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Biutiful

Publié le 23 mai 2010 par Mg

On aime beaucoup Alejandro Gonzalez Innaritu. Correctif : on a beaucoup aimé. Amours Chiennes et 21 Grammes, c’était très bien. Babel, c’était moyen bien. Tout le problème étant que le réalisateur, doué, continue d’explorer la même veine socialo-dépressive, portaits contemporains d’hommes et de femmes magnifiquement mis en images. Mais son rythme se fissure, et la tendance à la passivité scénaristique s’accentue. Biutiful en est le parfait exemple ; un film soupir.

Biutiful, comme l’écrit le fils du héros, c’est l’histoire d’Uxba, petit caïd du coeur de Barcelone, et accessoirement communiquant avec les fantômes. Uxbal est le lien entre les différents milieux, que ce soit le travail au noir sur les chantiers, les ventes sauvages aux touristes par les immigrés clandestins, les ateliers remplis d’asiatiques cachés dans des sous sols.. A chaque fois, il prend soin des gens et touche sa part. Oui, évidemment Uxbal a un grand coeur, que ce soit pour sa famille ou ses petites gens qui sont exploités (et il y participe, saisissons l’ironie de la chose). Mais il faut bien vivre.. Ou pas, car Uxbal se voit diagnostiquer bien trop tard un cancer qui le dirige tout droit vers la tombe. C’est parti pour deux heures d’un mélodrame insupportable.

On avait déjà beaucoup suivi l’agonie de Cate Blanchett dans Babel, on aura donc deux heures de Javier Bardem (qui, égal à lui-même, est magnifique en vieux taureau tournant en rond dans l’arène avant le dernier combat) dans sa lente agonie, refusant la mort puis ordonnant les choses avant son départ. Et tout ne sera pas simple, de la pression policière sur certains employés aux accidents sur les immigrés clandestins, à son frère un peu fêtard ou son ex-femme ne s’occupant pas des enfants. Uxbal est un vrai amoureux, de ses enfants aux laissés pour compte, et le film noie tout ce pathos dans un mélange d’amour et de désespoir (de dépression?) forcément poussé au maximum. Ce qui nous laisse avec chaque scène remplie d’une mélancolie et du savoir que la fin, inéductable et prévisible, conduira notre héros à expier ses quelques crimes avant de rendre son dernier souffle. L’apparition d’un certain côté fantastique aurait pu rendre les choses intéressantes mais reste cantonné à des demi-visions ou folies passagères ne rendant pas compte d’une vraie volonté de plonger dans les abîmes noires de la folie… Innaritu se contente de faire de son personnage principal en mal d’amour paternel, répétant à l’infini les mêmes images, avec une impuissance certaine à ne pas contrôler ce qui va lui arriver.

Prévisible et dépressif, ce Biutiful ne vaut que par la mise en scène soignée de son réalisateur. Mais si ce dernier a bloqué ses histoires sur des bis repetitia où seul le décor change, il vaudrait sans doute pour lui essayer d’avancer un peu, voir de se réinventer car tant de belles choses pourrait être conter, au lieu de nous enfoncer dans le marasme de son désespoir. L’histoire serait belle si la misérabilisme ambiant n’en était pas insupportable.


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