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Publié le 01 novembre 2006 par Raymond Viger

Créer une nouvelle

Les médias doivent nous servir les événements de la journée, quotidiennement. Qu’il y ait des nouvelles sensationnelles ou non, il faut en trouver et même, parfois, en inventer. Les journalistes doivent chercher ce qui peut attirer le public à écouter leur émission plutôt qu’une autre. Ce viol d’une fillette de 14 ans avait la cote. Personne n’était indifférent et tout le monde voulait en savoir plus. Pour la télévision, les images ne suffisent plus, ils veulent avoir des émotions, des gens qui pleurent, des gens qui se choquent.

Mais qu’a-t-on appris avec cette entrevue du père qui veut obtenir vengeance? Qu’y avait-il d’intérêt public dans cette déclaration? On n’a pas besoin d’écouter les nouvelles pour savoir que le père est bouleversé par les événements. Pire. Cette entrevue risque-t-elle de cristalliser la colère du père, de traumatiser les victimes?

Le refus de publier

Est-ce que le journaliste aurait pu dire à ses supérieurs que l’entrevue avec le père n’avait rien donné d’intéressant pour le public? Parfois dans nos reportages, il faut accepter que la nouvelle doive se retrouver à la poubelle. Si le journaliste avait dit à son supérieur qu’il n’avait pas trouvé un angle d’intérêt public pour faire son reportage, aurait-il pu garder son travail? Je ne peux identifier qui n’a pas fait son travail convenablement, mais ce qui a été présenté n’avait aucune valeur journalistique. Ce que je trouve malheureux, c’est que deux médias aient fait la même erreur avec les mêmes victimes.

Je demeure réaliste en me disant que la majorité des journalistes et des médias font un excellent travail. La majorité des reportages que l’on peut voir ont leur raison d’être et font partie d’un changement de société qu’il ne faut pas dénigrer. Mais il arrive parfois que certains journalistes, malgré leur professionnalisme et leur expérience, jouent mal leur rôle et desservent mal le public.

Blessures journalistisques

J’espère que cette attitude n’a pas envenimé la blessure de cette jeune fille. Les blessures psychologiques font souvent beaucoup plus mal que les blessures physiques. Dans cette recherche de l’émotion à tout prix, j’ai l’impression que nous devenons tous des victimes.

Droit à l’intimité

La victime a le droit de recevoir l’aide qu’elle mérite. Elle a aussi le droit à son intimité. Elle ne devrait pas être une bête de cirque qu’on exhibe aux nouvelles. Après avoir reçu l’aide dont elle a besoin, sur une base volontaire et sans mettre de pression, au moment opportun, si la victime veut livrer son message, on peut l’écouter.


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