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Se faire bien voir dans son entreprise : mode d'emploi - Mon Interview Management-Coaching pour Fémi 9

Publié le 19 mai 2010 par Sophie Richard-Lanneyrie

Une de mes interview en Management-Coaching pour le magazine Fémi 9 (Sept-Nov 2009)

 Se faire bien voir dans son entreprise : mode d'emploi

 Optimiser ses compétences, booster son efficacité, atteindre ses objectifs...comme le sportif de haut niveau, le cadre moderne fait aujourd'hui souvent appel à un coach pour démultiplier ses performances à travers une révélation de son potentiel.

"Le coaching" de Sophie Richard-Lanneyrie, publié aux Editions "Le Génie des Glaciers", explique ce qu'est le coaching, à quoi sert un coach.  Il présente les différentes approches du coaching et les techniques utilisées par les coachs.

 

Gilles, 51 ans, steward pour Air-France

Je travaille chez Air-France depuis 26 ans et j’ai souvent eu l’habitude d’opérer en première classe car j’aime le côté prestigieux de nos produits et services. Je disposais en guise de décoration, de magnifiques compositions florales qui rendaient la cabine plus attrayante. En fin de vol, lorsque nous arrivions à Paris, nous devions ranger ce bouquet dans un placard au fond de l’avion. J’ai récupéré les fleurs, à plusieurs reprises, dans le but de les offrir à mon chef de secteur pour lui faire plaisir et pour qu’il agrémente son propre bureau, au sol. Ce geste me permettait de garder un contact direct avec ma hiérarchie, de me distinguer et de pouvoir espérer un jour bénéficier d’un petit coup de pouce favorable à mon avancement professionnel. J’ai depuis participé aux UV pour devenir chef de cabine, j’ai passé mes examens et obtenu une note favorable mais lorsque j’ai sollicité l’appui du supérieur auquel j’avais fait les petits cadeaux, pour qu’il encourage mon dossier, je ne l’ai pas reçu puisqu’il avait été muté sur une autre destination…

Commentaire du coach : Tout le monde aime recevoir des signaux de reconnaissance de sa hiérarchie, les compliments et les remerciements de ses chefs. Avec Gilles, nous sommes ici en présence de quelqu'un qui mélange affectif et professionnel : il mise tout sur les rapports de séduction (lorsqu'il lui offre des fleurs à son manager par exemple). Cela pourrait même apparaître pour du « fayotage » avec pour résultat : se faire mal voir par des collègues agacés. C'est une erreur, en effet, de faire valoir la forme plutôt que le fond. Dans le cadre professionnel, il faut être reconnu pour ses compétences, sa valeur, son savoir-faire...ce pour quoi on a été embauché. C'est cela qu'il faut mettre en relief. En se montrant irréprochable et en faisant bien son travail, c'est ainsi que l'on peut devenir indispensable et gagner l'estime de ses supérieurs !

Sabine, 40 ans, manager RH dans le secteur bancaire

Dans le cadre de mes fonctions de responsable des ressources humaines, j’organisais des événements qui avaient pour objet de maintenir une ambiance de travail agréable et motivante, voire de redonner du sens et de la cohésion dans des moments plus difficiles. A sa création, l'entreprise ne comptait que peu de salarié et le lancement représentait un véritable challenge. Les premiers succès commerciaux étaient célébrés sur la terrasse avec une coupe de champagne. Certains usages se sont progressivement installés : chaque collaborateur fêtait son départ en congé (ou son retour à sa convenance), sa fin de stage, son embauche, ... en offrant à tous (une bonne cinquantaine !) le petit déjeuner : des viennoiseries ou pâtisseries de sa confection. Quelques récalcitrants n'ont jamais participé mais ne se privaient pas de dégustation… Cette habitude était totalement informelle mais encourageait la convivialité. Notre belle terrasse nous permettait aux beaux jours d'organiser des barbecues qui étaient l'occasion de se retrouver dans un contexte détendu. Chaque hiver je me chargeais d'organiser un week-end au ski agrémenté d'une activité un peu fun (descente en luge de nuit, ...) qui ont laissé à tous de bons souvenirs. Pour aucun de ces événements il n'y avait de sélection quant aux participants (stagiaire, intérimaire, responsables, tout le monde était convié). Je pense toutefois que le succès de ces initiatives résidait principalement dans la participation des dirigeants, ce qui représentait un message fort pour tout le monde. 

