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Fuck America, d'Edgar Hilsenrath

Par Clarac

Edgar Hilsenrath - Fuck America

Avertissement : Amoureux du langage châtié, s’abstenir de cette lecture.
Je ne sais pas comment parler de ce livre. Dérangeant, iconoclaste, voilà les premiers mots qui me viennent à l’esprit.
L’autobiographie occupe une place importante car Edgar Hilsenrath né en 1926 en Allemagne a connu les ghettos juifs avant de partir pour Israël puis pour New-York.
Ce livre commence par un échange de courriers en guise de prologue. 1939 : Nathan Bronsky, juif polonais vivant en Allemagne, demande pour sa famille un visa pour l’Amérique. La réponse du Consul Général des Etats Unis ne s’embarrasse pas de politesse ou de courtoisie : selon les quotas d’immigration, ils pourront venir en 1952, et en attendant, qu’ils se démerdent !
1952 : Jacob Bronsky, le fils de Nathan, est aux Etats Unis. A vingt-huit ans, il en fait déjà quarante, comme fatigué de son passé. Il survit grâce à des p’tits boulots minables dans un New-York sans strass et sans paillettes. Ici, on est à l’opposé du rêve américain. Dans des quartiers malfamés, clochards et putains se côtoient. C’est là que Jacob traîne avec d’autres immigrés. Il travaille quand il est vraiment fauché, il combine arnaques et mensonges pour manger à sa faim. Où est le héros gentil, vaillant et poli ? Pas dans ce livre. Obsédé par le sexe, Jacob aime les putes. Comme pour se souvenir ou se décharger du poids de l’Holocauste, il veut écrire un roman sur les ghettos juifs.
Nul besoin de fioritures ou de ronflants pour parler de la misère et de tous les laissés pour compte de la belle Amérique. Le tout est porté par des mots crus dans un langage direct. Moi qui ne suis pas très guillerette quand le langage est vulgaire, certains passages m’ont un peu déroutée. L’Amérique où l’argent et la réussite prévalent est stigmatisée. Ici, l’auteur a opté pour la vérité, aussi peu reluisante soit-elle. Quand il parle de la Shoah, il le fait avec des mots justes, et ça fait mal… Les pensées de Jacob vont de l’essentiel, comme à manger à sa faim, à des situations où il cherche sa place dans ce pays.
Un livre clash qui rend mal à l’aise. J'aimerais bien lire "le Nazi et le barbier" du même auteur.
« Avec le truc des toilettes, j’ai pu garder le tête hors de l’eau pendant une semaine.(…) Là, j’ai été à deux doigts de me faire prendre : quand, après le repas, je suis allé aux toilettes pour filer en douce, j’ai constaté que la fenêtre ne s’ouvrait pas. J’ai secoué comme un malade. En vain. J’ai commencé à taper sur le cadre à poings fermés, mais j’ai eu peur de faire trop de bruits. Bronsky, je me suis dit, essaie de voir aux toilettes pour dames. C’est ta dernière chance ».


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