Vie sociale

Au départ, un auteur, Cyril Lemieux. J'apprécie (souvent).
Ensuite le titre d'un bouquin, qui associe deux mots qu'on n'a pas l'habitude de voir accolés l'un l'autre : devoir et grâce.
Enfin un tour sur le site de la revue Sciences Humaines, où le gaillard évoque son bouquin. Tout l'article est là. Sinon, j'ai noté cet extrait :

La vie sociale est faite de régularités très fortes. Si vous dites « bonjour », il y a de très fortes chances que l’on vous réponde « bonjour ». Mais il peut arriver que votre interlocuteur ne vous réponde pas. La vie sociale est moins faite de mécanismes que d’obligations, comme le dit Marcel Mauss : vous pouvez refuser le cadeau que l’on vous fait, mais vous vous exposez à des sanctions.


Je développe une vision assez durkheimienne : les gens agissent de telle ou telle façon, et les autres les sanctionnent. Soit négativement, par des punitions ou des châtiments…, ce que j’appelle des devoirs. Soit positivement, par des encouragements, des confirmations…, ce que j’appelle des grâces. Le titre de mon livre, Le Devoir et la Grâce, exprime cette vision qui n’explique pas tout par la contrainte, mais aussi par les sanctions positives qu’apportent les autres à notre action.


(...) C’est un point de désaccord que j’ai, bien modestement, avec la théorie de Pierre Bourdieu : elle décrit des individus trop sereins, pris dans des routines leur permettant d’agir sans y penser au sein d’un ordre social perçu comme naturel et légitime. Je crois que l’on est tous beaucoup plus inquiets que cela. Il y a toujours une vulnérabilité, une fragilité dans la façon dont l’on s’engage dans les situations. (...) Le modèle que je défends invite à lutter contre le fatalisme en évitant de déresponsabiliser les gens (« c’est la faute au système ») : il existe certes des contraintes, mais aussi ce petit jeu que j’ai évoqué, qui fait qu’ils peuvent contribuer plus ou moins à certains systèmes de domination, par exemple.