Commentaire du coach : Il est important dans une entreprise de renforcer la cohésion du groupe et de créer du lien entre les salariés à l'intérieur de l'entreprise. Le salarié doit se sentir à l’aise dans son entreprise. Il existe beaucoup d'occasions qui se prêtent à ce genre de pratique : depuis le pot du départ en retraite ou l'accueil d'un nouveau salarié, aux fêtes de fin d'année en passant par l'anniversaire de création de la société...Tout cela sont autant de moments privilégiés pour rassembler une équipe autour d'un verre. Sabine en organisant ces évènements créée des rencontres privilégiées dans un cadre informel ce qui permet aux salariés de mieux se connaître et d'apprendre à s'apprécier. Au sein d'une entreprise, la motivation du personnel est devenue une valeur clé et un facteur fondamental de réussite face à la mondialisation et à la compétition qu'elle impose. Devant les mutations de l'univers économique (globalisation, fusions, acquisitions...), le travail change de sens et se réorganise. Il est donc essentiel que les salariés se sentent appartenir à un groupe afin de garder leurs repères et de se sentir valorisés. Le maître mot est donc de stimuler la productivité en augmentant le dynamisme et le rendement du personnel. Pour cela, le manager a, à sa disposition différentes possibilités : à coté, des « pots » et de l'ambiance festive qui régnait dans l'entreprise de Sabine et des voyages ou incentives souvent organisés, les dirigeants ont, à leurs dispositions, toute une panoplie qui leur permet de motiver leur troupe : les séminaires, les conventions pour renforcer l'appartenance au groupe et transmettre des informations ; les voyage pour remotiver l'équipe ; le chèque cadeau ; les séjours à thème (week-end « commando », mini-raid...) pour créer un esprit solidaire entre les membres du groupe. D'autres techniques de management peuvent être envisageables : modifier les tâches pour les rendre plus motivantes ; appliquer un management participatif en favorisant la délégation, en renforçant l'esprit d'équipe, en fidélisant les salariés de plus en plus mobiles géographiquement ; intensifier les efforts au niveau de la communication interne en mettant au point des stratégies pour valoriser les salariés et leur entreprise ; renforcer la culture d'entreprise afin d'accentuer la cohésion entre les salariés et l'entreprise. De leur coté, il est primordiale que les salariés, dont la place au sein de l'entreprise évolue, intègrent leurs objectifs personnels à ceux de l'organisation, participent aux risques qu'elle prend et adhèrent à la philosophie de l'entreprise. Tout cela explique le succès des initiatives de Sabine, auquel il faut ajouter une présence essentielle : celle du dirigeant qui, en participant descend de sa tour d'ivoire et montre sa capacité de s'adapter aux attentes des salariés et sa volonté de chercher à les comprendre et à les satisfaire.

Christelle, 38 ans, technicienne supérieure et coordinatrice de production aux Hôpitaux de Paris

J’étais en vacances lorsque nos locaux professionnels ont subis une tres grosse inondation. Les bureaux ainsi que le matériel contenu dans les lieux de productions étaient menacés d’une forte détérioration. Mon équipe m’ a téléphoné pour me prévenir et pour obtenir les coordonnées de notre directeur afin d’aviser les hautes instances de l’entreprise de la catastrophe. Malgré mes congés, je n’ai pas hésité à me déplacer. Je suis retournée sur mon lieu de travail 2 jours pour constater l’ampleur des dégâts mais surtout pour réorganiser le travail de manière à réaffecter les taches rapidement, à mettre des mesures préventives et correctives en place et à décider d’un nouveau planning prévisionnel pour le mois à venir. J’ai consacré un peu de temps de mes vacances parce que j’ai pu me rendre disponible, que je n’étais pas partie en voyage et que je ne concevais pas laisser mon équipe dans l’embarras. Je pense que ma présence était nécessaire et que de toute façon, si je n’avais pas réagie immédiatement, j’aurai écopé des conséquences négatives plus tard.

