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Liège-Bastogne-Liège, performance ou vrai repentir pour Vinokourov

Publié le 25 avril 2010 par Jeanpaulbrouchon

Il y a deux façons de commenter la victoire du kazakh dans Liège-Bastogne-Liège. L’exploit d’abord car indiscutablement c’en est un. Puis le repentir. Est-il véritable ?

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 L’exploit. Tous les meilleurs coureurs étaient sur la ligne de départ à Liège, devant le Palais des Princes Evêques, pour cette dernière classique printanière. Le grand favori était l’enfant du pays, le belge Philippe Gilbert. Il devait se défaire pour l’emporter des Contador, Valverde, Cadel Evans, Cunego, des frères Schleck qui tous adorent cette course et rêvent de la dominer au moins une fois dans leur carrière. Ils étaient tous prêts pour la féroce bataille qu’ils entendaient se livrer sur les routes escarpées des Ardennes belges.

La Doyenne est une vieille dame, née en 1892, qui s’apprivoise et ne se donne qu’après une somme d’efforts considérables. C’est la raison pour laquelle ce fut d’abord une longue course d’attente. Personne n’osant se découvrir au fur et à mesure que les multiples côtes étaient escaladées. Hormis bien sûr la traditionnelle échappée matinale au sein de laquelle figurait le français Maxime Bouet.

 Rien dans la Côte de Wanne. Rien dans la Côte de Stockeu au sommet de laquelle Eddy Merckx est statufié en raison de ses cinq victoires dans cette épreuve. Rien non plus dans la difficile Côte de la Redoute pourtant située à 35 kilomètres de l’arrivée. Ce n’est que dans la Côte de la Roche aux Faucons, à 20 kilomètres de l’arrivée que les ténors ont commencé à se découvrir. Andy Schleck suivi comme son ombre par Philippe Gilbert puis Cadel Evans, puis Cunego, puis Contador, puis Vinokourov, puis Voeckler ( peu récompensé au final par une 11° place), puis Ivanov et enfin Valverde et Kolobnev ont tour à tour secoué le peloton, émiettant celui-ci et le faisant éclater tel un fruit trop mûr.

Au final, c’est Kolobnev qui a pris les devants vite rejoint par Vinokourov. Les deux hommes se connaissent bien. Ce sont deux authentiques rouleurs. Kolobnev, déjà deux fois deuxième d’un championnat du monde savait qu’il avait une bonne chance de l’emporter étant réputé plus rapide au sprint que le coureur kazakh. Les deux hommes n’ont pas eu besoin de se faire de longs discours. D’ailleurs, ils n’ont entamé aucune conversationt. Leur collaboration était nécessaire pour aller jusqu’à l’arrivée sans se faire rejoindre. Ils ont vite pris leurs distances avec le groupe lancé à leur poursuite et c’est lorsque Philippe Gilbert a placé un contre qui ne fut pas couronné de succès que l’on compris combien ces deux coureurs-là étaient bien les meilleurs de la course aujourd’hui. Dans le long faux plat accédant à la ligne d’arrivée, Vinokourov, le plus frais et le plus puissant des deux accéléra une dernière fois pour vaincre une deuxième fois après son succès de 2005 dans cette épreuve, une victoire accueillie par une bordée de sifflets ( déception de la foule de ne pas voir Philippe Gilbert en vainqueur ou allusion aux affaires de dopage ? ).

Vinokourov et Kolobnev ont vraiment laissé alors une grande impression de puissance et de maîtrise en s’extirpant du groupe des favoris et en les distançant aussi rapidement. C’était vraiment du grand cyclisme digne de La Doyenne.

Maintenant la question qui se pose est la suivante : Vinokourov est-il un vrai repenti ?

Nul n’a oublié qu’il a trompé lourdement son monde lors du Tour de France 2007 en étant exclu à Pau pour dopage aux transfusions homologues entraînant alors son équipe Astana dans l’opprobre ( pas de Tour de France pour Astana en 2008 ).

La transfusion homologue à laquelle Vinokourov s’est soumis est l’un des systèmes de dopage le plus violent et le plus contraire aux règles du sport. Il s’agit de se faire transfuser du sang provenant… d’un tiers pourvu qu’il soit du même groupe sanguin. Ce procédé permet durant une quinzaine de jours d’améliorer le rendement du coureur d’au moins 30 %.

Vinokourov a été condamné à deux ans de suspension. Il a purgé ces deux années puisqu’il n’est revenu en compétition qu’au mois d’août l’an dernier en triomphant dans le contre la montre du Tour de l’Ain.

Tout auteur de fait délictueux a droit au pardon. Il en est ainsi dans toutes les sociétés modernes. Vinokourov a-t-il le droit au pardon ? Lui seul, le sait.

Pour l’Union Cycliste Internationale qui régit la course cycliste, la réponse est oui puisqu’elle a redonné sans discuter une licence à Vinokourov après sa suspension.

Il nous revient cependant en mémoire les propos de Dick Pound, alors président de l’Agence Mondiale Antidopage, après l’exclusion du coureur du Tour à Pau « Il faut mette en œuvre une tolérance zéro. J’ai proposé à plusieurs un plan à l’UCI. En vain ».

Pour l’heure, on ne voit pas les prémices de cette tolérance zéro même si des coureurs se font encore prendre la main dans le sac.

L’Union Cycliste internationale ne peut à elle seule éradiquer le dopage. Elle doit écouter les voix les plus autorisés ce qu’elle se refuse à faire.

Jean-Paul


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