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Flash crash, le Krach éclair

Publié le 07 mai 2010 par Apprendrelabourse.org

Flash crash. Voilà une appellation pour le titre de cet article qui ne concerne pas  le fait de faire un flash info comme on l'entend habituellement sur le mini-Krach d'hier soir à Wall Street mais bien le 1er 'flash crash" ou  krach-éclair de l'histoire et en tout cas, sous une forme ou une autre, une oscillation qui restera dans les annales de la bourse.

Le contexte :

La chute à pic du Dow Jones de près de 1 000 points en quelques minutes suivie pratiquement aussitôt d'un rebond de 600 points dont il est question, s'est réalisé dans un contexte très tendu sur le marché des changes où l'euro a été mis à très rude épreuve contre dollar. Entre la révision à la baisse de l'Italie sur sa croissance et la révision à la hausse de sa dette qui a transféré les rumeurs de dégradations de notations sur l'italie, un  climat de ruptures a émergé sur le marché des changes dans le sillage de la rupture du support ascendant historique de l'euro-dollar comme vu plus tôt cette semaine. La rumeur a ainsi circulé très tôt sur un potentiel abandon des interventions de la Banque Nationale Suisse (BNS) pour défendre sa monnaie faisant perdre pied à l'euro selon graphe ci-dessous (d'autres décalages importants ont marqué les changes dont le yen)

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Erreur humaine, panne informatique, manipulation, acte de malveillance ?

Tout a été évoqué sur le déclencheur comme la charge des forces de l'ordre en Grèce sur les manifestants ou l'erreur d'un trader de Citigroup concernant un ordre de 16 millions envoyés par erreur pour 16 milliards sur Procter & Gamble, non confirmé par la banque ni CME, l'opérateur de marché.

Quoi qu'il en soit, les décalages observés sur de nombreuses valeurs comme sur Accenture ci-dessous qui ont fait plonger l'action de 40 $ à 0,01 $ durant quelques secondes posent de très sérieuses questions sur les protections dont les marchés réglementés sont censés être pourvus devant mener à des suspensions de cotations à partir d'un certain pourcentage de décalages à la hausse ou à la baisse (suspensions dénommées périodes de "réservations" durant quelques minutes à partir de certains seuils dits "dynamiques" ou "statiques" par exemple comme détaillé dans notre livre)

 

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Avec un tel graphe, même si habituellement une telle physionomie renvoie généralement à un bug, les principales pistes de dysfonctionnements potentiels sont celles de déclenchements en rafale d'ordres stop automatisés à partir de seuils graphiques pré-déterminés développés à une vitesse capable de nettoyer le carnet d'ordre avant la moindre suspension de cotation ou bien la suspension de cotation sur une place renvoyant l'ensemble du trafic sur une autre place de cotation. Le Nasdaq a indiqué vouloir annuler des transactions mais l'enquête en cours avec des auditions mardi à la Chambre des Représentants n'a pas encore débouché sur des éléments probants. C'est un élément qui rajoute à la défiance  et qui  n'enlève de toute façon rien au contexte pré-existant et à la faiblesse du marché, mais ... déficience dans l'organisation des marchés ou simple erreur n'auront pas les mêmes conséquences pour la confiance des investisseurs à l'avenir.

Les refuges ?

La fuite vers la qualité sur les obligations américaines s'est prolongée bien sûr mais par rapport aux points évoqués mercredi, l'or conforte son avance à plus de 1 200 $ l'once et reste parfaitement indemne par rapport aux débouclages opérés sur les actions observés plus tôt.

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 La peur

Pour la suite, la physionomie de l'indice VIX qui a pratiquement doublé en 1 semaine, laisse un terrain sous-jacent particulièrement volatil et en tout cas une configuration du sentiment de marché qui prend une nouvelle tournure.

 

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 Le déclencheur :

Pour revenir aux sources du problème à l'aide de la hiérarchisation des risques sur la dette grecque évoquée le 8 avril et reprise ci-dessous :

√ Notre évaluation des spreads grèce / Allemagne :

                 < 3 % = normalisation

                 > 3 % et < 6 % = zone sensible

                 > 6 % = zone de danger pour la Grèce  (avec début de contagion possible) 

A 9,5 % aujourd'hui, soit un niveau de sidération, le marché price toujours une restructuration de la dette et laisse peu de doutes sur les risques de contagion qui ont amené des pays comme la France à montrer à la hâte des gages de bonnes volontés sur la gestion des finances publiques de manière préventive. L'apaisement est donc encore très éloigné et il conviendra de bien valider le retour en zone de normalisation après les versements de l'UE-FMI d'ici le 19 mai.

La bourse de Paris :

Le CAC 40 chute de 4,60% et ré-édite une séance au profil identique à la séance d'hier avec un accroissement de la volatilité et une nouvelle incapacité des acheteurs à revenir sur le support laissant un gap entre 3541,82 et 3538,86 important pour la suite.

Les plus anciens d'entre vous retrouveront également une situation de sur-vente sur le RSI maintes fois étudiées les années passées en période de grand stress où sur-vente ne signifie pas forcément rebond mais également risque de rupture complémentaire dans le cas de franchissement à la baisse des supports historiques. Dans le cas actuel, le RSI a donc aujourd'hui fait voler en éclat plusieurs supports et conserve dessous une zone où la baisse pourrait encore s'accentuer en direction des niveaux atteints à 2 reprises vers 20, soit à la suite du 11 septembre 2001 et lors du Krach de janvier 2008, avec une activation qui gagnerait en probabilités pour les cours sous la zone 3 349-3 322.

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