener une réflexion sur l’aspect scénique. Il fallait l’étoffer. Et c’est encore en cours.

Tu t’imagines avec des musiciens sur scène ?

Je ne sais pas. Mais je n’ai pas envie que le live se résume à un disque qui tourne tout seul. Il faut que les gens puissent voir quelque chose de différent. Moi, les machines sur scène, c’est pas ce que je kiffe.

Tu laisses une carte blanche à Alban pour les vidéos ?

A. : Non, au début on a beaucoup discuté. On a trouvé des lignes tous les deux, notamment l’aspect noir et blanc ou bicolore. Laurent aide par ses dessins, car il connaît bien la vidéo aussi. Plus tard, on aimerait aller vers l’animation. C’est quelque chose qui est en mouvement.

On parlait de vidéo tout à l’heure. Un clip a récemment fait un carton, c’est D.A.N.C.E., de Justice. Vous en pensez quoi ?

Alban : ce genre de clip est magnifique graphiquement, tout comme celui de Wax Tailor, Positively Inclined, qui est dans le même esprit. Mais pour cet exemple, je trouve que le clip n’est pas accordé à la mise en scène. La vidéo doit apporter un truc en plus, mais pas prendre toute la place. Pour Justice, c’est hyper abouti et ça correspond bien à leur délire.

Les histoires des clips de wax Tailor, tu ne trouves donc pas ça forcément très approprié…

Moi ça ne m’intéresse pas. Il reprend beaucoup de samples de films de Jacques Tourneur, qui faisait des films fantastiques dans les années 50, avec trois francs six sous. Ce mec-là était un génie, et ce qui est intéressant pour nous c’est de reconstruire le film en 5 minutes, avec les éléments qui viennent de la musique de Laurent.

On parle souvent de toi de musique noire à propos de Lilea Narrative. Ça te plaît ou pas?

J’ai pas l’impression de faire une musique de déprimé, même si c’est pas super happy. Parfois j’écoute Portishead, je trouve ça terrible mais ce n’est pas pour autant la teuf.