Commentaire du coach : Christelle a fait preuve de conscience professionnelle et n'a pas hésité à empiéter sur ses vacances pour aller résoudre un problème qu'elle estimait faire partie de ses compétences. Elle ne recherche pas de reconnaissance particulière, elle a jugé sa présence nécessaire à la bonne résolution du problème. Ce faisant, elle se reconnaît comme une composante de l'entreprise contribuant à la pérennité de celle-ci. Cela permet à Christelle d'exister et de se faire reconnaître à sa juste valeur tant en terme d'individu qu'au niveau de ses réalisations professionnelles. En outre, Christelle travaille avec une équipe, son initiative montre la coopération qui existe entre les membres de cette équipe. Cela renforce la cohésion du groupe et la reconnaissance de ses collègues. La convivialité et le bien vivre ensemble étant un axe important de développement pour une entreprise.

Eric, 40 ans, responsable des ventes

Je travaille pour une société spécialisée dans les photographies scolaires depuis plus de 15 ans. Je possède un véhicule de fonction pour effectuer les nombreux déplacements inhérents à mon poste. Malheureusement j’ai subi un accident qui a endommagé et immobilisé ma voiture professionnelle. J’étais en week-end lorsqu’un photographe, qui dépendait de mon secteur, me contacte pour me faire part d’un problème technique. Il habitait à 250 kilomètres de mon domicile. Je me suis déplacé le samedi après-midi, en dehors de mes horaires de travail, avec mon véhicule personnel, pour l’aider à résoudre son problème afin qu’il soit opérationnel le lundi matin. En retour, mon PDG, n’a pas daigné me remercier. Je n’ai même pas été remboursé des frais engendrés par le déplacement !

Commentaire du coach : Contrairement à Christelle, Eric attend une reconnaissance professionnelle puisqu'il regrette le manque de remerciements de son patron. Eric a cru bien faire puisque ce photographe dépendait de son secteur mais son initiative dépasse le cadre professionnel puisqu'elle a lieu pendant le week-end, en dehors de ses heures de travail. Eric n’a pas été valorisé pour son initiative, il ressent donc une dépréciation qui peut entraîner une démotivation et un isolement résultant de l'incompréhension vécu par Eric. Eric sait-il, précisément, ce que son supérieur hiérarchique attend de lui ? N’y a-t-il pas décalage entre son effort et le sentiment qu'il a de ne pas être « payé » en retour » ? Récompense matérielle (remboursement des frais dépensés), mais aussi individuelle, « existentielle ». Ce témoignage montre l’importance d'expliquer au salarié ce qu’on attend de lui. En management, il est essentiel de laisser au salarié une marge de manœuvre et considérer la contribution qu'il a apportée. Dire à Eric que ce qu'il a fait est bien aurait été une façon de valoriser son initiative. L'entreprise est composée de femmes et d'hommes. L’Homme doit donc être mis au centre des préoccupations de l’entreprise. Un manager ne doit donc pas seulement se contenter de gérer une stratégie, il doit également s'occuper de l'humain et donc savoir gérer des émotions. C'est une façon de restaurer le capital confiance et de valoriser l'individu, donc de favoriser son épanouissement personnel et professionnel.


