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La nudité, vous l'aimez comique ou fiévreuse ?

Par Tred @limpossibleblog
Dans « Friends », la sitcom américaine qui a accompagné mon adolescence, Monica, Chandler et les autres observaient avec dégoût mais fascination le « gros tout nu » qui leur servait de voisin. La pudeur et le comique de l’invisible faisait qu’on ne voyait jamais ce fameux gros tout nu. Ce week-end j’ai eu une réminiscence de ce fameux personnage télévisuel en découvrant une scène dans un film français au cinéma actuellement. Ce film, c’est Mammuth de Gustave Kervern et Benoît Delépine. La séquence en question est d’un aplomb monstrueusement drôle. Elle intervient alors que le long-métrage est encore furieusement drôle et rythmé.
La nudité, vous l'aimez comique ou fiévreuse ?Dans Mammuth, Gérard Depardieu incarne Serge, la petite soixantaine, qui voit devant lui se profiler une retraite dans son petit pavillon de province avec sa femme (Yolande Moreau) après avoir roulé sa bosse presque toute sa vie. Le problème, c’est que pour passer sa retraite tranquille en touchant l’argent qui lui est dû, il manque quelques justificatifs à Serge, qui va donc entreprendre de prendre la route à la recherche de vieilles fiches de paie…
La comédie sociale des figures emblématiques de Groland fonctionne à plein régime pendant une bonne heure, incisive, tendre et hilarante, enchaînant les moments de jubilation avec une aisance déconcertante. Depardieu y délivre sa performance la plus juste depuis des lustres. Le problème c’est que Kervern et Delépine ne parviennent pas à maintenir le cap de leur film sur toute sa longueur, perdant le contrôle dans la dernière demi-heure, semblant ne pas vraiment savoir où aller et comment conclure, oubliant le rythme, n’arrivant plus conserver le ton mordant, et le film s’achemine doucement vers un dernier acte mollasson très décevant.
Les compères enfilent tout de même suffisamment de perles niveau sketches pour laisser un bon souvenir à la sortie de leur film. D’autant qu’on n’est pas prêt d’oublier la fameuse scène, une scène qui est un peu à Mammuth ce que la séquence de poursuite à poil dans l’hôtel était à Borat. Bon les français vont bien moins loin que Sacha Baron Cohen, mais il y a ce même grain de folie et de stupéfaction dans cette séquence. Deux hommes, leurs jeunes années depuis longtemps oubliées (Gérard Depardieu et Albert Delpy, père de), nus sur un lit… se masturbant l’un l’autre. Si si. Sans déconner. Bon, Delépine et Kervern ont cadré le plan de façon à ce qu’on ne voit rien en dessous de la ceinture, mais tout de même, la crudité humoristique de la scène laisse pantois. Et hilare, évidemment, car voir ces deux vieux tout nus sur leur lit cherchant à atteindre l’extase comme lorsqu’ils étaient ado, c’est méchamment drôle.
La nudité, vous l'aimez comique ou fiévreuse ?Plus tard dans le week-end, je n’ai pu m’empêcher de repenser à cette séquence. Pourtant lorsque ce fut le cas, j’étais devant un film d’auteur chinois, bien loin de la France profonde. J’étais devant Nuits d’ivresse printanière, le beau film de Lou Ye contant les atermoiements sentimentaux et sexuels d’une poignée de chinois de Nankin. Il y est beaucoup question de désir, et son assouvissement est montré à de nombreuses reprises à l’écran, quoi que cela n’ait rien d’étonnant de la part de Lou Ye. Le réalisateur est un habitué du cinéma vif, filmé dans la fièvre des corps et de l’instant. Les hommes et femmes de Nuits d’ivresse printanière n’y échappent pas, les hommes surtout. Deux triangles amoureux se succèdent devant la caméra de Lou Ye, à chaque fois, deux hommes et une femme, à chaque fois, le même personnage masculin en son cœur qui attise le désir masculin et la jalousie féminine.
L’ardeur et les sentiments sont palpables. Pour un film tourné clandestinement pour contourner la censure chinoise en générale, et en particulier l’interdiction de tourner qui frappe Lou Ye, la maîtrise scénaristique du film, qui a pourtant dû composer avec les restreintes constantes, est remarquable. Le centre du scénario évolue avec naturel, basculant d’un triangle à un autre avec un naturel remarquable. Les personnages glissent, mais l’amertume demeure, elle imprime inlassablement la pellicule, ne semblant capable de rendre les armes qu’après une séquence de toute beauté dans un karaoké qui laisse ensuite la place un bref instant à la possibilité du bonheur, bien illusoire et éphémère. Gris de cœur, Nuits d’ivresse printanière se libère lors de scènes de sexe fiévreuses habitées par le comédien Qing Hao.
A la fin du week-end, j’aurais tout de même eu l’impression d’avoir vu bien trop d’hommes se masturber sur grand écran. Même si concrètement on ne voyait rien, ça fait beaucoup pour un week-end. Heureusement que je ne suis pas allé voir Camping 2, je me souviens que dans la bande-annonce, Antoine Duléry s’y baladait à poil. Non merci Camping 2.

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