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Hallu-ciné (3)

Publié le 16 mai 2010 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou

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Tarantino a inventé le recyclage au cinéma : bonnes idées, acteurs oubliés, musique, le plus cinéphile des réalisateurs récupère tout. Voici une petite sélection d'oeuvres plus ou moins connues qui l'ont inspiré.

Cercle de fer (The silent flute ou Circle of Iron, Richard Moore, 1978)

David Carradine qui joue des airs mélancoliques sur une longue flûte de bambou, ça ne vous rappelle rien ? "Kill Bill", gagné ! A l'origine, un scénario imaginé par Bruce Lee en 1969, pour un film ambitieux qui devait lui ouvrir les portes de la gloire. Steve McQueen, à qui le petit dragon donnait des leçons d'arts martiaux, était pressenti pour tenir le rôle principal. Suite à son refus, Lee s'est tourné vers un autre de ses élèves, James Coburn, qui a accepté et a participé à l'écriture du scénario. Pour différentes raisons, notamment une brouille entre Coburn et Lee, le film n'a jamais pu être tourné avant la mort de ce dernier en 1973. Le projet est ressorti des cartons en 1978, pour un résultat, comment dire, surprenant... Cord, une sorte d'Eddie Van Halen en pagne de peau, parcourt le monde pour participer à des tournois d'arts martiaux, dans le but de devenir l'élu qui doit affronter Zetan, le gardien d'un mystérieux livre (de nos jours c'est quand même plus simple, avec la Fnac ou Amazon...). Il doit surmonter différentes épreuves initiatiques pour mener à bien sa quête. Le film rassemble une pléiade d'acteurs de renom, et honnêtement, on se demande ce qu'ils font là : David Carradine, qui n'arrive pas les mains vides, puisqu'on dirait qu'il a offert aux producteurs toutes les phrases pseudo philosophiques refusées pour son maître Po dans la série "Kung Fu" ; Roddy McDowall (qui lui a dû pouvoir récupérer quelques costumes de singes  usagés après le tournage de "La planète des singes") ; et puis aussi Christopher Lee, Eli Wallach (enfin là, j'ai des doutes... Il est crédité au générique, pourtant je ne l'ai pas vu. Et je ne me suis pas endormi, juré ! En plus, il est censé incarner un homme qui vit dans un tonneau à demi rempli d'huile, pour se débarasser de la moitié inférieure de son corps et être ainsi libéré de l'emprise sur son esprit de ses parties génitales. Comment aurais-je pu râter ça ???). La grande question que le spectateur se pose en regardant le film, ce n'est pas "Quel est le secret renfermé dans le livre ?" mais plutôt "Comment les acteurs ont pu tourner ça sans éclater de rire à chaque prise ?". C'est tellement nul que sans en devient génial ! Et si derrière vous vous faites "Zardoz", avec un Sean Connery dégarni, moustachu et en Pampers, vous passerez une extraordinaire soirée de cinéma !


Les pirates du métro (The taking of Pelham One Two Three, Joseph Sargent, 1974)

Vous avez adoré "Reservoir dogs", et particulièrement la façon qu'ont les personnages de se donner du Mr. Pink, Mr. Brown, etc. ? Vous pensiez que Tarantino avait imaginé ça suite aux nombreuses parties de Cluedo qu'il a disputées avec ses copains dans sa jeunesse ? Ben non. Il a pompé cette idée géniale dans ce petit thriller sans prétention qui fleure bon les 70s. On connaissait les pirates des mers, les pirates de l'air, eh bien maintenant il y a des pirates sous terre. Quelle ambition. Comme si le métro, ce n'était déjà pas suffisamment pénible, avec les grèves, le gars qui passe dans les rames en jouant tout Balavoine à l'accordéon, le voisin dont les aisselles ne sont pas entrées en contact avec un stick déodorant depuis huit jours, etc. Donc, messieurs Bleu, Vert, Gris et un quatrième dont j'ai oublié le nom s'emparent d'un wagon de métro et menacent d'exécuter les passagers si on ne leur verse pas une rançon d'un million de dollars. Particularité amusante, les quatre bandits sont des sosies de Marcel Zanini (oui, et ils portent aussi des noms de couleur, merci de suivre). Pour les contrer, un lieutenant de la police du métro, affublé d'un gros nez et d'une cravate qui décolle la rétine. Le gros nez appartient à l'immense Walter Matthau, parfait en flic un peu désabusé. Le chef des méchants qui lui pourrissent sa journée, c'est Robert Shaw, qui incarnait le tueur popov qui voulait balancer James Bond hors d'un train (les transports en commun, déjà) dans "Bons baisers de Russie". Ma scène préférée ? Celle où les flics rassemblent la rançon, comptent les billets, assemblent les liasses, avec en fond sonore une tuerie funky, "Money montage" du compositeur David Shire. "Tu t'es jamais demandé combien de fois il faut se mouiller le pouce pour compter tous ces biffetons ?"

Une poignée de salopards (Quel maledetto treno blindato, Enzo G. Castellari, 1978)

Si je vous dis que le titre américain est "The inglorious bastards", vous aurez compris quel film QT en a tiré. C'est le genre de film où le scénario n'est qu'un prétexte pour aligner fusillades et explosions. L'histoire : en France, en 1944, un groupe de déserteurs américains parvient à échapper à la police militaire et tente de gagner la Suisse. En chemin, ils butent un nombre incroyable d'Allemands. Qu'est-ce que ça aurait été s'ils avaient choisi de participer activement à la guerre !

L'un de ces pourfendeurs de Teutons, c'est Fred Williamson, qui a été l'un des grands de la blaxploitation ("Le parrain de Harlem", "Casse dans la ville") avant de boucler ses valises, direction le soleil de l'Italie, pour tourner quelques films qu'il doit aujourd'hui avoir honte de montrer à ses petits-enfants. Il retrouvera un peu de dignité dans "Une nuit en enfer", aux côtés de Tarantino. Ici, son rôle consiste à abattre des vagues d'Allemands avec sa mitraillette qui se recharge toute seule, tout en mâchouillant un gros cigare. La distribution comprend aussi Michel Constantin, dans le rôle d'un membre de la Résistance, Véronique (c'est un nom de code, hein, n'allez pas l'imaginer courant dans la campagne en jupon en dentelle) et Bo Svenson, un autre acteur oublié des années 70  que ce grand sentimental de Tarantino fera tourner dans Kill Bill 2. Deux mots sur son rôle : abattre des vagues d'Allemands avec sa mitraillette qui se recharge toute seule, le regard dissimulé par ses lunettes aviateur.

L'Italien Enzo G. Castellari est un vrai touche-à-tout du cinéma : scénariste, producteur, acteur, réalisateur, monteur. Il paraît même qu'il préparait un délicieux café sur les plateaux et que sa choucroute était un régal. Sa filmographie est longue comme un spaghetto, alors forcément le pire (Les guerriers du Bronx, par exemple, avec Fred Williamson - qu'est-ce que je disais plus haut) côtoie le meilleur (Keoma, avec Franco Nero). Attention : le générique peut provoquer des lésions irréversibles de la vue. 

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