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Samedi 24 Avril à 20h45 sur ARTE : "Le déchiffrement du code Maya".

Par Ananda

Le documentaire se propose de conter une " aventure scientifique palpitante", le décodage (pour le moins ardu) de "la calligraphie des Maya".

Les glyphes maya constituent désormais "les seuls témoignages d'une civilisation" qui fut l'une des plus remarquables de l'histoire de l'humanité. Le territoire où elle s'épanouit était à cheval entre le sud du Mexique et une partie de l'Amérique Centrale.

Cette civilisation, outre qu'elle avait accumulé des "connaissances prodigieuses" en matière de mathématiques et d'astronomie savait créer aussi des "décorations éblouissantes" qui témoignaient du grand souci qu'elleapportait à l'esthétique.

Mais ce que ces Amérindiens possédaient peut-être de plus remarquable, c'étaient leurs hiéroglyphes (ou glyphes). On en a découvert des centaines de différentes sortes, tant gravés sur les monuments publics et sur des objets personnels que retranscrits sur d'étranges livres de papier d'écorce qu'ils pliaient en forme d'accordéon.

Cela fait deux siècles que les savants occidentaux se passionnent pour le "casse-tête" des glyphes maya.

Au moment de leur découverte, ces derniers représentaient un mystère total et le moins qu'on puisse dire, c'est que, pendant longtemps, ils leur donnèrent du fil à retordre.

Nombreux furent les curieux venus de tous les horizons qui se penchèrent sur ce véritable écheveau de complexité : des linguistes, des mathématiciens, des archéologues, des aventuriers même, que ce soit dans l'isolement, dans la collaboration ou dans la concurrence.

Après nous avoir appris que le calendrier maya était "vieux de plus de deux mille ans", le documentaire nous fait voyager vers le Guatemala où, nous révèle-ton, de nos jours encore, dans la campagne, ont lieu des céramonies au cours desquelles les "gardiens des jours", lointains héritiers des Maya anciens, brûlent dans de grands feux des offrandes destinées aux dieux ancestraux à des dates bien précises, déterminées par le comptage calendaire de l'âge maya classique; est, en particulier, en ces occasions, honoré le dieu de la Terre qui a droit à de l'encens que l'on fait brûler sur un autel pour s'assurer une bonne récolte de maïs.

Quid du peuple Maya aujourd'hui ?

Les Maya sont six millions, qui parlent une trentaine de langues différentes, vivent toujours de la culture du maïs et continuent de révérer les mots écrits, tenus pour "sacrés" ("les livres importants doivent être posés sur un autel").

Cependant, pendant de longs siècles, ce malheureux peuple fut coupé d'avec ce qu'il avait de plus précieux, "les archives écrites de leur passé extraordinaire".

Le pays Maya est "une région couverte d'une jungle immense".

Au 5ème siècle, ce peuple connut l'apogée de son époque classique : ce fut l'âge d'or des grandes cités-états de l'intérieur de l'Isthme de Panama : TIKAL, COPAN, PALENQUE, etc.

Vers le 9ème siècle cependant, cette brillante culture tomba en décadence; les cités ravagées par des guerres continuelles, finirent par être abandonnées pour toujours à la jungle, les Maya migrant vers la péninsule du Yucatan, où, fondus avec un autre peuple mexicains, les Toltèques, ils "rebondirent" (ils étaient vraiment géniaux !) en formant une nouvelle civilisation à structures monumentales (ex: Chichén Itza).

La toute première ancienne cité Maya à être découverte, dans l'état actuel du Chiapàs, par l"espagnol Calderon, fut Palenque et ce ne fut pas avant le XVIIIème siècle.

Là-dessus, un savant apparait sur l'écran, histoire de mettre un peu les choses au point en matière de décodage des glyphes : "ceux qui étudient les Maya ne peuvent pas tous se rendre sur place", "on doit pouvoir disposer [pour la démarche  de décodage], d'un corpus, à savoir de toutes les inscriptions existantes sur un site précis".

Les premières copies de glyphes à être réalisées furent celles d'un artiste, le peintre Waldeck qui, aussitôt, s'essaya au déchiffrement. Sans doute emporté par son imagination de créatif, il se mit à interpréter les motifs à sa guise et sa démarche, ça va de soi,, ne conduisit pas bien loin.

