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L'art de conjuguer "Le présent du futur"

Publié le 05 mai 2010 par Véronique Anger-De Friberg @angerdefriberg

(Les Di@logues Stratégiques® N°34 - 07/02)


"Le nouveau monde, celui de demain, émerge dans le chaos". La vocation de l'agence XXY est d'aider plus que jamais les entreprises à forger l'avenir. Nouveau concept d'agence de prospective appliquée, XXY les accompagne dans cette mission et les aide à décoder les comportements nouveaux qui émergent aujourd'hui. Explications de Solange Saint-Arroman.


L'art de conjuguer Véronique Anger : Vous définissez votre agence XXY comme une agence de prospective appliquée. De quoi s'agit-il exactement ?
Solange Saint-Arroman : Nous appelons prospective appliquée" (ou prospective opérationnelle) une prospective destinée a déboucher sur du "tangible", du concret", c'est-à-dire des produits ou des services.Je parle bien de "destinée" car il ne s'agit pas de décrire des produits, mais de donner des pistes, des orientations, afin que chaque entreprise puisse les adapter à sa culture, sa structure, sa philosophie, sa stratégie ou son parc technique.
A l'agence XXY, cette partie prospective est étroitement liée à la partie création. Notre volonté est de créer, avec nos clients, leurs produits pour demain en nous inscrivant dans la dynamique du développement durable et avec une stratégie de création différente de celles habituellement proposées. Toute la valeur de cette approche se résume par l'association " prospective/création " dont le moteur très controversé est l'intuition.

VA : Votre approche prospective place l'homme au cœur de la réflexion. Est-ce la "mode" du développement durable(1) (si l'on peut parler d'une mode) qui vous a poussé à réfléchir à ce nouveau concept ?
SSA : En fait, dès qu'une nouvelle expression ou un nouveau concept apparaît, il devient "à la mode" et très vite, il est galvaudé.
Notre concept ne dépend pas du développement durable. Personnellement, je m'inscris depuis longtemps dans cette dynamique. Il me semble que si nous voulons laisser à nos enfants un monde vivable (et viable) nous devons réparer aujourd'hui les fautes commises hier et anticiper demain. Je pense que la biodiversité (notre sauvegarde) s'applique également à l'entreprise.Par le passé, j'ai travaillé dans des bureaux de tendances. J'ai ainsi pu en éprouver les limites. Ces bureaux "décodent" les comportements nouveaux qui émergent, souvent avec autorité et en négligeant toute une fraction de la population.Je suis persuadée que c'est une erreur. C'est pourquoi je me suis tournée vers cette association "Prospective & création" qui élargit les horizons des entreprises.Par ailleurs, cela permet de traiter les problématiques de l'amont vers l'aval et de mettre en oeuvre ce que nous appelons le "design global" ("concept-produit" ou "concept-service") et ainsi d'avoir une vision juste pour proposer des solutions innovantes.
VA : Votre vocation serait de " créer avec vos clients les concepts porteurs de sens de la société de demain " ? Sans jugement " moral ", qu'est-ce qui, selon vous, peut-être considéré comme " porteur de sens " ?
SSA : Je rattache le sens à la nature. En cinquante ans, nous avons réussi à nous détacher de cette " mère-nature " qui nous porte.
Comment continuer à vivre sur une planète qui se dégrade ? Nous allons vers des lendemains qui déchantent… Nous devons revoir nos habitudes de consommation, repenser nos styles de vie, sans pour autant en souffrir. Au contraire, nous avons beaucoup à y gagner.Nous maîtrisons la science et la technologie ; montrons-nous encore plus intelligents et inventons un monde différent. Vivre autrement n'est pas incompatible avec notre désir de gagner de l'argent. Simplement, nous aurons acquis le sens du partage, de l'échange équitable, en prévenant le gaspillage et en développant des technologies propres.

VA : Dans une interview publiée sur votre site, vous affirmez que les " créatifs culturels ont créé le développement durable pour rétablir un équilibre naturel(...) comme contre-pouvoir au capitalisme et à la société de consommation ". Comment pensez-vous réconcilier l'entreprise avec cette belle idée ?
SSA : L'entreprise a vraiment sa place dans la dynamique du développement durable : elle doit en être le moteur.
Je pense que la difficulté ne sera pas tant d'en persuader les Européens que les pays émergents dans lesquels nous délocalisons. Beaucoup de ces pays en voie de développement vivent actuellement leur propre révolution industrielle. Ils reproduisent les erreurs que nous pays riches, avons commises dans le passé, par ignorance, par avidité de pouvoir ou de richesses.Il est logique que ces pays souhaitent acquérir un niveau de vie identique au nôtre, mais tout le problème est là, justement. Ces pays-usines sont déjà très pollués et nous portons une lourde responsabilité. Par conséquent, nous devons leur apprendre à produire autrement. C'est le principe de "capitalisme écologique" ou d'"écologie de marché" chère à Paul Hawken(2).L'émergence aux USA des "créatifs culturels"(3) est, en fait, une vieille histoire chez nous. Atomisés, mais bien ancrés dans la culture française, ce contre-pouvoir existe bel et bien, même si nous ne le désignons pas ainsi. Ainsi, une bonne part des abstentionnistes, dont le taux ne cesse de croître, seraient des créatifs culturels. C'est un rapprochement dont personne ne veut…L'agence XXY participe à l'étude européenne menée actuellement par le Club de Budapest pour tenter de mieux cerner cette nouvelle population.Les entreprises les plus inspirées prendront en compte les valeurs qui sous-tendent cette mutation. Ce n'est pas prendre des risques ; c'est simplement prévoir.
(1) Selon la définition de la Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement, dite Commission Bruntland du nom de Madame Gro Harlem Bruntland qui l'a présidée (1987) : "Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs"(2) Environnementaliste et auteur à succès, il doit sa renommée mondiale à sa théorie du " capitalisme naturel "(3) 24% de la population américaine. Le phénomène " Bobo " en est une expression. Pour plus d'infos, cf : "L'émergence des créatifs culturels" de Paul H. Ray (sociologue, anthropologue) & Sherry Ruth Anderson (psychologue, psychiatre). 14 ans d'enquête sur les acteurs d'un changement de société (Editions Yves Michel 2001).Voir aussi : http://www.econovateur.com/rubriques/gril/lre011101.shtml
Pour en savoir plus sur l'agence XXY (prononcer "2xy") : http://www.agencexxy.com


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