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Rock da spot

Publié le 23 avril 2010 par Cloudsleeper

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Beaucoup de très bons disques ce mois-ci, principalement en provenance d'une Afrique métissée mais aussi de Belgique ou ce qu'il en reste avec The Peas Project qui font en funk ce que peu osent faire (ne les manquez pas sur la Grand Place de Bruxelles pour le Jazz Marathon le 28 mai!) ou encore Quentin Dujardin dont les guitares ont le don de mettre l'âme en repos. Chroniques à paraître dans le prochain Rif Raf qui paraîtra fin du mois. Soundtrack en fin de post.

Appel aux musicos: si vous êtes à la recherche d'un endroit public où jouer, venez au Java Bar (celui-là où je mixe tous les vendredis et samedis, situé en plein centre de Bruxelles à côté des Halls Saint-Géry) car le mercredi est dévolu aux jams et le jeudi aux concerts en tous genres. Contactez-moi via ce blog ou check it on Facebook. Le 29-04, je participe à un DJ contest dans le même coin, au Live Café, juste à côté de l'AB, 21h00... Sunsplash music of course!

The Peas Project

‘Power & Romance’

The Peas Project

Give it up for the Peas Project ! Sorte de big band diablement funky et habitué des scènes où ça transpire, les petits pois belges du funk n’ont cessé de grandir depuis leurs débuts en 2003. Du Jazz Marathon aux premières parties de Maceo Parker, en passant par le Couleur Café, voilà un parcours assez révélateur et qui a mis la fièvre à bien des spectateurs. Pour leur second album, on retrouve le groupe en grande ébullition. On y entend de la matière nouvelle et pour le moins inattendue : certes du funk et encore du funk mais moins organique et avec un son délibérément électronique. Partant de cette synthèse, on ne sera pas étonné d’entendre un Peas Project lorgnant vers un hip hop d’avant garde mais pas seulement. En plus de cette production réellement innovante, chaque titre est d’une originalité qui mérite plus qu’une ou deux écoutes : ‘Naked Truth’ trotte au son de kicks et de claps si cadencés qu’ils mènent tout droit à un refrain ska soutenu par leur terrible section cuivres jouant un air déglingo-balkanique éloquent. ‘The Romantic’ claque sur un rythme afrobeat futuriste témoignant que le groupe n’a rien perdu de son sens du groove tout en poussant la créativité vers des chantiers sonores vraiment audacieux et stylés. Bien peu sont ceux qui osent une telle mutation et elle est sacrément réussie ! On a hâte de voir et revoir ça sur scène. Et à ceux qui pourraient en douter, leur recette en live pour la transmutation du son en sueur est peu ou prou toujours la même : groove it to your body and dance ! (jd)



Quentin Dujardin

‘Impressionniste’

Agua Music

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Passer près d’une heure en compagnie de la musique de Quentin Dujardin, c’est une heure hors du temps, c’est un moment singulier où l’on se soustrait à tout ce qui nous alourdit. C’est le pouvoir de sa guitare et ses compositions : elles vous élèvent. Rien de high, rien d’artificiel. Juste quelques notes suspendues aux cordes de ses guitares et tout ce qui fait la différence d’un musicien qui fait corps et cœur avec son instrument. Sur chacun des titres de ce très beau ‘Impressionniste’, le ressenti de Quentin Dujardin est palpable : il s’écoule des doigts, il s’égraine ou il glisse, selon le mode d’expression qui lui siéra le mieux. Mais aucune de ces mélodies ou de ces airs ne vont s’imposer à vous de façon racoleuse. Il faut prendre le temps de s’asseoir, d’écouter sans rien d’autre à faire et de se laisser finalement emporter. Passant d’un monde à l’autre, on découvre son imaginaire tissé avec rien d’autres que des guitares classiques, slide ou 12 cordes. D’une richesse émotive et picturale envoûtante, ces quelques instruments ainsi qu’un jeu fluide et pur suffisent à créer un univers musical tout à fait unique. À peine quelques percussions et l’harmonica de Toots Thielemans viennent émailler certains morceaux. D’une façon plus dépouillée et sincère que jamais, Quentin Dujardin nous invite à partager tout en finesse ces mondes (et Dieu sait s’il a voyagé !) qui trouvent en lui une cohésion et une intériorité incomparables. (jd)


Dobet Gnahoré

‘Djekpa La You’