Ce qui n'aida pas davantage, par la suite, à mesure que d'autres sites maya étaient peu à peu mis à jour, ce fut l'état "dégradé" des monuments où l'on retrouvait les glyphes, ainsi que les "formes déroutantes" qu'offraient ces derniers; en raison de sa "complexité extrême", ce système d'écriture des anciens Maya était hérissé de "difficultés" qui décourageaient toutes les tentatives, les efforts en vue d'un déchiffrement.

Le système, certes, possédait des "règles strictes", amis cela ne l'empêchait pas d'être largement ouvert à la "créativité des scribes" de l'époque.

Alignée en colonnes, l'écriture maya s'écrit et se lit "de gauche à droite et de haut en bas".

"Un signe peut être abstrait ou concret, inséré dans un autre, deux signes peuvent fusionner, un signe est susceptible de figurer un personnage entier"...en bref, on ne s'y  retrouve plus !

Dotée de "possibilités combinatoires énormes", l'écriture de ce peuple est d'une "richesse graphique colossale".

La "grande latitude artistique et ludique" des scribes y fut, sans doute, pour beaucoup.

Ceux qui s'attaquaient à ce casse-tête, en fait, se cassaient les dents.

Par bonheur, l'invention de la photo permit à l'Anglais Motsley de se lancer dans une "entreprise inouïe", qui fut génératrice de progrès. Les photos prises des glyphes permirent de constituer le "premier corpus systématique des inscriptions Maya", chaque hiéroglyphe se trouvant rendu "dans le moindre de ses détails".

Et les livres Maya, quant à eux ?

Eh bien , ils permirent au déchiffrement de commencer antérieurement aux photos de Motsley (qui, elles, ne concernaient que les monuments).

Cortéz lui-même captura plusieurs de ces livres-accordéons dans des demeures indigènes situées sur la côte. Mais ces livres se trouvèrent égarés dans les années de conquête espagnole qui suivirent.

La conversion contrainte et forcée des Maya au catholicisme eut pour effet la disparition rapide de leur écriture.

En 1560, un moine espagnol nommé Landa publia un compte-rendu intitulé "La Relation des Choses du Yucatan". Ce même Landa fut aussi celui qui s'appliqua méthodiquement à réprimer chez les Maya les croyances ancestrales demeurées vivaces. C'est ainsi que les autodafés se succédèrent, assortis d'une prohibition pure et simple de l'écriture autochtone, en sorte qu'au XVIIIème siècle, cette dernière était totalement éradiquée.

"Des centaines voire des milliers de livres Maya furent brûlés".

Ne subsistèrent, à la fin de ces ignobles entreprises, que trois Codex : le Codex de Dresde, le Codex de Madrid et le Codex de Paris, auquel vint, bien après, s'ajouter le Codex du Mexique, trouvé en 1960.

Ce sont, hélas, là, les seuls exemplaires qui soient "parvenus jusqu'à nous" à ce jour.

Au XIXe siècle, à partir du Codex de Dresde, eut lieu la "première percée", "le début du déchiffrage", par Constantin Rafinel. Rafinel se livra à des "déductions d'après le contexte". Constatant que des représentations connues (le dieu de la Mort, le dieu du Maïs, le dieu du Soleil) étaient toujours couplées avec un glyphe distinct, il en déduisit le nom que les Maya donnaient au dieu concerné.

Par la suite, l'Allemand Ernst Fustermann réussit à "pénétrer l'esprit des Maya" grâce au même Codex de Dresde. Pour ce faire, il s'attaqua au système calendaire des Indiens. Ce génie mathématique mit en oeuvre "une analyse minutieuse", qui lui permit de comprendre que "les Maya organisent les nombres en colonnes commençant par les unités", que leur système numérique est "basé sur 20 et les multiples de 20" (et que, donc, il permet "la manipulation de très grands nombres") et qu' "une partie du Codex est une précision d'éclipses et figure les cycles de la planète Vénus". Il constata que "de nombreuses pages sont des almanachs divinatoires" ayant pour but "le repérage des époques propices à chaque activité". Il détermina également le "comptage du temps maya" (trois cycles imbriqués, l'un de 365 jours, l'un de 20 nombres et l'un de 13 nombres, les cycles se répétant sans cesse). Pour finir, il repéra "une date très ancienne", "une référence du mode Maya", "la date de création du monde". Ladite date ouvre sur un système de datation baptisé "compte long", que l'on retrouve figuré sur les stèles.

