C’est du haut de ce promontoire que furent trouvées les premières traces de civilisation de la ville, le Rocher étant depuis l’antiquité un lieu de refuge d’où l’on pouvait se mettre à l’abri des agressions du fleuve et des ennemis en temps de guerre. Lorsqu’on consulte les documents anciens sur l’histoire d’Avignon, on constate qu’il a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour cesser de lutter contre les eaux de façon permanente. Et même encore aujourd’hui, il arrive que des dispositifs de dernier recours soient mis en place pour empêcher le Rhône d’envahir la ville basse.
À l’époque romaine, ici, se trouvait un castrum. Au
XIe siècle, ce château devint la maison du comte, puis celle du
vicomte, puis celle de la commune. On construisit une chapelle à côté du
château. En 1618, l’ensemble prit le nom de Fort Saint-Martin. On en fit une
poudrière qui sauta un soir d’orage en causant des dégâts considérables au
Petit Palais et aux maisons voisines. Après ce désastre, seule une croix
couverte fut construite sur le Rocher ainsi que des moulins à vent. Ceux-ci
figurent sur le plan de référence de 1618 et sur
plusieurs dessins ou peintures anciennes.
Sur les parois rocheuses, deux carrières de pierre pour
la construction et pour les fours à chaux fonctionnaient. Puis, ce Rocher
devint très vite un lieu de promenade et les visiteurs étaient nombreux qui
voulaient admirer la vue sur le fleuve, le fort de la ville d’en face et les
montagnes provençales. Alors, dès 1754, des rampes furent installées depuis la
place du Palais pour faciliter la montée vers le Rocher et en 1830, des
personnes furent embauchées pour faire de ce gros caillou un jardin anglais.
Des mètres cubes de terre végétale ont été amenés ici dans cette intention. Une
pompe à vapeur fut nécessaire pour l’arrosage. Elle remplaça les provisions
manuelles effectuées à l’aide de tonneaux. Certaines semaines d’été, il fallait
plus de 40.000 litres d’eau pour hydrater les plantes et les fleurs.
Des
rues, où les seuls véhicules qui y circulent sont ceux des services et
le petit train touristique, permettent la promenade sur ce grand jardin
avignonnais; elles ont pour noms: Montée des Moulins, Montée
Notre-Dame, Montée des Canons et Escaliers de Sainte-Anne.