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A bâtons rompus avec … Gaëtan Levêque, artiste circassien

Publié le 24 avril 2010 par Lorraine De Coeur

Gaëtan Levêque, photo MC Poirier

Il est à l’affiche d’un spectacle de cirque contemporain dont la création à eu lieu en septembre 2009 à Châteauroux et qui vient d’être présenté en région parisienne où j’ai pu assister à la dernière représentation.

Je l’avais rencontré l’été dernier alors que la troupe en était au stade des répétitions, me promettant de faire le portrait de cet artiste peu ordinaire, d’origine lorraine bien évidemment.

Il voulait vivre en groupe, voyager, ressentir la décharge d’adrénaline qui accompagne l’exploit. Il aurait pu devenir sportif de haut niveau. Mais il a rencontré le Cirque Plume. Il a suivi ensuite les enseignements de Denis Novena , le patron de  la Compagnie O.S.E. CLOWNS (11, rue de l’embanie 54390 FROUARD tél  : 03 83 24 35 29) qui intervenait déjà dans diverses MJC dans les années 70-80. Sa passion pour le cirque se forge au cours de ces stages et il décide d’en faire son métier. Denis Novena l’incite alors à présenter le concours d’entrée à la prestigieuse école supérieure des arts du cirque de Châlons-en-Champagne.

Le concours est difficile car la sélection se fait d’abord sur dossier. Parmi les 500 à 800 postulants 200 sont retenus qui disposent de 4 week-ends pour convaincre  les professeurs. 40 sont alors sélectionnés. 20 seront gardés.  Il y a travaillé à peu près toutes les disciplines la première année avant de choisir de se spécialiser dans les portées acrobatiques et surtout le trampoline.Gaëtan Levêque, photo MC Poirier

C’est à l’école des arts du cirque qu’il a rencontré Clochette, Marlène, Sylvain et Marc avec qui il a fondé le Collectif A.O.C. il y a déjà dix ans, en mars 2000. Le mot « Collectif » synthétise les choix que la compagnie a faits. Si chacun a un rôle qui lui est plus familier aucun n’est patron et quand ils accueillent des artistes invités ils sont tous sur le même pied d’égalité sur le plateau.

Choisir des disciplines aussi « sportives » s’accompagne de risques. Ils sont tous un peu « cassés » et doivent vivre avec quelques kiné ou ostéopathes. On ne compte plus les entorses, les disques écrasés et autres soucis, parfois tellement graves que la scénographie du spectacle doive tenir compte des handicaps. Il lui faudra un jour penser une reconversion, peut-être en tant que scénographe ou enseignant.

Né à Laxou, il a vécu dans une des plus longues barres d’habitation d’Europe, les Hauts du Lièvre, qui ont compté jusqu’à plus de 12500 habitants. Il habitait plus précisément dans la tour panoramique des Aulnes, haute de près de 100 mètres avant que ses parents ne déménagent à Toul. Aujourd’hui il vit dans le Gers, quand il n’est pas en tournée, dans une campagne plutôt isolée, sans école élémentaire, ce qui posera un problème quand son fils devra entrer au CP.

Être lorrain représente un esprit d’ouverture aux autres, pratiquer le sens de l’entraide, avoir la capacité d’insuffler du joyeux dans le quotidien. Il analyse ces aptitudes par les difficultés liées au climat, au travail, à la dureté de la vie. Il faut bien avoir le cœur sous la main et le sens de l’accueil pour équilibrer. Et l’équilibre c’est la spécialité de Gaëtan …

J’aime les petits villages lorrains, les lignes de vignoble de Toul, les champs de mirabelliers, la présence encore visible de l’armée … dit-il en évoquant les copains, les forts, la cote Bari, les avions Hoche. Cela me plait que les saisons soient marquées. L’été la Meuse est très belle et ressemble assez fort au Gers.

le chapiteau du Collectif AOC, photo MC Poirier

Avant de retourner sous le chapiteau Gaëtan me livre le fil conducteur du prochain spectacle dont le titre est Autochtone. Une histoire centrée sur des hommes et des femmes qui auraient été chassés par une catastrophe naturelle ou industrielle. Le collectif a fait appel à une chorégraphe pour rendre la scénographie cohérente, en mettant  du lien entre les déplacements et les regroupements. Il me promet de belles images comme celle d’un pécheur masqué qui extirperait de l’eau des objets portant la trace du passé.

Autochtone est un peu tout cela, avec une superbe composition musicale interprétée en direct et des numéros d’une poésie délicate. C’est bien cette alchimie qui séduit : que le cirque puisse lui seul apporter la dimension onirique qui va permettre à l’homme de supporter le monde quasi inhumain où il survit comme il peut, en gérant de son mieux les tracas quotidiens qui surgissent tout au long du spectacle de façon métaphorique, odeurs comprises.

Impossible d’oublier l’énergie de l’envol des massues, la beauté du numéro de corde de Fanny Soriano, ni Fabian Wixe au mât chinois, non plus que Gaëtan Levêque au trampoline, capable d’y sauter tant à la verticale qu’à l’horizontale. Moment de pur ravissement aussi que le long duo de trapèze de Marlène Rubinelli et de Marc Paretti.

Ne nous y trompons pas : il y a du soleil aussi dans ce cirque qu’on croirait très noir. Beaucoup d’amour également. Rien de plus normal puisque  trois couples sont sur scène en quasi permanence.

La tournée leur fera frôler les portes de la Lorraine : ils seront à Sarrebrucken (Allemagne) en tournée européenne au Festival Perspectives les 21, 22, 23 et 24 mai 2010 puis au Festival Furies, de Châlons-en-Champagne du 3 au 6 juin 2010.

Pour en savoir plus sur le Collectif AOC : www.collectifaoc.com

Vous pouvez lire la totalité du compte-rendu de leur dernière création en allant à l’adresse http://abrideabattue.blogspot.com/2010/04/auutochtone-du-collectif-aoc.html


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