Magazine

still feel connected

Publié le 16 avril 2010 par M.
Tu sais pourquoi je pars ; pour ne pas être celle qui reste quand il n'y a plus personne. Tu sais qui paies ce foutu train, hein. C'est le plus drôle dans cette histoire de fous, cette blague à moitié drôle. Il y a quelque chose de quasi religieux dans cet argent, et tu sais quoi, j'aurais pu aller n'importe où mais non, je vais là bas, j'honore des liens qui ne me touchent même pas, et si tu me demandes pourquoi, je serais capable de te répondre : pour faire ma lessive. Je pourrais te dire : pour manger correctement. Bien sûr, qui irait se douter que mon frigo est déjà plein, et mon linge plié - personne. Mes étagères : pleines. Mes draps propres. Tu sais, les gens ont perdu jusqu'à l'habitude de m'inviter, ça fait un peu mal parfois. Je pense à tout ça, et je me dis ; si ce mec en est là, c'est qu'il va crever. Oh l'ironie mon gars, de qui tu crois que je tiens ça, l'habitude de sauter à la gorge une fois à genoux le canon sur la tempe. De marcher au bord de la chute. Quelque chose de malsain à enfoncer les touches du distributeur sans éprouver de remord. Il tente encore de m'attraper le bras, la main, et moi, j'aurais préféré l'écraser moi même. C'est trop tard pour aimer, bâtard, et c'est même pas ça : c'est qu't'as peur, tu flippes à mort, t'as les tripes à l'air, sans déconner, tu l'as pas vu passer le point de non retour ? On se croirait dans un mauvais film américain, sauf que, ça ne va pas marcher. T'as fait ton temps, c'est tout. T'as raté ta chance. Admet le. Corollaire oblige, je me souviens où commencent les cauchemars : une boîte en plastique noire dans laquelle cognent des billes et quelqu'un en voix off qui dit : Laisse moi faire. Qui dit : donne moi ton vice. Qui dit : j'irais plus loin. Ma propre voix détimbrée répondant par la négative, en boucle. Avance rapide sur le rebord d'une fenêtre, sursis. Pause. Fracture. Il y a de la musique et des rires, les gens ont l'air de s'amuser. Tous, je vous ai vus le regard plus affreux que la mort et l'image reste, impression longue durée sur rétine cramée. Ma sainte trinité l'âme comme un ballon percé. Mais le plus tranchant dans ces rêves, c'est pas encore ça : c'est de savoir qu'il n'y a absolument, absolument aucune chance de les sauver. Et d'essayer quand même. C'est de savoir que toi aussi, tu vas y passer, et d'avoir encore de l'espoir. Lancinant. Tout au fond. Dans ma tête j'héberge une joyeuse colonie de meurtriers, mais ça va, tu sais. Une nuit en vaut bien cinq. Ce sont rarement les personnes dont vous voudriez des excuses qui vous en donnent. Ce sont rarement ceux que vous avez pardonné qui vous le demandent. Plus généralement, on ne vous dira pas ce que vous avez envie d'entendre. Ce que vous imaginez est exactement ce qui ne se produira pas. Et alors quoi ? Je ne suis pas fâchée, je ne condamne pas. Je suis très exactement là. La porte grande ouverte, c'est dingue comme les choses changent, et certains cessent de venir, d'autres reviennent. Ce sont ces choses que l'on voit mais qui restent hors de portée, incontrôlables. Une écran bleu ponctué de traits ; les flux de lumière. Dis moi, comment je suis supposée me sentir ? Parce que, ça va plutôt bien tu vois. Est ce que c'est juste ? Est ce que j'ai raison ? Dis moi. Est ce que je ne suis pas plutôt sensée me laisser envahir par la marée puante des tripes noires de l'humanité ? Parce que, je m'en tape. Je ne suis pas un territoire à conquérir ou un trophée de mortelle chasse à l'homme. Dis moi, est ce qu'il n'y a pas une loi qui interdit d'être heureux ? Tu sais, ça n'a pas d'importance ; il n'y a que des pirates, ici. Même en solitaire, la corde ne se brise pas, c'est effarant.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


M. 6 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte