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Larve d’Acilius

Par Yann L'Hostis

Les Acilii (Acilius au singulier en latin) sont des insectes aquatiques du genre coléoptère, ils appartiennent à la famille des Dytiscidae (dytiques), et font partie du sous genre Dytiscinae.

Description de la larve

  • 8 segments abdominaux
  • Poils seulement sur le 8° segment.
  • Clypeus (avant de la tête) plutôt inerme (sans aspérité)
  • Cerques courtes portant peu de soies.
  • Segment de l’abdomen le plus développé : le 3°
  • Une seule griffe par patte (pas normal chez les Dysticidae, indique plutôt un Halipidae d’après la clef de Richoux)
  • Pattes à 5 articles. Quelques soies natatoires sur les articulations.
  • Forme de la tête plutôt triangulaire
  • Pronotum (premier segment thoracique) allongé
  • Ligule (lèvre inférieure) bifide (indique Acilius d’après Richoux) – Pas très facile à repérer sans matériel de grossissement (loupe puissante, objectif macro). Élément caractéristique.
  • Forme un peu bossue de la larve en vue latérale.
  • Environ 1 cm à 1.5 cm de long.
  • Extrémités des antennes, palpes maxillaires et palpes labiaux quasiment alignés et tous à l’extrémité plus sombre que la base.
  • Soies natatoires  à l’extrémité du 4° segment des 2 paires de pattes arrières.

Comportement.

Les larves d’acilius nagent, assez lentement,  en pleine eau en utilisant leurs pattes.  Elles remontent de temps en temps jusqu’à la surface et s’oxygènent par la queue. Parfois, sans doute pour attraper une proie, elles se plient et se détendent brusquement. Elles peuvent aussi nager en reculant et c’est assez étonnant à observer. Parfois encore, elle se replient complètement (à la manière des cloportes ou de certains mille pattes) et se laissent tomber au fond de l’eau, sans doute une technique mise au point pour échapper à des prédateurs ?

Biotope

On peut rencontrer assez couramment les Acilius et leurs larves dans des mares permanentes. Ces animaux colonisent plutôt les bords et la suface des plan d’eau.

Les adultes sont capable de voler assez loin, à la recherche d’eau stagnante, pour coloniser de nouveaux espaces.

Régime alimentaire.

Les larves d’Acilius sont exclusivement carnassières et se nourrissent principalement de larve et de nymphe de chironome, ainsi que d’animaux en train de se noyer (Matthey – 1974).

Photos

Larve d'Acilius
Vue générale de dessus de la larve d’Acilius.

Larve d'Acilius en train de nager
Vue de la larve d’Acilius en train de nager. La photo est floue mais la forme”bossue” caractéristique est assez bien visible.

Antenne palpes et ligule bifide de la larve d'Acilius
On voit bien ici la ligule bifide (langue en 2 parties) si caractéristique des larves d’Acilius (attention à l’œil nu je ne crois pas que l’on puisse repérer cette langue particulière). Les 6 “antennes” visibles sont, en partant de l’extérieur, les antennes, les palpes maxillaires et les palpes labiaux. Notez aussi les mandibules à double pointe et la forme “ovaloide” formée par les palpes labiaux.

Acilius 8° segment, soies et cerques

Queue de la larve d’Acilus avec les soies du 8° segment et les 2 cerques.

Tête et pattes d'Acilius vues de coté

D’après la littérature, les pattes des larves d’Acilius devraient porter 2 griffes alors que l’on n’en compte qu’une sur mon taxon. Je ne sais qu’en penser. Peut-être qu’il s’agit du premier instar (premier stade larvaire) de la larve (qui en compte 3 ou 4) ?

Notez aussi sur la photo ci dessus la forme très aplatie de la tête.

Vue ventrale de lalarve d'Acilius
Vue ventrale de la larve d’Acilius. Cette photo (comme certaines des autres) peut-être agrandie en cliquant dessus.

Vidéo

Cette vidéo n’est pas très nette mais on voit bien comment la larve se déplace dans l’eau en utilisant ses pattes.

Méthode d’identification

J’ai utilisé 3 clefs pour identifier cette larve d’Acilius. Une clef est un système qui permet, en suivant des questions, d’arriver à déterminer par une série de réponse OUI / NON soit l’ordre, la famille, le genre, ou l’espèce d’un taxon (taxon = exemplaire observé).

