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"Hors la loi" René Belletto

Par Manus

"Hors la loi" René Belletto

René Belletto

Voici un roman pour le moins curieux que signe René Belletto, avec "Hors la loi" publié aux éd. P.O.L, 2010 (484p, 19,90€)

Tout commence dčs la premičre page, tout démarre dčs la derničre page : ŕ chaque feuille qui du bout de nos doigts est tournée, l'intrigue se noue, conduit Luis Archer, le personnage principal, ŕ se surprendre lui-męme par les événements plus incroyables les uns que les autres qui lui tombent dessus.

J'adore son début, surtout aprčs avoir terminé son roman; je ne m'attendais pas ŕ ętre emmenée avec une telle virtuosité de la part de l'auteur.  Un avant-goűt ?

(p13) "Je m'appelle Luis Archer.  Je suis né le 6 juin 1966, il y a quarante-deux ans aujourd'hui jour pour jour.

"Je suis mort le 6 juin 1966, il y a quarante-deux ans aujourd'hui jour pour jour..."

Je fus surpris moi-męme de me formuler cette seconde proposition avec autant de brutale transparence, surpris d'ętre au bord de jouer ŕ la croire vraiment, en cette belle matinée du 6 juin 2008, tandis que je me trouvais avec Clara sur la place de l'Eglise de Saint-Maur et que le monde semblait si réel autour de nous."

René Belletto, contre toute attente, nous ouvre ŕ plusieurs intrigues, ce qui au départ peut déstabiliser le lecteur, qui se demande au chapitre suivant, quels sont ces nouveaux personnages, et pourquoi ŕ chaque fois les histoires se maintiennent en parallčle.  Au bout d'un moment męme, on pourrait s'impatienter, on a envie d'inciter l'auteur de nous dire oů il veut en venir, alors męme que nous subissons et vivons la formidable énergie qui se dégage des personnages, leur vie trépidante et étonnante.

Comme le dirait l'auteur lui-męme en quatričme de couverture : "Une intrigue multiple (et pourtant une) consumée par un suspense de chaque phrase (de chaque mot) offre au lecteur en pâture et ŕ foison de l'action ("j'entendis alors une détonation sčche, pas trčs forte, et une petite parcelle de carrosserie vola en éclats tout prčs de ma tęte : quelqu'un venait de me tirer dessus avec une arme ŕ feu, j'en eus la certitude immédiate") (...)"

Ainsi il y en a pour tous les goűts : action, mystčre, sexe (eh oui), histoire d'amour, et du "dépaysement" (vous comprendrez pourquoi ŕ la fin seulement), quelques questions existentielles, bref, un roman plus que complet.

L'intrigue repose sur quelques personnages principaux - Luis, son copain Maxime, Clara, et Michel - une série de personnages secondaires tout aussi intéressants et attachants, mais surtout, le fond de l'histoire entraîne le lecteur dans un monde musical, oů partition et piano élčvent les ętres vers cet ultime, ce quelque chose d'inaccessible que l'auteur aura réussi ŕ transmettre au travers de cette passion.  Sans connaître Belletto, on aimerait le croire grand artiste, et si tel n'est pas le cas, mélomane hors pair tant l'émotion vécue par ces héros est transmissible.

Jusqu'ici je n'ai fait qu'évoquer la structure du roman et l'intrigue, qui de fait, sont remarquables.

Je pourrai peut-ętre, mais est-ce bien nécessaire, mettre en avant son écriture, son style si particulier (il adore les parenthčses qui disent bien ce qu'il a dire), agréable ŕ lire, phrases savamment tournées sans ętre "trop" académiques, mots employés avec justesse, qui confčrent au roman un seul ton : une grande réussite.


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