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Des Hommes et des Dieux

Publié le 23 mai 2010 par Mg

Xavier Beauvois nous revient après son Petit Lieutenant pour un drame tiré de faits réels. Un film en soutane sur l’Algérie des années 90′, celle de la guerre civile et des attentats, mais aussi celle du peuple et d’un quotidien pris en étau dans un conflit à l’issue fatidique pour sept moines français.

L’histoire est tristement célèbre, celle des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie qui décidèrent de rester sur place malgré les dangers liés aux attentats envers les occidentaux, et la pression de l’armée algérienne. Ces huits moines, aux convictions bien fondés, vivent en harmonie avec le village voisin, aidant ses habitants et ne tirant bénéfice que de leur propre agriculture. Un mode de vie paisible, dédié à son prochain, dans les magnifiques paysages de l’Atlas. Mais leur choix se retrouve confronté à la guerre qui fait rage entre des factions terroristes dont les cibles sont entre autres les occidentaux (intégrés ou non), et une armée aux méthodes peu reluisantes. Difficile moment pour ces religieux, qui vont faire le choix de rester, avec une conséquence terrible puisqu’ils seront finalement enlevés et assassinés en 1996.

Beauvois ne tombe pas dans le piège facile qu’aurait pu constituer ce film aux dimensions religieuses et politiques indéniables. Le réalisateur préfère se concentrer sur ses vies d’hommes, sur leur choix personnel. Très sobrement, nous suivons donc leur vie au quotidien, l’impact de leur travail sur leur communauté (notamment auprès de leurs voisins), et leur réflexion quand au fait de devoir céder à la pression environnante ou non. Laissant donc la discussion globale pour une autre fois, Xavier Beauvois parvient donc en deux heures de film à concentrer son histoire sur des idées simples mais efficace, principalement focalisées sur la décision de chacun de quitter le groupe, et la confrontation de chacune de ces prises de position, à travers plusieurs réunions qui découleront sur un consensus : rester. Servi par un groupe d’acteurs très solides (Michael Lonsdale, un Lambert Wilson bien plus convaincant que dans le Tavernier…), ce long métrage parvient à placer à hauteur d’homme pour un drame aux ramifications plus importantes. On regrettera uniquement le dernier quart d’heure, fatidique mais inutile si on s’en tient au cœur du film (le choix de hommes). Mais pour une fin forcément sombre, Beauvois met en images l’intégralité du récit, sur une dernière scène pleine d’une poésie fatale, sans nous laisser la possibilité d’échapper au dénouement tragique. Un film maîtrisé donc, et une pleine réussite.


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