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Qu'est-ce qu'un parti politique?

Publié le 23 avril 2010 par Chacalito

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J'ai ouïe dire qu'on me reprochait de temps à autre de "défendre ma chapelle", de "servir le parti". A ceux-là, je dis oui. L'UDB, c'est mon couteau Suisse, l'outil que je trouve le plus efficace pour prôner nos idées et le prisme de lecture le plus juste selon moi (en ce moment). Ce couteau Suisse, je le porte entre les dents puisque c'est l'image d'Epinal qui ressort dès lors que l'on prononce ce mot "parti" (voir image)! Défendre ma chapelle, c'est exactement ce que je fais car en me mettant au service du parti, c'est avant tout au service des idées que je dédie mes actions. "Seules les idées comptent" écrivais-je en juin 2007 sur ce blog (ici) et je le pense toujours.

J'aimerai écrire cet article pour expliquer aux sceptiques ce qu'est un parti politique. Car il est clair qu'en France (et la Bretagne ne fais pas exception même si le tissu associatif est important), la politique a très mauvaise presse.

On oublie souvent de le dire, un parti politique, c'est d'abord un lieu où des gens qui partagent les mêmes sensibilités se réunissent pour élaborer un programme commun. Il n'y a donc, selon moi, pas 15 façons de "faire de la politique":

1. Etre à plusieurs car on ne bâtit pas un projet de société seul.

2. Ecouter les attentes.

3. Avoir de l'imagination pour proposer des actions qui répondent aux attentes.

4. Convaincre que son système de pensée est pertinent.

Un parti politique, c'est aussi un vocabulaire. Si nous utilisons toujours le terme de "jaconisme", c'est parce que la vie politique française est toujours sous l'influence des courants révolutionnaires de 1789. Un peu périmé pour certains, mais je rappelerai tout de même que la République dans laquelle ils vivent est issu de cette Révolution. 

Pourtant, les partis politiques sont assez récents finalement. Avant la fin du XIXème siècle, des groupes d'influence étaient constitués autour de personnalités fortes (certains me diront, ça existe encore!). Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, les partis sont un peu plus anciens qu'en France où le premier parti fut le parti radical en 1901 puis le SFIO en 1905. Complexification, on passe d'un système de plébiciste individuel (sur la base d'un homme) à celui de consolidation d'un projet autour d'idées et non plus forcément d'hommes. Evidemment, ça, c'est la théorie! Et c'est justement la dérive du débat publique en cours que je dénonce régulièrement, cette peopolisation progressive de la vie des idées. Les leaders ont toujours existé, mais ce qui est grave, c'est que l'idéologie se résume à eux...

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En France, les partis sont très mal vus. Sans doute les scandales, les exemples déplorables de certains hommes ou femmes politiques n'y sont pas pour rien, mais je pense que le quinquenat et la campagne permanente qu'il suppose n'y est pas étranger non plus (cela surévalue les ambitions). J'ajouterai à cela le capitalisme et l'apologie de l'individualisme, mais force est de constater que mon argumentaire n'est pas suffisant. Sinon, comment expliquer que nos partenaires du Plaid Cymru réunissent 8000 adhérents quand nous plafonnons à 700? Le Royaume-Uni est réputé plus libéral que la France, non?

J'entends d'ici les adhérents d'autres partis qui se tiennent les côtes de rire. Je leur ferai volontiers remarquer qu'aucun parti en Bretagne ne compte autant d'adhérents qu'un Plaid, un BNG ou un ERC: ni PS, ni UMP! C'est la même rengaine pour les syndicats. Les parades, ce sera le jour où l'une de nos formations sera capable de mobiliser des masses de gens comme en Catalogne ou au Pays Basque...

