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Le jus des automates

Par Thebadcamels

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Arrivé à l’âge du lecteur type de The Bad Camels, on a déjà fait une croix sur quelques rêves d’enfance, ce qui permet de mener une vie assez insouciante et plutôt agréable bien que légèrement différente de celle que l'on s'était promise. On se dit qu’on ne s’en est pas si mal tiré, on se rassure et on en vient à accepter à peu près tout, de telle sorte que plus grand chose ne nous surprend vraiment. C’est ainsi que je ne m’étonne plus de voir qu’un paquet de cigarette coûte plus cher qu’un livre de poche, que je ne m’énerve plus quand mon train est systématiquement en retard ou annulé ou que je ne me plains plus de passer plus de temps à lire des PowerPoint que des romans.
Il y a pourtant une pratique mystérieuse, un rituel aérien qui dépasse encore mon entendement et pour lequel je ressens une incompréhension proche du désespoir : la consommation de jus de tomate en avion. Comment est-il possible qu’une boisson si peu consommée sur les terrasses de nos cafés (et ce, même lorsqu’elle est associée selon certaines proportions à de la vodka, du citron et du tabasco) remporte un tel suffrage sur moyen comme sur long courrier, en business comme en classe éco, sur RyanAir comme sur Singapore Airlines, à tel point que les compagnies aériennes prévoient des stocks supplémentaires avant chaque départ ?

En m’attaquant à une telle question, je sens mes forces m’abandonner comme lorsque l’on change de page et que l’on découvre une double page de description sans paragraphe ou à l’entame d’un article de Kerdef.


Disciples éclairés d’ABC dans sa croisade contre la tyrannie du chiffre, des racines carrées et des moyennes pondérées, on ne croira pas cette étude récente financée par Lufthansa et menée par l’'institut allemand de physique IBP de Holzkirchen. En recréant les conditions de vol d’un airbus A310-200, cette expérience a montré que la centaine de volontaires placés dans le simulateur choisit spontanément et en majorité le jus de tomate parmi un éventail de boissons et rafraîchissements. Ces chercheurs expliquent que le jus de tomate devient meilleur à 30,000 pieds parce que notre perception du goût serait modifiée par les conditions de pression atmosphérique. Balivernes !


De gustibus non est disputandum. J’ose pourtant invoquer la bêtise ou le conformisme (qui n’est rien de plus qu’une des nombreuses manifestations de cette première) pour expliquer ce mystérieux phénomène donnant, qui plus est, très mauvaise haleine. Il est plus que temps d’agir puisqu’il existe déjà plusieurs groupuscules d’idiots satisfaits et racoleurs qui revendiquent leur imbécilité criarde et tentent de fédérer les esprits faibles autour de leur mouvement.


De la même manière que la peau de la tomate est l’épreuve ultime qui permet de faire la différence entre un bon et un mauvais couteau, le jus de cette même tomate en altitude constitue la mesure absolue qui permet de juger de la qualité d’un homme. A défaut de changer le monde, cher lecteurs, rendez-le un peu moins ridicule en refusant avec courtoisie mais fermeté cette boisson lors de vos déplacements.


La rumeur veut même que la consommation de jus de tomate en avion rende impossible, à vie et pour trois générations, l’admission au sein du prestigieux et très fermé Mile High Club...


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