Comme j’ai “trouvé” 3 clef qui permettent de descendre au niveau du genre pour les coléoptères aquatiques et que les questions posées sont à chaque foi plus ou moins différentes, je vais vous dérouler ces clef avec les réponses aux questions posées et quelques remarques sur les “erreurs” de chaque clef.

Identification avec la clef de Richoux.

On peut se procurer la clef de Philippe Richoux (publiée en 1982) en s’adressant à l’association française de limnologie. J’ai eu beaucoup de mal à arriver à la conclusion “Acilius” avec cette clef.

Déroulement de la clé.

  • Pattes à 5 segments
  • Pas de branchies
  • 2 griffes (1 griffe correspond aux Haliplidae mais le corps est très différent de celui des Haliplidae et j’ai considéré pour la suite que ma larve avait bien 2 griffes)
  • Pas de corne frontale
  • Tête plus triangulaire qu’arrondie
  • Clypeus (avant de la tête) inerme (sans protubérance notable)
  • Corps bossu (nécessite d’observer la larve dans un milieu aquatique)
  • Pronotum (premier segment après la tête) allongé + ligule bifide

Critères divergeant par rapport à la clef.

  • 2 griffes à l’extrémité des pattes. Dans la clé, une seule griffe indique un Haliplidae mais ceux-ci n’ont pas la même forme ni le même nombre de segments abdominaux. J’ai donc du considérer que notre larve avait 2 griffes pour pouvoir aboutir à Acilius.

Détermination Acilius avec la clef de Clifford.

La clef de Hugh H. Clifford permet d’identifier les genres des invertébrés aquatiques d’Alberta. Elle a été publiée en 1991 et se trouve en ligne à cette adresse.

Si on démarre cette clef depuis le début (larve aquatique), voici le déroulement

  • pattes à 5 segments.
  • Abdomen à 8 segments.
  • Corps sans excroissances (voir Amphizoa) et mandibules en forme de faux : indique la famille des Dytiscidae.
  • Pas de branchies latérales sur l’abdomen (aurait indiqué Coptotomus)
  • Pas de projection frontale
  • 7° et 8° segment de l’abdomen densément bordés de soies longues (pour le notre sur le 8° segment est bordé de soies).
  • Palpes maxillaires pas longs et fin (moins de 3 fois aussi long que large). La clef n’est pas très lisible sur ce sujet.
  • Ligula (du labium) en forme de fourche => Acilius.

“Critique” de cette clef.

  • Le 7° segment de l’abdomen de ma larve est glabre. Dans une autre clef il est précisé 7° ET/OU 8° segments bordés de poils. Peut-être qu’en Alberta il n’existe pas d’Acilius au 7° segment glabre ?
  • La mesure de la relation entre la largeur et la longueur des palpes maxillaires n’est pas une amélioration par rapport à la clef d’Epler.

Détermination avec la clef des scarabées aquatiques de  Floride d’Epler.

Le département de protection de l’environnement de Floride (aux USA) a mis en ligne la clef de J.H. Epler, publiée en 1996, qui permet d’identifier les coléoptères aquatiques de Floride. On trouve le fichier pdf de cette clef ici (attention gros fichier de 259 pages)

Déroulement de la détermination.

  • 1 – Pattes sur les segments thoraciques.
  • 3′ – Pattes avec 5 segments + 2 griffes OU pattes avec apparemment 3/4 segments + 1 seule griffe ou sans griffe (note : mon taxon a 5 segment + 1 griffe – cela ne correspond à Haliplidae d’après Epler mais Epler précise aussi que les Haliplidae ont 10 segments abdominaux + des épines filaments sur le dos)
  • 5′ – Dernier segment abdominal sans crochet
  • 6′ – Pattes longues et fines adaptées à la nage, mandibules en forme de faux… Famille Dytiscidae
  • 1 (des Dytiscidae) – Segment abdominaux sans branchies latérales.
  • 2 – Bord frontal de la tête sans protubérance.
  • 15 – Pattes de devant et du milieu simple (pas du genre crabe)
  • 16 – Palpes maxilaires pas long et fin. Forme ovale ou grossièrement rectangulaire (pas de doute sur ce critère)
  • 19 – 7° ET/OU 8° segment abdominaux bordés de poils (là aussi pas de doute pour le 8°)
  • 20 – Ligula longue et sans épine.
  • 21 – Ligula bifide = > On est arrivé au Acilius.