Contre Jour

On ne vantera jamais assez le travail remarquable fait par le petit belge Contre Jour. Infatigable défricheur de talents, c’est à lui qu’on doit la découverte d’artistes africains exceptionnels tels qu’Habib Koité, Gangbé Brass Band ou plus récemment, Afel Bocoum. Non content de présenter régulièrement des productions hautes en couleur et en qualité, Contre Jour assure suivi et développement de la carrière de ses artistes et ce troisième album de Dobet Gnahoré en est une excellente preuve. Son album précédent ‘Na Afriki’ avait été une révélation vocale et scénique (Dobet est également une danseuse à couper le souffle) et ‘Djekpa La You’ vient affirmer encore tout le talent de la jeune chanteuse ivoirienne. Toujours accompagnée du Français Colin Laroche de Feline dans le travail de composition (et sur scène), Dobet Gnahoré brandit sa voix dense comme l’ébène pour chanter toutes celles qui, à travers l’Afrique, lancent une mélodie, une berceuse, un élan vocal pour accompagner les tâches quotidiennes ou pour chanter leurs amours, leurs souffrances, leurs enfants, l’exil… Les guitares sont d’une belle volubilité et condensent bien des styles du continent pour habiller des chants d’une évidente africanité. Fière, généreuse et authentique, voilà une artiste dont tout le talent s’apprécie à chaque écoute du disque et plus encore sur scène lorsque vous la verrez danser ! Vous savez déjà où aller cet été… (jd)


Fredy Massamba

‘Ethnophony’

Skinfama

Pour son premier disque, Fredy Massamba réalise un fort beau coup : il porte le hip hop africain vers des directions nu soul, tout en restant éminemment ancré dans la puissante tradition vocale africaine. Il faut dire qu’il n’est pas un apprenti non plus car lorsqu’il faisait partie des Tambours de Brazza, il fit plusieurs fois le tour du monde et collabora de près avec Manou Gallo, Zap Mama ou encore Didier Awadi de Positive Black Soul. Originaire de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville), il possède son sujet depuis l’enfance, tout en ayant un pied dans la culture occidentale pour habiter l’Europe par après. Les beats sont d’une précision et d’une pureté qu’on trouve chez quelques grands artistes hip hop US. Ils permettent à Fredy de venir y poser sa voix qui oscille entre chant vif, poignant et un flow sans l’air d’y toucher. Sur chaque titre, elle est portée par des chœurs tout à fait sublimes. Sur quelques-uns, les arrangements font la part belle aux instruments traditionnels afin de mettre en avant leur sonorité spécifique. On a grand plaisir à écouter cette galette qui propose un hip hop qui, loin de tomber dans les poncifs du genre, vient le revivifier avec talent, classe et dignité. (jd)

Manou Gallo

‘Lowlin’

Zig Zag World/Igloo Records

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Troisième album de la bassiste ivoirienne basée à Bruxelles. Notre « femme de rythme » préférée avait sorti en 2002 et 2006 deux albums remarquables marqués par les slaps d’un funk brut et par une créativité vocale toute africaine. Suite attendue ‘Lowlin’, est davantage un album de chansons que de funk où la basse et le rythme seraient tout puissants. Plus intimistes, on sent que les titres ont pris leur temps pour maturer et on entend avec plaisir des compositions assez élaborées notamment au niveau des harmonies vocales qui sont particulièrement soignées. La présence de Marie Daulne et Sabine Kabongo (Manou est la bassiste de Zap Mama) sur certains titres y est sûrement pour quelque chose… C’est un album sur lequel Manou Gallo se fait également le plaisir d’inviter d’autres intervenants comme Khadja Nin et Baï Kamara pour de sympathiques duos. Avec un jeu de basse toujours aussi original mais plus en douceur, elle lorgne même vers le reggae (‘If You Need Some Time’) et le blues (l’excellent ‘Blouz’ où elle donne son interprétation du genre). Enfin, gros coup de cœur pour la chanson ‘Woya’ qui possède une mélodie mignonne comme tout et qui va vous dessiner un grand sourire tous les matins ! Imparable ! (jd)


&

Victor Démé

‘Deli’

Chapa Blues/Naïve

Il est tellement doué pour les petites chansons toute simple, tout en mélodie et en rythme doucement chaloupé, qu’il pourrait être le Manu Chao africain. La comparaison s’arrête sans doute là étant donné qu’ils n’ont pas vraiment le même âge, (papa Démé est un vétéran avec trente ans de carrière au Burkina Faso) et qu’il est capable d’écrire des chansons d’une grande profondeur. C’est dans cet esprit-là que s’ouvre son nouvel album : des chansons assez posées aux mélodies d’inspiration traditionnelle tout à fait abordables. Mais c’est un peu mou quand même. Pas du tout qu’elles soient mauvaises mais la succession de rythmes assez similaires vient susciter une certaine torpeur. Ce n’est qu’au cinquième titre qu’on a l’impression que l’album démarre vraiment. Et là Victor Démé se révèle être un virtuose du sur mesure : tout en ayant son style, il explore des nouvelles facettes de sa magnifique voix (tradition Salif Keita ou Mory Kanté), des rythmes nouveaux (angolais , country folk, un zeste de funk, des chœurs dont les mélodies ne sont pas sans rappeler les chants traditionnels hawaïens…). Tous ces arrangements sont d’une limpidité et d’une imagination admirable faisant de ‘Deli’ une réussite d’une grande authenticité approfondissant et dépassant ce que son premier disque laissait entrevoir. On regrettera juste certaines longueurs en début d’album. (jd)


