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Poeme de Madinx : LETTRE AUX FAUX REBELLES

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

«A l'Est, rien de nouveau !» «Quoi de neuf sous le soleil ?» Les guerres, la misère, la cruauté, l'homme un loup pour l'homme ! L'humanité, une brebis égarée ? Des populations à part entière de ce monde, réduites à la soif, à la faim, à la misère, à leurs seuls besoins et qui n'ont plus pour issue que de faire les moutons pour un peu de pain, un peu de grain pour manger, se voyant pour survivre, obligées de suivre de malheureux bergers. Ou de prendre les armes ! Se révolter ? Ne plus plier sous le joug d'insatiables pontes décomplexées, arrogantes, cyniques, pour lesquelles je prie malgré tout mon mépris.

Et nous, dans notre République de « Liberté, d'Égalité, Fraternité », qui croyons avoir accompli notre droit et notre devoir tout entier en ayant voté (pour ceux qui le peuvent) ! Mais les gestes de la vie au quotidien, qui sont nos permanents bulletins de vote, ne doivent-ils pas dire eux aussi : «Plus jamais ça ! » Cessons de parler comme des moulins à vent ! Tout a été écrit, les bibliothèques sont remplies de bouquins, nous en sommes submergés. A nos paroles, il ne manque pas de papier et on aurait beau couper les dernières forêts, pour y écrire les droits de l'homme, une fois de plus, ce ne sera pas encore assez. Ce qui manque à nos paroles, c'est la Chair qui fait Corps, c'est le Geste Charnel de la Grâce aujourd'hui. Ce qui manque, c'est l'acte humain. C'est cela aussi est « la Politique »

Ou, préférons-nous cette culture du spectateur. Ce voyeur que nous sommes, qui consomme des images au rayon télé sans jamais faire de liens avec l'acteur que nous sommes dans le quotidien. Peut-être que mon propos est exagéré ? Pourtant croyez-vous vraiment que les maux du monde ne sont que l'affaire de quelques hommes dégénérés, détraqués, que l'on n'a plus qu'à enfermer, en nous disant : « Heureusement, moi je ne suis pas comme cette personne, je n'ai rien à voir avec lui ». La Politique ne peut être exclusivement l'affaire de ceux que nous avons élus comme s'il s'agissait de nous décharger totalement sur eux, tout en les traitant de « tous des cons ».

«Plus jamais ça !» bien sûr. Mais pensez-vous que quand tous les nazis (ou néo) seront éliminés, il n'y aura plus de Shoah, il n'y aurait plus de tas de cadavres tout fraîchement massacrés dans de contemporains charniers d'actualités comme nous le déversent nos télés le temps du JT ?. Pour que l'atrocité se produise encore, au lieu de « plus jamais », il suffit d'être un Humain. Là où il y a de l'homme, il risque d'y avoir de l'hommerie, de la boucherie.

Parce que la cruauté n'appartient à aucune Religion (digne de ce nom) à aucun parti politique (digne de ce non). En les dénonçant d'un seul bloc à l'emporte-pièce, en les discréditant en tant que tels, nous nous trompons d'ennemi. Ce qui est grave car se tromper d'ennemi, c'est ne pas voir et identifier le réel ennemi qui sévit. C'est fermer les yeux sur lui et le laisser agir avec notre plus confortable complicité. Oui car en réalité, c'est au travers de nos pratiques, nos décisions, nos choix, nos idées, nos façons de penser, nos représentations, que le « Loup pour L'homme» agit. L'homme peut être un loup pour l'homme ? En effet. la shoah nous l'a plus que révélé. Alors ne fermons pas les yeux sur le « loup pour l'homme » qui dort et qui fait semblant d'être mort actuellement.

A travers la Shoah, c'est toute l'Humanité qui a été effroyablement altérée. C'est une Blessure dont souffre toute l'Humanité encore aujourd'hui. L'Humanité, qui est notre Terre Promise, a été foulée par des bottes que nous sommes tous, chacun d'entre nous, capables de porter à l'instant à nos propres pieds, dans notre propre pays, dans notre propre ville, dans notre propre quartier jusqu'à dans notre propre foyer, du fait de notre propre coeur.

Il peut s'avérer juste d'être critique vis-à-vis des institutions politiques et religieuses et de les mettre perpétuellement en question. Parce qu'elles ne manquent pas d'autels couleur rouge boucherie. Mais elles ont aussi contribuées et contribuent encore à instaurer entre les hommes et les sociétés, de la Paix, de la civilisation, des passages pour l'avenir. Si cela semble ne pas intéresser grand monde, c'est que nous sommes à l'heure actuelle trop pressés de trouver un coupable tout désigné aux maux de l'humanité. Un alibi pour nous offrir une bonne séance de lapidation et nous soulager, nous assouvir, en considérant « justice faite ».