Ce fut à Goodman qu'il revint de préciser cette fameuse "date de la création" : le 13 Aoùt 3114 avant notre ère !

Les glyphes véhiculent, en fait, trois" thèmes récurrents": "le calendrier, l'astronomie et les dieux".

Dans les années 1930, Eric Thomson réussit à établir un "système méticuleux de classification", qu'il accompagna d'une "étude ethnographique de grande ampleur". Cet homme, véritable puits de connaissance pour tout ce qui se rapportait au monde maya, devint, en la matière, ce qu'on appelle une "référence".

Pourtant, a posteriori, on s'aperçut qu'il ignorait bien des "aspects fondamentaux" de son sujet. Un exemple : conditionné par son expérience traumatisante de la guerre des tranchées, il tenait à tout prix à voir en les Maya un "peuple pacifique". De même, se trompait-il sur les "glyphes qui venaient à la suite des dates". Son action, ainsi, ne fit pas perdre le moins du monde à cette écriture son "caractère indéchiffrable".

Il fallut attendre l'Américaine Tatiana Proskuriakov, une expert-géomètre qui, se rendant sur le terrain, à la frontière entre le Guatemala et le Mexique, travailla une vingtaine d'années pour le compte de la Carnegie Institution. C'est à Proskuriakov que nous devons tous les grands dessins de référence en matière de représentation de nombreux sites Maya. En 1958, elle étudia les débris d'objets de jade qui étaient entreposés aux U.S.A, au Musée Peabody.

Proskuriakov mit sa "grande logique" au service de son "intérêt pour les bas-reliefs" : en les classant par dates d'après photos, elle se rendit compte que les Maya plaçaient, tous les cinq ans, une stèle devant un de leurs temples. Sur les dites stèles, elle identifia "des dragons célestes portant le dieu et des victimes sacrificielles" mais ce n'est pas tout : son attention y fut attirée par deux glyphes caractéristiques : le glyphe connu sous le surnom de "rage de dents" dont elle vit qu'il correspondait à la naissance d'un individu, et le "glyphe du reptile" qui, lui, marquait la date de montée sur le trône du même personnage. De la sorte, la chercheuse put  faire le constat que les stèles avaient pour fonction de désigner des "rois intronisés entre douze et trente et un ans". Son intuition, ensuite, fit le reste : elle devint convaincue que "chaque série de stèles [placées tous les cinq ans] racontait, en fait, l'histoire d'une dynastie". L'alcôve figurée représentait le trône et certaines des épouses furent même identifiées (on les avait prises, d'abord, pour des sujets masculins) grâce à la similitude qu'on constata entre les vêtements qu'elles portaient et ceux que portaient toujours, à l'époque, les femmes Maya des villages. Tout ceci aboutit à la "découverte de sept souverains de PIEDRAS NEGRAS, avec les principales étapes de leur histoire" !

"Les inscriptions étaient de l'Histoire", s'étonnent encore les savants actuels.

Qui a dit que seule la culture occidentale s'était  jamais souciée d'Histoire ?

Mais, en dépit de ces considérables avancées, on bute toujours sur l'écueil de la langue elle-même, qui demeure "ignorée".

Revenons maintenant sur l'effort de déchiffrage de cette dernière.

C'est en 1862 que débute l'étude phonétique des glyphes, à partir de la "Relation des  Choses du Yucatan" et du Codex de Madrid, sur lesquels se penche un certain Brasseur qui, malheureusement, "lit les glyphes à l'envers" et "saccage le Codex".

En 1880, Thomas, convaincu qu'on a affaire à "une forme ancienne de la langue maya actuelle"(ce qui paraît, somme toute, logique), s'intéresse à l'alphabet consigné par le moine Landa (ce qui était,  bien sûr, là,tout à fait insuffisant).

Pour sa part, de son côté, l'Allemand Edward Zeller "croit en des symboles picturaux dont chacun représente une idée, un concept". Une polémique nait entre Thomas et Zeller, lequel se met en devoir de "reprendre tous les glyphes un par un", pour mieux contester son adversaire qui, en définitive, jette l'éponge et "abandonne la recherche".