Cibelle

Las Venus Resort Palace Hotel

Crammed

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Longtemps attendu après le brillant "The Shine Of Dried Electric Leaves", le nouvel album de Cibelle est à l’image de la pochette : un espèce de bric à brac sonore et mélodique où l’on retrouve avec grand plaisir la voix merveilleuse et enjouée de la Brésilienne. Voici comment elle nous explique ce curieux phénomène qui reste pour le moins hétéroclite: « ‘Las Venus Resort Palace Hotel’ où se produit Sonja Khalecallon (aka Cibelle) est le seul endroit resté intact après l’apocalypse. Sonja vous invite à plonger dans son monde sur fond de musique exotique mutante, une sorte de bande-son pour un cabaret tropical punk post nucléaire ». Cela correspond bien à son personnage mais permet surtout de mettre en scène tous ces titres pour le moins disparates : à la fois pop tropicale (‘Underneath The Mango Tree’ très hawaïen), electro dub angélique (‘The Man From Mars’ c’est le directeur musical de Bjork, Damian Taylor, qui a produit l’album), country folk (‘The Gun And The Knife’), cabaret bastringue (‘Melting The Ice’), les compositions vont dans toutes les directions. Je me demande cependant si Cibelle n’en fait pas un peu trop car à force de vouloir tout explorer, on a peine à retrouver la cohérence et l’élan qui avait fait de ‘The Shine Of Dried Electric Leaves’ un album remarquable. Il faut reconnaître que ‘Las Venus…’ comporte des titres très inspirés (le céleste ‘Sad Piano’ et cette superbe bizarrerie orientale ‘Braid My Hair’) et assez personnels même dans ses emprunts stylistiques mais il manque cette grâce que Cibelle nous avait offerte auparavant. On se consolera néanmoins sans trop de mal au son cette voix sémillante et on honorant la fête décadente à laquelle Sonja et tous les survivants du chaos nous convient avec spontanéité et de luxure. (jd)


&

The Baseballs

‘Strike’

Warner/Harder

Un grand éclat de rire me prend en écoutant les premières dizaines de secondes de cet album : une bande de jeunes red neck rockers jusqu’au bout des Santiags reprennent l’excellent, le fantastique ‘Umbrella’ de la non moins exceptionnelle Riahnna ! Et quand je dis rocker, c’est à la sauce fifties : voix angélique ou éraillée à la Elvis, petits solos féroces sur des guitares au son vintage, plus un type qui martèle le paino à la Little Richard, le tout pesé, emballé en même pas trois minutes. Eh bien ça dépote franchement car ils ont su insuffler à ces titres cette dynamite que contient tout titre digne de ce genre ! Bon sans doute faut-il aimer ce bon vieux temps du rock’n’roll mais ces gaillards de Baseballs savent y faire en énergie brute aussi bien que dans l’art de faussaire de produits les plus cheap : après ‘Umbrella’, c’est ‘I Don’t Feel Like Dancin’, le cupide ‘Don’t Cha’ des invincibles Pussycat Dolls et pour donner encore plus de change à Jay-Z, l’imbattable ‘Crazy In Love’ qui se retrouve avec une paire de coucougnette que ne déclinerait pas Beyoncé. ‘This Love’ de Maroon 5 est très habilement re-pondu en un chant de crooner genre ‘You Are My Destiny’ dont le chanteur du groupe se satisfera lorsqu’il en sera réduit aux tournées acoustiques des petits clubs de son pays. Pour finir, le groupe commet l’exploit d’exploser cet ignoble ‘The Look’ de Roxette ( !) en un tube rock’n’roll qui n’a pas d’âge, venant faire oublier à jamais la version originale. Saluons le talent de réinterprétation totale de ce trio allemand qui doit sûrement faire du VRAI rock’n’roll pas piqué des hannetons. I know, it’s only pop’n’roll but I like it… (jd)

Soundtrack


1. Jay-Z: 99 Problems (& the bitch ain't one)

2. Redman: Rock da spot

3. The Peas Project: Naked Truth

4. Rated X: Let's Fuck

4. Rouge à Lèvre: Gash

4.Foreign Beggars: Contact

4. Manou Gallo: Woya

5. Max Romeo: One Step Foreward

6. Gregory Isaac : Mr Cop

7. The Jimi Hendrix Experience: Come On! (Let The Good Time Roll)

8. VV Brown: Quick Fix

9. Fujiya: Electro Karaoke

10. Holy Fuck: Super Inuit

11. Deliquent Habit: Tres Deliquentes

12. Junior Walters & The Allstars: Money (That's Waht I Want)

13. Tower Of Power: Only SO much Oil In The Gournd

14. BT Express: Shake It Off

15. James Brown: Get Offa That Thing


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