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Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Par Cineablog

ESTOMAGO
Un film de Marcos Jorge
Avec João Miguel, Babu Santana, Fabiula Nascimento, Carlo Briani, Paulo Miklos, Zeca Cenovicz, Jean Pierre Noher
Genre: drame
Pays: Italie, Brésil
Durée: 1h40
Date de sortie: 19 mai 2010

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Nonato est un petit cuistot dans un restaurant populaire mais malgré son air un peu niais, il est le chef des Coxinhas, un plat très prisé dans le quartier. Il y rencontre Iria, une prostituée très gourmande avec qui il fricote contre de délicieux repas. Peu après il finit en prison où la hiérarchie est très stricte et impitoyable pour les faibles. Pour Nonato, qui n’a ni le courage ni la carrure, il va devoir trouver autre chose pour se faire sa place ; la cuisine. A partir de trois fois rien il va commencer par concocter des plats savoureux pour ses co-détenus et très vite Bujiù, le boss de la cellule, va le faire monter en grade et lui permettre de faire entrer clandestinement des aliments plus rares. Sa réputation ne tarde pas à faire de lui le chef es gastronomie de la prison et les festins se succèdent. Pourtant, ses camarades d’infortune n’ont aucune idée des charges qui ont conduit Nonato en prison…

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Comédie noire aux accents de comédie italienne de la belle époque, Estomago fait de la cuisine une allégorie sociale et sexuelle appétissante. De la banale histoire de la hiérarchie gastronomique à l’art de concocter les plans, Nonato est à la fois la figure de celui qui comprend le fonctionnement d’un système pour mieux s’en servir à son avantage. Ni costaud ni séduisant, il va pourtant se frayer son chemin sur la route sinueuse du succès, autant celui de chef cuisinier que celui de client privilégié (de la prostituée bien sûr !). Qu’il soit libre ou en prison, un même système régit la société, il y a ceux qui mangent et ceux qui sont mangés, sempiternelle morale de la loi du plus fort. Mais face à cette indiscutable morale, la force de l’esprit peut palier à la déficience physique. Estomago est une histoire de tripes, autant celles du ventre que celles du cerveau.

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Pour mieux appuyer son allégorie d’une société gloutonne, le cinéaste Marcos Jorge organise son film en deux récits parallèles dont l’un est le flashback de l’autre. A mesure que Nonato se fait sa place en prison, il monte en grade en tant que cuisinier. D’un côté il doit séduire ses co-détenus pour être dans leurs petits papiers, de l’autre il doit séduire sa prostituée avec de bons plats pour obtenir crédit. L’un comme l’autre, il s’agit de profiter des petites gâteries de la vie. Les acteurs sont admirablement choisis et leurs performances donnent souvent du piment aux scènes. L’on peut juste regretter quelques longueurs ici et là qui nuisent au tempo de la recette mais l’essentiel est là, le film à bon goût et se savoure jusqu’à la dernière scène, véritable cerise sur le gâteau. La petite pirouette scénaristique rehausse le tout comme un fouet qui fait monter la crème.

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

Tourné il y a déjà plus de deux ans, ce film brésilien n’a pas manqué de se faire remarquer, notamment en remportant quatre pris au Festival du Film de Rio en 2007 et le Prix Spécial du Jury au Festival de Biarritz Amérique Latine en 2008. Estomago est pourtant le premier long-métrage de fiction de Marcos Jorge qui avait jusque là réalisé essentiellement des films documentaires tels que O ateliê de Luzia – arte rupestre no Brasil en 2004. Estomago est l’adaptation libre d’un court récit de Lusa Sylvestre sur le thème d’un cuisinier en prison. Le film poursuit la tradition de l’art de la table au cinéma, dans la lignée d’œuvres telles que La grande bouffe, Le festin de Babette, Festen ou encore Ratatouille. L’occasion de faire ici l’éloge d’une cuisine populaire qui ne manquera pas d’exciter les papilles des spectateurs sans pour autant perdre son palais amer au regard du final surprenant.

Estomago (Marcos Jorge, 2007): chronique cinéma

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