Le français est méfiant. Ou trop absolutiste! Il adhère le jour où un parti lui convient parfaitement, autrement dire jamais! A ce moment de mon article, il convient d'ajouter un petit mot pour ce que l'on appelle les "sympathisants". Ce statut est censé être transitoire, le temps de la découverte. Mais certains trouvent finalement qu'il est plus pratique de l'être: constamment courtisés et jamais obligés de quoi que ce soit. Pour ma part, je pense que la vie est faite de choix et que les non-choix ne font pas avancer. Ceci pour dire aux sympathisants (de quelques formations politiques que ce soit) qu'ils n'ont pas à avoir peur d'adhérer. Un parti n'est absolument pas une prison, c'est un lieu de créativité où la seule règle est de respecter la décision collective et la charte. Droits et devoirs, c'est ainsi que fonctionne la démocratie. Et si cela ne convient plus, on le quitte. Un parti, c'est un outil.

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Pour raconter un peu ma vie, je dois dire que je suis rentré à l'UDB en tout point d'accord sur la charte, mais pas sur les stratégies. Sauf qu'après 4 ans dans un autre parti breton, j'ai pu mesurer l'action concrête que j'avais réalisé. L'éternel recommencement a des limites. Au bout d'un moment, la question qui prime est: comment être efficace? Créer un nouveau parti? C'est toujours envisageable, mais il est très difficile de bâtir un réseau et d'acquérir une confiance. Cette solution n'est pas forcément souhaitable pour la cause que l'on défend non plus. L'Emsav le sait, mais c'est aussi le cas pour le Modem qui n'a pas su faire comprendre son intérêt. De trop nombreux partis ont peur d'assumer une idéologie et font de moyens des buts à atteindre. 

Me voilà donc "camarade", ce mot qui fait peur également alors que sa définition est si sympa. Un camarade est un compagnon avec lequel on partage une activité commune. Les mots qui lui sont associés sont "fraternité" et "solidarité". Il y a pire non? On est loin du stalinisme rassurez-vous! Il y a un fonctionnement interne, certes, mais comme dans toute vie en société. La liberté, ce n'est pas faire n'importe quoi! Etre libre suppose de savoir ce que l'on veut!

Bref, un parti politique, c'est un lieu où l'on peut causer d'abord. C'est aussi un lieu où l'on peut se former ce que beaucoup ont oublié. A ce propos, je ne partage pas l'idéologie communiste et pourtant, j'ai du respect pour le parti des anciens qui, à une époque, était une école de la seconde chance pour ceux qui n'avaient pas fait d'études. C'est aussi un lieu où l'on peut créer à condition d'avoir de la suite dans les idées ce qui fait défaut aux partis les mieux installés: beaucoup d'adhérents, mais peu de militants.

Certains ne comprennent donc pas que je sois contre des alliances sans queue ni tête (gauche-droite). Pourtant, c'est assez simple à expliquer: un parti politique représente une vision du monde, de même qu'une langue. Associer deux partis, c'est regrouper deux visions du monde qui peuvent être complémentaires ou qui, durant un moment, peuvent faire avancer dans la même direction. Mais en associer trop brouille le message politique, l'idéologie. Or, c'est bien l'idéologie qui est primordiale. L'autonomie ou l'indépendance (pour ceux qui le sont) ne sont qu'un moyen, pas une fin. Vouloir l'un ou l'autre sans projet derrière, c'est finalement se tromper de cible. Car les ennemis idéologiques sont la pauvreté, la pollution, l'uniformisation. Lutter contre ceux qui les portent d'accord, mais en se souvenant du pourquoi!

Pour conclure et rire un peu, je m'amusais à dire à ma meilleure amie que j'étais un "révolutionnaire légaliste". Je viens de trouver cette phrase sur wikipédia: "Pour les révolutionnaires et pour leurs héritiers, il n'existe de fait que deux partis légitimes : le progrès et la réaction". Je ne sais plus trop du coup! Tout dépend de ce qu'on met derrière le mot "progrès". Et moi, je ne suis pas sur que la mode des "mouvements", des "collectifs" ou de la "politique autrement" soit un progrès (voir ici)... pour moi, un chat est un chat, pas un quadrupède qui miaule!


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