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Publié le 01 novembre 2006 par Raymond Viger

C’est également une façon pour les détenus de s’évader par la poésie, la musique, le pouvoir libérateur de la parole. En plus, ils ont l’occasion de recevoir la visite d’invités spéciaux, chaque semaine, des artistes pour la plupart, mais aussi des ministres, des athlètes, des scientifiques, etc. Ainsi réunis, prisonniers et visiteurs philosophent, créent, rêvent, devenant ainsi des Souverains, le temps d’une émission…

À ce jour, plus de 7000 détenus de Bordeaux ont pris la parole devant le micro et plus de 350 invités ont vécu cette expérience unique. À chaque numéro, le Journal de la Rue vous présentera de nouveaux poèmes de Souverains Anonymes, vous ouvrant ainsi une fenêtre sur leur réalité mais aussi sur leurs rêves et leur créativité. Nous rencontrerons également des invités qui ont participé à Souverains Anonymes pour qu’ils témoignent de leurs souvenirs auprès de ces «hommes de passage»…

Pour en connaître davantage sur Souverains Anonymes, consultez ces différentes sources d’information: Évidemment, l’émission de radio Souverains Anonymes, diffusée à CIBL (101,5 FM) les jeudis à 18h, à CKRL (89,1 FM) les vendredis à 9h, ainsi qu’à Radio Centre-ville, (CINQ FM 102,3) les mardis à 15h.

Site internet des Souverains Anonymes

Libre à vous, un album de chansons enregistré à Bordeaux d’après les textes de détenus avec la participation d’une cinquantaine d’artistes et musiciens. Documentaire Des hommes de passage, réalisé par Bruno Boulianne, distribué par l’ONF.

Littérature des Souverains:

Jean-Pierre Lizotte

Je suis fatigué et las d’être ici. J’y ai passé une partie de ma vie. Je n’ai plus rien à apprendre. Quoique, j’ai de nombreuses choses à te faire comprendre! Ça va faire 8 ans que je suis à Bordeaux. Si je suis en train d’y laisser ma peau! Alors, je scierai mes propres barreaux. Pour connaître le renouveau. J’ai tout donné. Pour me faire apprécier et aimer. Maintenant, je suis très respecté. Je n’ai plus rien à prouver. J’ai tellement vu de détenus au téléphone bleu. Dire à leur blonde adieu. J’ai vu la vraie misère noire. Ce n’est pas beau à voir. J’ai vu des détenus se couper les veines. Ils avaient trop de misère et de peines. J’ai moi-même coupé les miennes. Alors, pense au futur, aux tiennes. Je suis fatigué et las d’être ici. J’y ai passé une partie de ma vie. Je n’ai plus rien à apprendre. Quoique, j’ai de nombreuse choses à te faire comprendre!

L’homme caché

Jean-Paul Catellier, décembre 1999

J’ai peur lorsque, parfois je vois cet homme caché au fond de moi. Mais où se cache t-il ? Je ne le saurai jamais. Soudain, après quelques bières, le voilà qu’il apparaît. Lorsque, petit à petit j’accélère la cadence. Bière après bière, rien n’a plus d’importance. Mon cerveau s’enivre et tout à coup, pris de rage. L’homme caché fait le beau temps et l’orage. Est-ce que les gens le savent? Peuvent-ils le voir? Cet homme caché en moi, est-il mon miroir? Lorsque la nuit se transforme graduellement en lumière. L’homme caché se calme et disparaît dans son univers. Soudain le matin, pensant à sa femme et à tous ses problèmes. Il a la tête pris dans l’étau et la voix qui hurle des blasphèmes. De nouveau, l’homme sombre. Il fuit, il a peur de son ombre. Où est-il passé? Je ne sais guère? Est-il encore en moi? Ou perdu à jamais derrière ces barreaux de fer?

Les prisonniers de l’Institut Leclerc remercient leurs bénévoles

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