Notes sur le genre Acilius

Clef de reconnaissance larve Acilius

Remarques sur cette source de détermination.

De quelle espèce est cette larve d’Acilius ?

Mes 3 bouquins “grand public” sur la faune aquatique (Guide Vigot d’Englehardt, Faune et flore de Mulhauser, et guide Delachaux de Olsen) ne citent qu’une seule espèce d’Acilius (Acilius Sulcatus = Acilie Silloné en français.) alors que la clef de Richoux indique qu’il en existe 3 espèces en France.

Je n’ai pas réussi à trouver de clef permettant de creuser au delà du genre Acilius et les photos que l’on peut trouver sur internet de la larve d’Acilius Sulcatus ne correspondent pas vraiment à mon taxon (peut être qu’il s’agit d’instars à des stades plus avancés ?)

Il existe une clef (K Dettner – 1982) qui permet l’identification des premier et derniers stades larvaires des Acilini d’Europe (en particulier Acilius (Homoeolytrus) duvergeri Gobert et A. sukatus Linnaeus et aussi A. canaliculatus Nicolai) mais à 37$ le téléchargement, je n’ai pas poussé plus loin.

Il existe aussi cet article (de Bergsten & Miller) qui ne parle peut-être pas des larves ?

Pour plus d’info voir cette description de la larve d’Acilius Sulcatus : The coleoptera of the Bristish Island – 1887 (il y est question de point noirs à la base du fémur postérieur pour distinguer A. Sulcatus de  A. Fasciatus).

Voir aussi l’énorme collection de documents du site ZipcodeZoo.com.

L’hypothèse Thermonectus Succintus

J’ai trouvé un papier sur des larves de dytique d’Argentine qui donne une clef de détermination très précise des dytiques argentins. Dans cette clef il y a une larve qui correspond très bien à ma découverte.

Il s’agit de thermonectus Succintus (Aubé) (et plus particulièrement le premier instar). Les Thermonectus font parti de la tribu des Thermonectini (clé de Richoux).

  • Tête : même forme générale (seulement un peu moins allongée ?), même forme de la base de la tête (du coté de la liaison avec le thorax),
  • Vue latérale : les Thermonactus ont la même forme un peu “bossue” que l’on retrouve sur mon spécimen.
  • Dernier segment abdominal : même forme et même présence de soies (dommage que la clef ne montre pas si l’avant dernier segment est glabre lui aussi).
  • Ligula pas bifide sur thermonectus (voir planche 35 de la clé) contrairement au genre Acilius.

Pourquoi ce n’est pas une larve de Thermonectus :

  • D’abord les Thermonectus sont des coléoptères du nouveau monde (Amériques du nord et du sud).
  • Ensuite le palpe labial n’est pas bifide chez les Thermonectus.

Référence sur Thermonectus Succintus :

Revista de la Sociedad Entomológica Argentina
versión impresa ISSN 0373-5680
Rev. Soc. Entomol. Argent. v.67 n.3-4 Mendoza jul./dic. 2008

Generic keys for the identification of larval Dytiscidae from Argentina (Coleoptera: Adephaga)

Mariano C. Michat , Miguel Archangelsky and Axel O. Bachman

  • Photo d’une larve de Thermonectus très ressemblante sur bugguide (à part es bandes sombres le long du bord de l’abdomen et les soies sur le dernier segment de l’abdomen)

Hypothèse Hydaticus

Extrait de la clef d’Epler sur les scarabées aquatiques de Floride (page 76 du fichier pdf) :

Clef identification larve Hydaticus

Traduction :  Les larves du genre Hydaticus se distinguent par l’absence de projection frontale; par des palpes maxillaires longs et fins; un labium (pièce buccale) avec 2 lobes saillants; et l’absence de franges sur les cerques.

Pourquoi ce n’est pas un Hydaticus.

Alors que la forme des cerques pouvait indiquer un Hydaticus, voici les principales caractéristiques divergentes :

  • Langue bifide (même si c’est absolument invisible à l’œil nu compte tenue de la taille de mon spécimen)
  • Les palpes maxillaires ne sont pas “longs et fins”.

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