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Il y a-t-il du fun là-dessous?

Publié le 23 avril 2010 par Wilverge

Il y a-t-il du fun là-dessous?
Palmyra, Syrie.
Je pourrais vous parler de la ville de Palmyra, de ses ruines romaines en plein milieu du désert et de sa citadelle haute perchée sublime au coucher du soleil.
Mais en fait, ce qui m'a le plus marqué là-bas c'est Ashrine, Maha, Abdulah et toutes les autres qui je suis désolée d'avoir oublié leurs noms.
C'est qu'en Syrie, malgré parfois leur pauvre niveau d'anglais, les gens ne se gênent pas pour vous aborder. Même si après « Hello », « Where are you from? » et « What's your name? » ils sont à court, ils restent là à vous sourire. Aujourd'hui c'est un peu différent.
Au pied de la citadelle, nous avons rencontré Ashrine, qui nous a si gentiment, et avec beaucoup d'insistance, invité à souper chez elle avec ses sœurs, sa mère et un couple de Montréalais avec qui nous discutions déjà.
On hésite, elle nous fait les yeux doux et nous demande ce que l'on veut manger.
C'est un peu gênés que nous acceptons. Elle invite aussi ses copines. Nous serons sept de plus à leur table ce soir. Je m'informe à savoir si sa mère est d'accord, elle me répond « malesh! » (pas de problème!) de son large sourire.
Il y a-t-il du fun là-dessous?
Nous prenons tous place au salon. Il y a Ashrine et ses cinq sœurs, leurs amies, Abdulah le petit frère de neuf ans qui m'a déjà, à l'heure qu'il est, demandé en mariage et leur mère, Maha, trente-sept ans et heureuse propriétaire d'une famille de huit enfants. En faisant un calcul rapide, ça semble impossible étant donné que sa fille aînée a vingt-cinq ans mais, elle nous apprend qu'elle s'est mariée à treize ans et a eu son premier enfant la même année!
Mon esprit occidental est sous le choc. J'ai du mal à y croire malgré que ce soit vrai. Elle a épousé un homme de treize ans de plus qu'elle et s'est lancée dans la vie conjugale bien jeune.
Aujourd'hui, elle est toute souriante et s'amuse comme une gamine avec ses nombreuses filles.
Ça ne prend que quelques minutes pour que l'atmosphère se réchauffe, que les plats délicieux s'accumulent sur la table et que les fous rires éclatent. Seulement deux des filles peuvent discuter en anglais. Pour le reste, c'est le langage des signes et l'aide de Aditya et Alexis, nos nouveaux amis de la métropole qui se débrouillent plutôt bien en Arabe.
Le narguilé fonctionne à fond de train enfumant la pièce d'un arôme de pomme. Les plus jeunes sélectionnent ce qui me semble être de la musique pop arabe et nous invitent à nous trémousser. Encore une fois, il est impossible de leur dire non.
Elles nous apprennent des mouvements bien à elles, Maha se joint à nous et même Will se laisse entraîner. La température monte à la même vitesse que le rouge sur mes joues. Will dit se sentir comme un shawarma ce qui fait bien rire son public.
« - Un café?
- Euh non merci, il est vingt-trois heures, je ne pourrai pas dormir…
- Oui, oui, vous ne pouvez pas refuser, de toute façon personne ne va dormir tout de suite ! »
Et c'est parti pour un café turc bien corsé et aromatisé à la cardamome. Vivons l'expérience jusqu'au bout.
Puis c'est le moment typique fille. Parlons maquillage, coiffure et vêtements! Elles m'invitent dans leur chambre pour me montrer leurs cheveux et me confectionner un hijab digne d'une vraie musulmane avant de retourner auprès des deux hommes.
Il y a-t-il du fun là-dessous?
Il est pratiquement minuit, la fatigue prend tranquillement le dessus sur les voyageurs tandis que du côté syrien, rien ne semble les épuiser. Nous décidons de prendre congé de nos hôtes qui aimeraient bien nous garder pour la nuit, il ne faut tout de même pas abuser des bonnes choses.
C'est déçues qu'elles nous reconduisent à la porte avec la promesse de revenir les voir si nous revenons à Palmyra.
De notre côté, on repart avec le sourire. L'absence du père de famille a permis à Will d'expérimenter le côté féminin de la vie musulmane. Je ne suis pas certaine qu'autrement il aurait été convié à un vrai party de jeunes filles à saveur du Proche-Orient.
Il y a-t-il du fun là-dessous?
Encore une belle expérience authentique que nous devons aux Syriens si accueillants et généreux. Entrer dans le cœur des familles est, à ce stade-ci du voyage, beaucoup plus intéressant que visiter des ruines…
Alors pour répondre à la question du début, oui, il y a du fun sous ce voile et plus qu'on ne le pense!
- Nad toussant son narguilé.


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