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Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)

Par Vanessav
Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)© Jérémie ALMANZA et Benjamin BIANCO/ Soleil
« Eco, La Malédiction des Schackelbott tome1» de Jérémie ALMANZA et Guillaume BIANCO se devait de passer entre mes mains.
Avec l’impression que m’avait laissée « Billy brouillard », je voulais continuer à aller dans la sensibilité de l’auteur BIANCO. Encore là, il nous offre avec son compère un livre qui sort des sentiers battus. Pas de mièvrerie, un propos très sérieux sous un petit conte en plusieurs parties.
Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)© Jérémie ALMANZA et Benjamin BIANCO/ Soleil
Eco est une enfant laissée seule chez elle par ses parents, les Schackelbott. Ils sont bien présents dans cette énorme demeure mais sont très occupés. Ils confectionnent de superbes habits pour les personnes renommées et accordent un temps très limité à leur fille choisissant juste de la gâter par de multiples présents.
Eco s’ennuie, son environnement semble inadapté à ses désirs de petite fille. Il est « trop propre, trop froid, trop bruyant, trop organisé. Aucun dessous de table obscur où se réfugier pour jouer, aucun angle poussiéreux où se cacher pour épier… » Aucune activité ne lui est proposée jusqu’au jour où, son père trop occupé, lui demande d’aller livrer 3 poupées magnifiques, création des Schackelbott, au Ministre. Seulement elle ne choisit pas le même parcours que prévu avec son chauffeur et rencontre sur le chemin une vieille dame et son enfant, mendiante en haillon. Eco stupéfaite de cette misère financière et humaine va leur offrir les poupées. La vieille femme lui donne en échange 4 amulettes, des babioles supposées avoir des pouvoirs infinis. Eco est aussi persuadée d’avoir affaire à la femme du magicien des nuages, sorte de sorcière déguisée pour se rendre compte de ce qui se passe sur ces terres. Son geste va être l’élément brutal, le début du drame annoncé.Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)© Jérémie ALMANZA et Benjamin BIANCO/ Soleil
Les commanditaires des parents se sentent méprisés et vont mettre en faillite les parents. Le père d’Eco devient loque, la mère hystérique et furie. Cette dernière maudit sa fille pour son geste, sa désinvolture et même sa filiation. La petite Eco se retrouve encore plus emmurée dans sa chambre, incapable de trouver un quelconque moyen de communication avec ses parents. Elle ne regrette pas son don mais cherche une solution. Eco convaincu du pouvoir des amulettes, les dispose dans des poupées de cotons de sa création et les offre à ses parents pour réparer l’outrage. Ses parents la dédaignent.
La malédiction s’opère, Eco se transforme. Mais seule, éperdument « emmurée dans ce cocon de soie, calfeutré tout au creux de ce petit monde », elle va trouver réconfort auprès de ces « doudous » de tissus, devenus miraculeusement vivants. Il y a Esope et 1 bulbe de cactus comme rein, Socrate et un cocon de ver à soie comme estomac, Epictète et un morceau de silex comme cœur et Diogène et une petite noix comme cerveau.
Ce début de conte nous amène dans une maison où l’enfance n’a pas sa place, les événements mais aussi la vie transforment la petite fille. Toutes ces métamorphoses l’effraient et ce sont ses impressions sans accompagnement qui marquent ici les moments les plus intenses, les plus violents. Les émotions et le corps sont mis en exergue.
J'aime aussi beaucoup cette réflexion sur l'éducation, l'offrande matérielle contre la présence et l'attention. Trop d'organisation, trop de maîtrise, pas de communication, pas de partage. Et ce n’est que le tome 1, qui finit sur une voie fantastique quand nous pouvons y voir toutes les réflexions sur la vie.
Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)© Jérémie ALMANZA et Benjamin BIANCO/ Soleil
Les dessins en clair obscur de Jérémie ALMANZA sont magnifiques, les couleurs sombres nous amènent rapidement dans cet univers glauque et qui pourtant se veut féérique, plein de détails faits pour petites filles. Les débuts de chapitre dessinés par Benjamin BIANCO nous rappellent des passages du haricot magique comme pour nous rappeler que les contes sont tragiques. Au début, ce sont les illustrations du dessinateur de Billy Brouillard, qui tétanisent un peu. Au final nous nous rendons compte que sous la pâte veloutée de Jérémie ALMANZA, les frayeurs peuvent être très esthétiques.
« Il n’existe que des contes de fées sanglants. Tout conte de fées est issu des profondeurs du sang et de la peur. » Franz KAFKA
Allez donc lire le billet de Lily, qui vous donnera, à coup sûr, envie

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