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Mister Hyde contre Frankenstein t.1 : La dernière Nuit de Dieu

Par Icecool

 Mister Hyde contre Frankenstein est le deuxième volume apparaissant chronologiquement dans la récente collection 1800, imaginée par le scénariste et dessinateur Jean-Luc Istin pour les Editions Soleil, et dont le concept consiste à revisiter les oeuvres littéraires fondatrices du XIXème siècle. Dans les lignes conjuguées de Mary Shelley (1797 - 1851) et de Robert Louis Stevenson (1850 -1894), le scénariste Dobbs et le dessinateur Antonio Marinetti imaginent ici une relecture originale de deux mythes au croisement des genres Fantastique et Science-fiction : Frankenstein ou Le Prométhée moderne, roman gothique écrit en 1818 et Le Cas étrange du docteur jekyll et de Mister Hyde, nouvelle publiée en janvier 1886. Les deux oeuvres, effectuant une introspection de la société victorienne, ouvrent à de profondes réflexions éthiques et philosophiques sur des questions telles le pouvoir des sciences, le progrés effectué par les civilisations ou la psychanalyse de l'inconscient humain.
 En Europe,  à différentes époques, deux savants irresponsables défient dangereusement les lois divines. Victor Frankenstein a donné vie à un être artificiel surhumain et conscient, mystériseusement disparue, tandis que le docteur Jekyll a éloboré une drogue lui permettant de dissocier le bien et le mal en chaque individu. Que se passerait-il si Jekyll se retrouvait en possession des recherches de Frankenstein ?

 Vous découvrez ici la genèse de la couverture du tome 1, La Dernière nuit de Dieu, paru en mars 2010 (le volume cloturant ce dyptique est attendu en août prochain). Signalons que le visuel de couverture a été réalisé par l'illustrateur Gérald Parel, et que le scénariste Dobbs nous explique ici, à travers l'évocation des thémes pricncipaux, les différentes étapes de réalisation.

 Question projets de couverture écartés, nous avions tous deux émis l’hypothèse de la présence de fioles, mais ces dernières, bien qu’intéressantes, nous ont paru vite inutiles car imposant une distance. De plus Jekyll demeure un savant dans l’inconscient collectif, donc il y aurait eu une redondance. Dans des versions antérieures, il y avait aussi une trop grosse présence de Jekyll et du monstre…

 


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 L’importance du personnage de Jekyll est primordiale car cela permet de créer une interaction avec le lecteur : un regard caméra en quelque sorte qui implique et interroge, forcément. Cependant, le visage de Jekyll est lui-même « séparé », car ses deux yeux ne sont pas éclairés de la même manière. L’œil situé dans la face éclairée est lui-même dans l’ombre (une marque du paradoxe, de la duplicité).

 Le personnage féminin (Faustine) tourne le dos au docteur et absorbe/se fond en lui : c’est d’ailleurs suffisamment décalé pour ne pas reprendre un visuel du type "affiche de Pretty Woman ", mais cela fonctionne de la même manière puisque deux opposés s’allient. Elle se fond dans la masse noire car elle n’est dupe de rien et demeure une sorte de personnage de l’ombre. Sa féminité permet aussi d’illuminer (lumière dramatique en contre-plongée) l’obscurité.

Tout fonctionne donc par jeu de regard implicite et explicite : le lecteur est forcé à une certaine complicité alors que le personnage féminin (Faustine) semble, quant à lui, avoir du mal à soutenir tout regard (Jekyll et le lecteur).

 

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 L’autre point de focalisation, c’est le monstre de Frankenstein. Plus particulièrement lui et la lumière lunaire qui l’accompagne (c’est un équilibre d’image qui s’oppose à la lumière artificielle et sale de la ville). Le monstre demeure mystérieux, il n’est qu’une forme dans les ténèbres et contribue à la dynamique de la diagonale de force de l’image

 


 La clef de l’équilibre de l’image
, c’est finalement la position de Faustine entre les deux « monstres »  (elle partage tout de même son dos avec celui de son maitre). Il y a donc aussi deux parties féminines dans l’image qui lancent sur des pistes différentes : Faustine est insérée dans la partie principale de l’image, tandis que la prostituée (visible dans la ruelle) n’est que "décor" dans une dimension urbaine sale et jaunie...


Couverture T1 Mister Hyde


Couverture finale et réalisation des étapes "pas à pas " :

Mister Hyde contre Frankenstein t.1 : La dernière Nuit de Dieu

affiche

Poster américain de 1880.
 L'oeuvre de Stevenson, tout comme celle de Mary Shelley, fut portée plusieurs fois au cinéma : en 1931, Docteur Jekyll et Mr. Hyde (R. Mamoulian) fixe pour longtemps les codes et connotations sensuelles du mythe au sein des représentations hollywooodiennes, tandis que Victor Fleming en livre en 1941 une version plus classique. Relevons les parodiques Dr. Jekyll and Mister Mouse (production animées des studios Hanna-Barbera en 1947, mettant en scène Tom et Jerry) et Docteur Jerry et Mister Love, réalisé et interprété par l'inénarrable Jerry Lewis en 1963. Cas à part, Mary Reilly (Stephen Frears, 1996) nous fait revisiter l'histoire par le biais de la jeune domestique de la maisonnée. En 2005, le film canadien Jekyll + Hyde suivait quant à lui les douteuse recherches de deux étudiants en médecine ayant composé une drogue dérivée de l'ecstasy, susceptible de modifier leur personnalité...
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Affiche de 1931 pour le film de de R. Mamoulian

Liens annexes :

http://www.soleilprod.com/interviews%7C26%7C1800_la_nouvelle_collection_de_SOLEIL : présentation de la collection 1800 sur le site des Editions Soleil.

http://www.soleilprod.com/previews/mister%20hyde/pageflip_8.html : preview du tome 1.

http://dobbs.over-blog.com/ : blog du scénariste.
http://fr.wikisource.org/wiki/L%27%C3%89trange_Cas_du_docteur_Jekyll_et_de_M._Hyde et http://www.diogene.ch/IMG/pdf/shelley_frankenstein.pdf : oeuvres intégrales en ligne.


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