Charles, 41 ans, ouvrier à l’université de Paris-Jussieu

Récemment j’ai passé un concours pour devenir surveillant pénitencier. J’ai réussi la première épreuve, j’étais donc admissible à la deuxième épreuve. Malheureusement j’ai échoué et je n’ai donc pas obtenu mon concours. Quand mes collègues et mon supérieur de service m’ont demandé où j’en étais de mon projet d’évolution de carrière, j’ai répondu que j’avais eu mon concours, que je pouvais travailler ailleurs mais que finalement je préférais rester parmi eux. J’ai mis la société dans laquelle je travaillais sur un piédestal et j’ai choisi de laisser penser à ma hiérarchie que je restais par envie et par conviction, après avoir pesé le pour et le contre de ma décision. Je ne sais toujours pas aujourd’hui si ce mensonge a été cru mais je n’ai pas noté d’amélioration particulière quant à ma considération au sein de l’équipe.

Commentaire du coach : Le besoin d'évoluer dans sa carrière professionnelle est essentiel. Charles, ouvrier à l'université de Jussieu (Paris) décide de passer un concours pour devenir surveillant pénitencier. Cela correspond-il à une motivation profonde ? Au départ, il faut, en effet, bien réfléchir à l'évolution professionnelle telle que l'on l'envisage à court, moyen et long terme et s'assurer que son projet est clair et réaliste et en accord avec sa personnalité, ses compétences, et ses motivations profondes. Charles a raté son concours mais n'a pas eu le courage de l'avouer à ses collègues et à son supérieur hiérarchique. Il a préféré mentir. Ce n'est pas la bonne décision. Assumer un échec n'a rien de déshonorant, ni de honteux, bien au contraire. L'échec fait partie des expériences de la vie. Il faut apprendre à le gérer et à s'en servir pour grandir.

 Nathalie, 47 ans, assistante de direction

Fraichement recrutée dans l’entreprise, au bout de 15 jours d’ancienneté, j’ai voulu remanier l’organisation des différents services administratifs. J’ai donc pris des initiatives pour changer l’aménagement des bureaux, j’ai ordonné une nouvelle façon de rangement et imposé d’autres méthodes de travail. Ma démarche, soudaine et novatrice, n’ayant pas été concertée avec mes collègues, a été extrêmement mal perçue. Je me suis rapidement retrouvée avec tout le monde à dos, ce qui a conduit à mon licenciement 2 mois plus tard…

Commentaire du coach : Le plus important et le plus difficile est de s'intégrer dans l'entreprise. Prendre un nouveau poste comporte des risques. Se préparer à la prise d’un nouveau poste implique de garder à l'esprit que vous repartez à zéro : personne ne vous connaît et vous ne pouvez pas vous reposer sur votre réputation. Durant les premiers mois, difficiles, vous avez beaucoup d'informations à intégrer et il vous faut être opérationnel le plus rapidement possible. Cela peut occasionner un stress supérieur à l'ordinaire.  L'erreur de Nathalie est d'avoir voulu tout changer tout de suite. S'il est indispensable d'apporter sa touche personnelle (surtout si l'on remplace un autre salarié qu'il faut faire « oublier »), il ne faut pas changer ce qui fonctionne mais seulement modifier ce qui peut être amélioré. Et encore pas tout de suite. Au préalable, il faut bien connaître le fonctionnement de l'entreprise et les relations des salariés entre eux. C'est pourquoi les premières semaines doivent être consacrées à l'observation afin d'intégrer la culture d'entreprise (pauses café, dress-code, habitudes de travail, mode d'organisation des réunions...etc). Chaque entreprise possède ses propres « rites » qu'il faut connaître et auxquels il faut savoir se plier. L'important est de vous intégrer et de ne pas risquer d'être jugé distant par vos collègues. Si vous occupez un poste d'encadrement, soyez sociable et disponible et montrez à votre équipe l'attention que vous portez à chacun des collaborateurs. Il ne faut pas oublier de convaincre le manager. Il faut pouvoir faire le point avec lui, lors de rencontres régulières, pour vous adapter à sa façon de fonctionner et éviter tous malentendus. C'est à lui de faciliter votre intégration au sein de votre nouvelle équipe en vous expliquant comment fonctionne l'entreprise, ses habitudes, son histoire…et en expliquant votre présence à vos collègues...

Propos recuillis par Géraldine Bourcier, Journaliste à fémi 9.


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