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La Croisette tombe à genoux

Publié le 19 mai 2010 par Beniouioui

BeniNews le dit depuis la création de ce blog : l'actu est toujours spirituelle. Cette semaine, les people de Cannes, les festivaliers qui courent de soirées arrosées en soirées dénudées, les professionnels du septième et influent art, ont pu voir en primeur un film étonnant de Xavier Beauvois : Des Hommes et des Dieux.

La fin tragique des moines trappistes (Ordre Cistercien de la Stricte Observance) de Tibhirine en Algérie. Une histoire sainte de martyres. Un testament spirituel.

Le monde est en quête de sens, le cinéma aussi...

Saint Benoit rappelait dans le Prologue de sa Règle (que suivent les moines trappistes) :"Si tu veux jouir de la vie véritable et éternelle, garde ta langue du mal et tes lèvres de toute parole trompeuse ; détourne-toi du mal et fais le bien; recherche la paix et poursuis-la."

La paix... La paix en terre d'Islam. La paix entre les hommes. La paix avec soi-même.

Frère Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, avait laissé à sa famille en 1994, deux avant le drame, ce testament spirituel prémonitoire :

"S'il m'arrivait un jour - et çà pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays.
Qu'ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal.
Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ?
Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat.
Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre.
Elle n'en a pas moins non plus.
En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance. J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout coeur à qui m'aurait atteint.
Je ne saurais souhaiter une telle mort.
Il me paraît important de le professer.
Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut-être, la "grâce du martyre" que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam.
Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement.
Je sais aussi les caricatures de l'islam qu'encourage un certain islamisme.
Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes. L'Algérie et l'islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans.
Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : "qu'il dise maintenant ce qu'il en pense !".
Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.
Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout.
Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes soeurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !
Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet "A-DIEU" en-visagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN ! Inch'Allah."
   

Entre Pâques et Pentecôte, les Apôtres eurent peur. Craignant la répression, ils se barricadèrent au Cénacle. Ils doutèrent même.
Mais comme Dieu l'avait promis, Son Esprit Saint descendit sur eux et les poussa dehors.
Depuis lors, la Parole de Dieu fut annoncée au monde.

La fête de la Pentecôte qui approche nous rappelle que l'Amour de Dieu gagne. Que Sa Parole doit être enseignée partout, y compris dans des terres hostiles. Que les Hommes y aspirent et peuvent s'en nourrir... en paix.

Après un désaccord, faire la paix avant le coucher du soleil.
Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
 
(Règle de Saint Benoît - chapitre 4)
 


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