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L’emprise, Sarah Chiche

Par Sophielit

 

« Le ciel était sale, le jour où je me suis rendue pour la première fois chez Victor Grandier.

Elle venait de mourir. Il m’avait quittée. On me méprisait.

La voiture m’a crachée sur un trottoir

Une cloche a tinté.

J’ai monté des marches, l’œil sec et le cœur cassé.

J’allais sur mes vingt-six ans. J’avais tout. Et je n’étais rien. »

Ainsi débute l’histoire d’une jeune femme tout juste divorcée (après qu’elle ait été surprise avec son amant) et qui vient de toucher un gros héritage.

Elle est passablement affaiblie et, pour son bien, ses parents la confient à un thérapeute de leur connaissance. Victor Grandier promet à la narratrice, moyennant une forte somme d’argent, une guérison inévitable suivie d’un bonheur durable.

D’abord dubitative et hésitante, la jeune femme tombe vite dans le piège habilement conçu par ce diabolique thérapeute. La manipulation est évidente, l’assujettissement total. Elle est intégralement et exclusivement sous son emprise.

Je suis, pour ma part, tombée littéralement sous l’emprise de la plume de Sarah Chiche. Et très vite – quelques pages auront suffi. L’écriture ne laisse aucun répit, les mots donnant le rythme de cette spirale infernale. Le voyeurisme du lecteur est assouvi par la décortication de la méthode de Victor Grandier, présentée sous un angle humain plutôt que médical (ce qui aurait sans doute été plus ennuyeux) : cela fascine celui qui n’a jamais fait d’analyse, et résonne probablement autrement chez celui qui a été patient ; une méthode qui coûtera près de 200.000 euros à la jeune proie…

Je me suis identifiée à cette attachante victime, diablement mal entourée et terriblement perdue. La manipulation parentale, d’ailleurs, s’avère à la réflexion bien pire que celle provenant du thérapeute.

« L’emprise » est le deuxième roman de Sarah Chiche, qui étudie la psychologie clinique et la psychopathologie (mémoire sur le thème de ” La mélancolie et le démoniaque “). J’ai assisté, à l’occasion de l’Envolée des Livres de Châteauroux il y a 15 jours, à une lecture d’un extrait de « L’emprise » par son auteur. Cela m’a convaincue, et j’ai, dans la foulée du salon, dévoré ce roman en quelques heures.

Je m’attaquerai bientôt à son premier opus, « L’inachevée ».

Sarah Chiche répondra ce mercredi aux 5 questions de Sophielit.


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