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Publié le 10 octobre 2006 par Raymond Viger

Joyce (nom fictif), 21 ans, raconte l’histoire «mystérieuse» de sa famille: le père, homme d’affaires, entraîneur de soccer, emmenait chaque dimanche les enfants chez les grands-parents. Elle avait 13 ans quand il est devenu absent, puis a liquidé la maison de 200 000$ pour aller vivre dans un 1 et 1/2. Elle ne comprend pas encore comment il a pu se rendre «là» en jouant au Casino de Montréal.

Un père joueur compulsif

Notre père était toujours actif avec nous. Il nous emmenait au taekwondo; il était mon coach de soccer. Tous les dimanches, on allait chez nos grands-parents. Nous vivions dans une maison de 15 pièces valant 200 000. Nous avions une grosse piscine creusée. Il y avait des parties, toujours de la visite.

À 13 ans, ma sœur et moi, on a cessé nos activités. Notre père n’était jamais à la maison. On soupait avec ma mère. Il n’était pas là. Elle regardait seule la télévision quand je revenais du cinéma. Le dimanche, il ne venait plus chez les grands-parents. On y allait sans lui…

La déchéance d’un joueur compulsif

Il a perdu la maison. On est allé vivre en appartement. Ma mère l’a quitté. Depuis des années, mon grand-père plaçait des bons d’épargne pour nos études. Notre père les a même pris! Il a dû quitter son 1 et 1/2 pour aboutir chez ses parent pendant deux ans. Ma sœur, plus âgée que moi, m’a plus tard révélé qu’il jouait au casino.

Au casino avec la cousine

Avec ma cousine, je suis allée deux fois au casino. Elle aussi aime jouer. C’est beau de l’extérieur: les machines, le bruit, le monde, les lumières. Moi, j’ai pas envie de jouer. Pas à cause des problèmes de mon père. C’était son problème à lui.

Honnêtement, je ne sais pas comment on peut se rendre jusque là. Je ne suis pas comme lui. Ma cousine a gagné 150$. Moi, je serais partie avec l’argent. Elle, elle a tout rejoué, en y ajoutant 50$. À la fin, elle a gagné 100$… Ça doit être dans la famille, c’est certain.

Gamblers Anonymes

Mon père s’est repris en main. Il a une nouvelle blonde. On se voit le dimanche, chez mes grands-parents. Il va aux Gamblers anonymes. Quand on dit qu’on va au casino, il pogne les nerfs. J’emmène 20$, puis je m’en vais. Il me dit: «Tu fais attention, tu sais ce que j’en pense…» Mais il ne parle jamais de lui-même.

Ma première expérience au casino de Montréal m’a déçue. Je pensais que c’était glamour, que le monde y allait en veston-cravate, buvait du champagne. Mais le monde était en coton ouaté. J’y étais allée en robe; on me regardait de travers. Une dame jouait sur trois machines en même temps. J’en ai vu une gagner 1000$. Sans sourire, elle a mis ça dans sa sacoche et a continué de miser.

Les abus de Loto-Québec

Le gouvernement doit sûrement se rendre compte du problème. Loto-Québec a l’air de s’en foutre. Ma cousine paraît n’avoir que 15 ans et, pourtant, jamais les portiers n’exigent ses cartes d’identité. Loto-Québec fait de plus en plus de publicité. Il y a aussi les spectacles du casino: ils ne devraient pas mélanger les choses. Et là, le Cirque du Soleil veut s’y associer! Les spectacles attirent les gens et les y gardent plus longtemps. Ils font de la vente sous pression. Tu es assis, ils passent des breuvages gratuits. Il y a des primes pour te fidéliser…

Le casino agit comme les compagnies de cartes de crédit. Elles te poussent constamment à t’endetter. J’avais une carte de crédit avec une limite de 500$. Sans me demander la permission, la compagnie de crédit me l’a augmentée à 1500$. J’ai formulé une plainte. S’ils me donnent plus de crédit, je dépense tout…

Textes sur le Gambling et jeu compulsif:

Témoignage d’un joueur compulsif

Comment fidéliser un gambler?

DVD prévention gambling et jeu compulsif

Être le conjoint d’un gambler

Le prix à payer pour devenir un gambler

La Sérénité pour un joueur compulsif

Biz Locolocass et le gambling

Éléonore Mainguy, ex-croupière du Casino


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