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Neslté - Greenpeace : que peut on en retenir ?

Publié le 12 mai 2010 par Stephane Degor

On avait déjà pu assister à quelques "loupés"des marques dans leurs approches des médias sociaux. Ces cas d'école ( Kryptonite/leader mondial du cadenas, la chaîne de magasins Exell déboutée à Bruxelles, l'acteur Olivier Martinez contre Presse citron...) avaient permis d'allonger la liste "bon à savoir" du community manager. Le cas Nestlé apporte de nouveaux enseignements et de nouvelles questions.

 

Nestle

Retour sur images. Depuis plusieurs semaines, Greenpeace dénonce les pratiques des sous-trai­tants de Nestlé qui, pour pro­duire l’huile de palme soit disant indis­pen­sable à l’agro ali­men­taire, sac­ca­gent la forêt indo­né­sienne et détruisent l’habitat de d'espèces pro­té­gées. Confronté à l'absence de réponse de Nestlé, Greenpeace enclenche la vitesse supérieure en utilisant les médias sociaux. Articles de fonds et pédagogiques, clip parodique et buzz sur kit-kat,  micro site mettant en relief la mauvaise attitude de Nestlé, cross linking avec des blogs militants et du matériel "ready-to-use" destiné à Monsieur et Madame tout-le-monde.Le résultat ?  des impacts négatifs à profusion pour Nestlé, déficit d’image, de réputation, impacts financiers négatifs, ...quiont été très bien décrits dans plusieurs posts (en anglais) dont celui de Fabrice Epelboin (en français) qui reprend plusieurs suggestions à destination des marques dans leur approche des médias sociaux. En complément, voici d'autres considérations que je laisse à votre appréciation et commentaires.

  1. éthique et "community management"

le WOMMA rappelle sur son site les règles du FTC (federal trade commission) "Consumers have a right to know the sponsor behind advertising messages that could influence their purchasing decisions, but key information is not always adequately disclosed in a social media context. Thus, for testimonials and endorsements delivered to consumers through social media - - whether by consumers, experts, celebrities, or organizations - - the FTC requires advertisers and bloggers to disclose all “material connections.” Such “material connections” may be defined as any connection between a blogger and an advertiser that could affect the credibility consumers give to that blogger’s statements. Important examples of “material connections” include (a) consideration (benefits or incentives such as monetary compensation, loaner products, free services, in-kind gifts, special access privileges) provided by an advertiser to a blogger, or (b) a relationship between an advertiser and a blogger (such as an employment relationship)"  .

 

En d'autres termes, pas question d’influencer le consommateur sans qu'il soit dûment informé de la nature et des raisons des « conseils » des blogs et autres pages fans... Comme le rappelle le WOMMA, cette réglementation est appelée à évoluer…on peut ainsi imaginer la mise en place d’une définition « légale » du blog, ou bien encore la suppression de la modération et/ou du filtrage des commentaires sur des pseudos blogs / sites-pages dédiées(cfr Rabobank… où j’ai tapé un commentaire « neutre » mais qui n’a pas été retenu par le gestionnaire du site ).

Cette législation US se retrouvant aussi inscrite dans certaines législations européennes, on peut dès lors se poser la question de l’évolution voire du futur des plateformes de monétisation des blogs.

  1. Que peut on / doit on attendre du community management ?

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La finalité du CM est de donner une nouvelle dimension à la gestion de relation client en la rendant collaborative et interactive. Le CM est porteur d'une dimension de gestion qui pénètre peu à peu le fonctionnement des entreprises, cette pénétration se fait à une vitesse et avec une profondeur variables selon les secteurs économiques ou les marchés ou bien encore la culture d’entreprise. Aidé en cela par la fin de la « pub à papa », le CM sera très probablement une dimension de management majeure des années 2010, comme ont pu l'être la dimension et "l'image client" dans les années 90 ou la qualité dans les années 80.

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Ces sujets, au demeurant très différents, se sont imposés aux acteurs économiques, avec pour certains une réelle difficulté à se positionner, à comprendre où en étaient les bénéfices et de quelle façon les prendre en compte. 

On sait quels impacts ces mutations ont eu sur les organisations, les procédures, les systèmes, ainsi que les modèles économiques qu'ils ont fait naître. Il est prévisible qu'on pourra faire un constat analogue sur le CM et les medias sociaux dans 4 ou 5 ans.  


   3.  Conversations ou dialogues ?

 Certains diront que je joue sur les mots. Conversation, dialogue, c’est chou vert et vert chou… pourtant. En grec, Dia ne veut pas dire «deux». mais «à travers». Pour arriver à tirer la quintessence d'une approche de community management, la transversalité est requise. il faut impliquer toute l'entreprise et ses parties prenantes, d'un bout à l'autre de la chaîne de valeur.

 Rejoindre ou même initier une conversation est un premier pas mais il n’est pas impliquant pour l'entreprise (et si il n’implique pas l’entreprise, il n’impliquera pas le client et autres parties prenantes. C'est pourtant cela l'enjeu du community management : créer une relation de confiance, un vrai dialogue avec ses parties prenantes, ingrédient essentiel de la réussite de l’entreprise.

 Certaines sociétés l'ont déjà compris, ainsi Unilever qui s'essaie à la co-creation. (comme son nom l'indique, le produit/service est conçu, façonné, produit avec le concours des parties prenantes de l'entreprise). La participation à la création du produit/service favorisant l'adhésion, le produit/service se retrouve sur le marché nanti d'une communauté dévouée à sa cause.  Ou bien encore freebeer,des passionnés de bière qui réalisent des nouvelles recettes sous une licence creative commons qu’ils proposent aux brasseurs.

 C'est aussi sur ces principes de transparence et de collaboration que fonctionne la solution de "Get Satisfaction". Un modèle qui préfigure la relation client de demain. Une relation fondée sur un dialogue continu, transparent, honnête et interactif.

  1. L'entreprise doit se préparer au changement

Ne nous méprenons pas sur ce que préparation signifie. Il s'agit moins d’avoir des scénarios de communication (car en définitive « a bull dog with a lipstick is still a bull dog ») que de mieux comprendre le phénomène des médias sociaux et des bouleversements de modèle qu'ils provoquent sur sa manière d’opérer, ses profits, ses processus, ses relations avec les autres , …..

Un aspect important de cette préparation est liée au dimensionnement des risques et des opportunités. Quand on sait ce que l'on peut gagner (ou perdre), on sait ce que l'on peut investir pour réaliser ce gain (éviter la perte)….. Entre la pres­sion des consom­ma­teurs et une menace de rup­ture avec sa chaîne d'approvisionnement , Nestlé va devoir faire des choix dif­fi­ciles, et des mil­lions d’observateurs sont désor­mais attentifs au moindre mouvement de la multinationale Suisse.

 A l’inverse de l’impréparation de Nestlé, on peut noter l’initiative de Wall Mart qui en juillet 2009 a décrété une revue générale de tous ses fournisseurs ( + de 100.000 ) avec l’obligation pour ceux-ci de satisfaire à un cahier des charges respectant des contraintes de développement durable, d’éthique et de responsabilité sociétale.

 La stratégie gagnante n’a pas changé au cours des siècles…prévoir et anticiper.

 Bonne journée à tous et toutes

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