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Ndack Kane : L'exil

Par Gangoueus @lareus
Ndack Kane : L'exilMarième et Ousmane sont deux jeunes étudiants partis de Dakar pour poursuivre leurs études en Occident, respectivement dans les villes de Montréal et Paris. Ils sont de la même génération, ils ont des amis communs, mais ce sont leurs parcours respectifs que Ndack Kane nous propose de suivre.
Pour cela, Ndack Kane choisit d’alterner des séquences de vie, les états d’âme respectifs de Marième et Ousmane à des moments cruciaux de leur existence. Les ruptures entre les différents épisodes sont parfois difficiles à identifier. Mais cela fonctionne comme de véritables shortcuts où l’on voit l’identité de ces deux étudiants se façonner au gré du climat agressif du Grand Nord, de l’individualisme forcené des sociétés occidentales, du rythme infernal des petits boulots et des cours. A côté d’eux évoluent une constellation de personnages faisant partie de leur univers. Etudiants canadiens, français, africains, amis d’enfance, compagnons de lutte, sénégalais ayant immigré de longue date.
Ndack Kane n’approfondit pas forcément le lien entre les différents personnages. Ce qui est intéressant sous sa plume, c’est la réflexion sur le positionnement de ses personnages entre la France, l’Amérique du nord  et le Sénégal (par extension l’Afrique). La question du retour, celle de l’intégration dans les sociétés d’accueil, très différente suivant que l’on est France ou au Canada. Ce regard venu d’Amérique du nord sur les rapports délicats de la France avec son immigration postcoloniale est acéré.
Marième voit sa personnalité évoluer de manière importante face à ce choc de culture. Alors qu’Ousmane tente de rattraper à Dakar tout ce qu’il a perdu pendant son exode estudiantin en France.
J’ai donc aimé ce roman. Parce que les analyses que dresse l’intellectuelle sénégalaise me touchent forcément. La solitude de l’étudiant revenu d’Afrique dans une chambre de cité universitaire pendant l’hiver même doux du sud de la France, on a connu cela. L’incompréhension des collègues d’amphi l'obligation de faire des boulots sous qualifiés, de griller l'été dans des plantations ou encore les contraintes de l’administration à l’endroit des étudiants étrangers, on a vécu sinon entendu parler… Et naturellement, les questions que certains se  posent :
« On rentre ? Pourquoi rentrer ? Suis-je chez moi ici ? Faut-il filer vers d’autres eldorados : Londres ? Québec ? Montréal ? Quelle est la meilleure solution pour moi, mes proches, mon ou mes pays ? Et le bled, c'est comment?»

Ce qui est très  intéressant, et je conclurais sur ce sentiment que j'ai eu au moment où je terminais cet ouvrage, c’est la fragilité de ces personnages, une absence de certitudes pour la plupart d’entre eux. Le questionnement a du bon, c’est cette piste que propose Ndack Kane.
Ndack Kane, L’exil – Partis trop tôt, trop loinEdition Phoenix, 1ère parution en 2009, 202 pages
Ndack Kane : L'exil
Voir une critique sur Touki Montréal et écouter une interview de Ndack Kane sur CinéAfrique.org

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