En Mai 1945, à l'occasion de la prise de Berlin par les troupes soviétiques, le soldat de l'Armée Rouge Youri Knorozov a la chance de retrouver, dans les décombres, une reproduction des Codex de Dresde, de Madrid et de Paris. C'est l'étincèle : le jeune homme "se prend de passion et relève le défi". Devenu, dans les années qui suivirent, "l'unique mayaniste russe", il se mit à travailler d'arrache-pied, à Saint Petersbourg. Son isolement par le rideau de fer et la solidité de ses compétences de linguiste se liguèrent pour lui conférer un "regard vierge" qui le conduisit vers des "découvertes-clés". Par ses connaissances très pousées en la matière, il savait, et n'oubliait jamais, que tout système linguistique comptant de 20 à 35 signes est un système alphabétique, alors que les systèmes totalisant entre 80 et 100 signes sont des systèmes syllabaires, et ceux de plus de cent signes, des systèmes logographiques. S'étant mis à compter scrupuleusement tous les signes maya, Knorozov en dénombra 800 et sut voir que le système qui l'intéressait combinait les logogrammes (=mots) et les signes phonétiques (=sons). Après quoi il s'attacha à "rechercher les syllabes" et à relier les glyphes aux sons de la langue maya actuelle. Knorozov publia ses résultats en 1952, "en pleine guerre froide". Aussitôt, la réaction hostile de l'occidental Thomson se manifesta : "pourquoi n'assiste-ton pas à un déluge de déchiffrages", dans ce cas ? lança-t-il, au demeurant pertinamment. Il fallait bien se rendre à l'évidence : il manquait encore "une clé" !

Cette "clé finale" que tout le monde attendait, ce fut un jeune surdoué, l'Américain David Stuart, qui la donna au monde. En 1976, encore enfant, il a l'occasion d'accompagner une mayaniste spécialiste de "reconstitutions de guerres et de mariages", Linda Sheely, à Palenque. En 1978, à 12 ans, le prodige soumet son premier rapport sur les glyphes maya à un aéropage de "spécialistes sidérés" par tant de jeunesse et d'excellence. A 15 ans, reconnu comme le "spécialiste des inscriptions maya", David découvre le signe XA (prononcez "cha"). A 17, c'est au tour du signe XOC ("choc"), lequel signifie tout à la fois "requin" et "compter". Sachant que les Maya "avaient des difficultés à exprimer certaines idées abstraites"(comme "compter"), Stuart perce à jour le signe u (prononcer "ou"). En faisant intervenir des "substitutions phonétiques", il le crédite de plusieurs significations : "requin", "eau", "tête humaine" et "tête de singe". Cela l'amène à s'apercevoir qu' "un son particulier peut avoir de 13 à 15 versions différentes" !

Ce qu'il fait donc, c'est "identifier tous les signes correspondant à un même son". Et ça marche ! La clé fonctionne.

On assiste (enfin !) à des "déchiffrements en masse, à un rythme effréné".

Ce qu'il fallait juste comprendre, retenir, c'était cette rpopension qu"avaient les Maya à "innover" et à "détester se répéter" !

Les premiers déchiffrages portent sur les mots apposés sur des objets personnels qui furent des "cadeaux à la famille royale" (exemples : "ornements pour oreilles", "outils en os"). La mentalité des Maya anciens devient alors accessible : "les Maya aimaient tout dédicacer"; 'ils personnifiaient le paysage" au lieu de le représenter, car ce qui comptait pour eux, c'était "l'âme du paysage"; ils considéraient les montagnes comme des "centres cérémoniels", car toutes les choses essentielles leur venaient de la montagne : pluies, maïs; "le temple était un dieu vivant de la montagne", c'était une montagne; "la grotte du temple était une frontière entre les mondes".

On réussit aussi, par exemple, à déchiffrer "la description d'une cérémonie":

"le 28 Mars 755, on a invoqué le Serpent [suit le nom du Serpent ].

Ensuite on a fait apparaître la vision de l'Ancêtre [suit le nom de l'Ancêtre]" (il s'agit là, comme nous le voyons, de l' "invocation d'un esprit").

