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Chronic’Hosto

Publié le 08 février 2010 par Luxyukiiste
Chronic’Hosto

On est le Dimanche 7 Février. Comme certains l’ont probablement remarqué, cette dernière semaine a été embrumée par le brouillard de mon absence, tout simplement car, comme on ne peut pas être au four et au moulin, on ne peut pas être à l’hosto et sur son blog.

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Rapidement, rien d’inquiétant à l’heure qu’il est : les professionnels ont bien fait leur boulot, et je me vois prescrit un repos forcé du nerf sciatique et de ses alentours pour éviter d’autres douleurs et hurlements. Sans vouloir être moralisateur, j’aimerai dire une chose : si vous le maltraitez, votre corps n’aura bientôt plus besoin d’un porte-voix pour vous crier dessus. Il se manifestera d’une manière sèche, butée, déterminé à vous sortir une bonne fois pour toute la tête du sable. La bouffe de merde, les heures assis sur un siège, le sommeil distordu sont autant de trucs super marrants sur le moment qui ne se privent pourtant pas de préparer le terrain pour nos futurs achats de médocs et sessions de remise en forme. La geekerie et la santé, ce n’est pas trop ça.
Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : l’obsession hygiéniste qui anesthésie notre époque m’emmerde profondément, et en tant que français, je sais de quoi je parle : dans quel autre pays se sent-on autant coupable de manger sucré, salé, lourd, gras, de fumer, de boire, de prendre de la drogue et de larver sans compter ? Dans un pays au patrimoine alimentaire si fameux (vins, viandes, fromages), comment en est-on arrivé là ? Ca tombe bien, un de mes précédents articles apporte probablement un début de réponse. C’est aussi la fâcheuse tendance de l’Etat à savoir mieux que ses sujets ce qui est bon et mauvais pour eux qui est très agaçante. C’est un anti-libéral pur jus qui vous dit ça : autant dire que ça me fend le coeur.

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Cependant. Cependant, même si se faire plaisir semble devenir un véritable acte de résistance, il arrive un moment où le corps se fait entendre, et dans ces moments-là, il vaut mieux l’écouter.
Au cinéma, on dit parfois que les effets de caméra sont bien faits quand ils ne se font justement pas remarquer. En d’autres termes, la transparence d’une réalisation est le signe que tout fonctionne à merveille. Seuls certains réalisateurs, comme Lars Von Trier et son manifeste du Dogme, brisent ces règles en utilisant de faux raccords, en laissant les techniciens dans le champ, et autres facéties. Le corps fonctionne de la même façon : si tout va bien, il ne se fait pas remarquer (sauf pour aller aux toilettes) et libère l’esprit pour d’autres préoccupations. En revanche, s’il souffre, il tapera sur tous les murs pour que vous ne puissiez plus l’ignorer et mobiliser votre attention sur autre chose. Serial Experiments Lain reste encore de la science-fiction : l’esprit ne peut pas être séparé du corps. Si votre physique est au plus bas, vous n’êtes vraiment plus capable de rien. A méditer… (par moi-même en premier lieu)
Et a part réfléchir sur ma condition, qu’ai-je fait durant cette semaine ? J’ai été très touché des appels, messages et visites de différentes personnes et ami(e)s, qui m’ont réchauffé le coeur et montré que j’étais entouré quoi qu’il arrive. J’en profite pour préciser que malgré mon couplet ci-dessus, j’ai beaucoup apprécié les diverses livraisons alimentaires faites par mes meilleur(e)s fournisseurs, car s’il y a une chose liée aux hôpitaux qui ne vole pas sa réputation, c’est bien la nourriture. Dans cet établissement, tout était parfait, l’accueil, le confort, les jeunes et jolies infirmières, mais les repas, je n’en parlerai qu’en face d’un boudin noir aux pommes trois étoiles. Pour tout dire : quand je serai riche.

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J’ai également lu. Mon père m’a ramené le dernier numéro de Chronic’art, que j’attendais pour découvrir les articles sur et autour de jPod, dernier livre de Douglas Coupland, auteur célèbre depuis Génération X, bouquin qui croquait la génération perdue née dans les années 70, après la fin de l’utopie hippie. Ici, l’intérêt du machin, c’est qu’il s’attaque à la génération geek (nous), à travers le quotidien de développeurs de jeux vidéo basés à Vancouver qui bossent sur un soft de skate. Le bouquin fait plus ou moins suite à Microserfs, paru en 1995, dont les « héros » étaient des programmateurs de Microsoft de la Silicon Valley. Paru en 2006, jPod arrive ce mois-ci sous nos latitudes grâce à l’éditeur Au Diable Vauvert. En feuilletant et en lisant le numéro, une réflexion m’est venue : Chronic’art est-il LE magazine de la culture web/geek/cvmj ? Après la critique de jPod, six pages d’interview cuisinent deux employés d’Ankama sur la vraisemblance du livre par rapport à leur quotidien de game designer. Plus loin, Pluto (ahah), dernier manga paru de Naoki Urasawa, auteur de 20th Century Boys, a droit à deux pages ; ensuite, trois pour la présentation de Jordan Thomas, game designer de FPS et auteur de l’inoubliable séquence du chef d’oeuvre de Cohen du premier Bioshock ; deux sur un bouquin relatant l’histoire de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook ; et enfin, deux pages d’interview de Thom Hulett, producteur de Silent Hill : Shattered Memories. Le tout au milieu d’articles littéraires et cinématographiques.

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Dans le cahier critique, Ashita no Joe est qualifié de fondamental de la culture japonaise, étincelant, indispensable, et Mushihime Sama Futari, de travail d’orfèvre sidérant. La rubrique fourre-tout qui précède les articles est appelée Warez : les Trésors cachés ressortent du placard le jeu d’aventure Shadow of Memories, et l’encart Click’n'Play présente Lukeywes1234, la dernière coqueluche des fous furieux de 4chan. Dans le passé, le magazine a toujours montré son intérêt pour la modernité informatique et technologique, et l’importance d’Internet : extraits de blogs, de forums, dossiers sur les réseaux sociaux, la robotique, les post-humains, les netocrates, la cybercriminalité, la science-fiction, les conspirationnistes… Côté loisirs japonais, on se souvient du dossier sur le survival horror, ainsi que des couvertures Rei Ayanami et Reki d’Haibane Renmei, qu’aucun magazine culturel généraliste n’avait jamais du oser jusqu’alors. Bref : malgré une légère tendance à se regarder écrire et des avis parfois nébuleux en matière de cinéma, Chronic’art est la publication reine des nerds et geeks à la recherche d’un traitement sérieux sur leurs sujets favoris.
J’ai aussi acheté le dernier Technikart. Benoit Sabatier, que j’aime bien car il est auvergnat comme moi, prétend que la seule chose qui manque à Lady Gaga, c’est de composer une chanson écoutable. Bon, on va dire que demain matin, quand je sors, c’est ses oreilles qui me remplaceront à l’hôpital…


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