Grâce au déchiffrement, il va de soi que "l'Histoire Maya s'éclaire" : on découvre la place centrale qui était celle d'une cité pourtant tardivement découverte, KALAKMUL. Cette cité, avec ses 6 000 structures, était  "la plus vaste cité Maya", le "Royaume du Serpent" auquel on vouait une véritable "dévotion". Une inscription déchiffrée dans une autre cité Maya est, à ce sujet, sans équivoque : sa mention, "supervisée par le roi de Kalakmul", prouve bien à quel point cette "métropole" dominait les autres cités-états. Toutefois, le fait d'être la plus grande ne la laissait pas sans rivale : Tikal, elle aussi, à ce qu'on sait maintenant, prétendait au titre de "dominante" des Basses-Terres, ce qui, du troisième au neuvième sièble de notre ère, donna lieu à un antagonisme qui finit par avoir de funestes répercussions. Il y avait sans arrêt des guerres, des "actions de terreur", des "montagnes de crânes et des mares de sang" qui aboutirent à un effondrement total.

"De nouveaux glyphes, nous annonce-t-on, sont continuellement mis au jour" dans la jungle d'Amérique Centrale.

A présent (ô merveille !) "90% des glyphes peuvent être compris avec une quasi certitude", et l'écriture a été déchiffrée "jusque dans ses nuances les plus subtiles". Quoi d'étonnant, "c'est une forme ancestrale de maya", une "machine à remonter le temps".

Il faut ajouter à cela que le déchiffrage nous dévoile tout  un univers particulier de la société Maya ancienne, celui des scribes : "recouverts d'une peau de jaguar", ces derniers "travaillaient en groupes dans des ateliers dirigés par un maître". Mais, s'ils travaillaient en groupe, ces scribes qui "développaient chacun leur style, en rivalisant d'élégance" n'en signaient pas moins, souvent, leurs oeuvres par "sa peinture" ou "sa sculpture"."Des princes de sang royal étaient scribes", sans problème. En outre, à propos de cette "caste" des scribes, on a découvert, à Copàn, un "palais raffiné" qui leur servait de demeure, et où l'on trouve des représentations d'eux "assis sur un trône magnifique", preuve on ne peut plus éclatante qu'ils "jouissaient d'un statut élevé".C'était bien simple, même : selon les Maya, "l'univers était peint par les dieux et rédigé par des scribes divins". Quelle séduisante conception de la place de l'art et de l'écrit dans l'univers ! Ne pourrait-on pas faire le parallèle entre les scribes maya et les lettrés chinois ?

Encore aujourd'hui (et fort heureusement), "la langue maya survit", en caractères latins, et les Maya, fidèles à eux-mêmes, "écrivent sans relâche". La civilisation Maya fut - et reste - une civilisation de l'écriture. Je persiste à penser que, par son esthétisme aigü et par son rapport très fort à l'écrit, elle ressemble beucoup à la Chine (avec laquelle elle partage sa fascination pour le jade). Après tout, les peuples amérindiens viennent d'Asie et sont les proches cousins des Asiatiques...

Le documentaire tient à nous donner une illustration du prestige de la chose écrite dans cette culture en nous présentant des scribes de villages maya actuels, parmi lesquels "Don Cecilio".

Les scribes de village se transmettent toujours des élèments de l'ancienne écriture maya et chaque hutte de la campagne réserve une place de choix à la "bibliothèque", un "panier accroché au plafond afin de protéger les livres des rongeurs".

Les Maya sont, actuellement, en train de vivre une "renaisssance". Découvertes et, surtout, déchiffrage leur restituent leurs ancêtres. En cela, des Occidentaux réparent, en quelque sorte, le préjudice que certains de leurs ancêtres ont fait subir à ce grand peuple. C'est justice. On ne peut que s'en réjouir. N'oublions pas, néanmoins, que les Maya ont, eux aussi, "beaucoup contribué au déchiffrage de l'écriture de leurs ancêtres". Rien de surprenant à ça, tant l'Histoire de ces derniers leur est "plus que jamais précieuse". Ainsi ne se contentent-ils plus désormais d'aider fort activement les archéologues : comme le documentaire nous aide à le découvrir au Guatemala, ils ont entrepris de se réapproprier leur propre histoire en montant des ateliers d'enseignement des anciens glyphes.

Une femme, toute de sourire et toute d'enthousiasme, nous déclare : "ça nous permet de découvrir nos racines, de consolider notre identité Maya".

Et le fait est que "les parents donnent désormais à leurs enfants des noms de souverains Maya". Mieux encore : ce sont les Maya, maintenant, qui déchiffrent la langue de leurs ancêtres !

Si "perdre son Histoire est une tragédie", "la retrouver est un miracle". Surtout lorsqu'on a affaire à une histoire tellement "remarquable".

Quelle meilleure conclusion ?

P.Laranco.


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