Mais est-ce que nous voulons connaître les véritables causes ou origines des maux que connais l'Humanité ? Peut être pas, tant elles sont en chacun de nous profondément encrées ?. Il est « tendance » aujourd'hui de rendre responsable les religions du nombre de conflits et de morts sur le globe et de refuser alors de se reconnaître dans quelconque institutions partis politique ou appartenance religieuse, entretenant ainsi le sentiment d'être doué d'une bonne conscience à la blancheur toute pure. Mais n'est ce pas là, une autre manière de faire l'autruche ?.

Les médias traitant des thèmes que sont les religions, révèlent à quel point nos journalistes sont des ignares dans le domaine et contribuent à véhiculer une image détestable de certaines religions dans les représentations mentales des téléspectateurs. Sans parler de certains citoyens qui en opposition à toute religion se déclarent laïcs comme l'on déclare faire parti d'une race supérieure qui n'aurait pas de sang sur les mains. Mais à ma connaissance, laïcs ou non, n'exploitons-nous pas, ne profitons-nous pas, ne tuons-nous pas, de nombreuses personnes ou n'appauvrissons-nous pas certains pays, cela au nom de l'argent ? Oui nous tuons au nom de l'Argent, et nous faisons cela en société, en toute laïcité. Pourtant personne ne refuse de posséder de l'argent sur son compte en banque. Pourquoi n'identifiez-vous pas l'argent à un simple et pur instrument de mort, tout comme vous le faites vis-à-vis des religions ?. Pourquoi ne dites-vous pas : «l'argent, hors de ma vue ! Je n'en veux plus dans ma vie » !?.

Massacres, génocides, guerres se réalisent bien avant qu'ils ne deviennent visibles. Ils se préparent en temps de paix en trouvant petit à petit un « laissez- passer » à travers nos comportements, nos choix, nos replis, nos stéréotypes, nos médisances, notre paresses à ne pas « se pendre la tête pour penser » rencontrer l'autre(s) et dialoguer, etc. En résumé «Ne pas tuer » ne se réduit pas à ne pas avoir de sang sur les mains. Ne pas tuer implique de tout faire en notre pouvoir pour que l'Autre(s) soit. Là où il y a l'Homme il risque d'y avoir de l'hommerie qui s'adonne à la boucherie. Dès lors, ce n'est plus des partis politiques ni des religions qu'il nous faut démissionner, mais de l'Humanité. C'est l'Humanité qui se voit discréditée du fait de l'existence de notre propre personne capable en ce monde d'hommerie bouchère. Hommerie qui même à notre échelle personnelle peut générer de nombreuses victimes.

Mais de l'Humanité, vous avez beau n'en avoir pas votre carte d'adhérent, vous ne pouvez pas vous en désengager. De par votre naissance, vous en faites partie. Votre naissance est ipso facto le baptême irrémédiable de votre appartenance à l'Humanité, C'est irréversible ! Que vous soyez victime ou coupable de crimes, de méfaits. Il n'y a pas d'exclus, de dispensés. Nous sommes sur le même bâteau et chacun d'entre nous est censé être le cadre, le PDG, l'un des plus grands responsables de la Vie de l'autre comme de la sienne.

Est-ce que l'homme est un loup pour l'homme ? La vraie question n'est-elle pas : est-ce qu'être un gardien qui veille sur le sort de l'autre(s) motive notre manière d'être, nos actes et nos actions de chaque jour ? Peut-être pas d'emblée, mais cela est l'un des plus grands appels qui nous sont lancés.

Seulement, le métier de vivre est dur, difficile et s'il s'avère nécessaire d'être critique souvent, voire contestataire parfois vis-à-vis notre société, en ce qui me concerne, je relirai un jour mon histoire à la lumière d'une certaine estime alimentée je l'espère, non pas par tout ce que j'aurais pu détruire mais par ce que j'ai pu construire. Pour cela, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont aidé et permis de prendre conscience de ma marge de manoeuvre dans ma vie. Marge de manoeuvre individuelle autant qu'investie dans l'action collective. Notre vie est en partie ce que l'on en fait.

J'ai appris assez tôt qu'il était vain de vouloir l'impossible sans d'abord passer par ce qui est possible. Le possible est du domaine de l'efficacité. L'impossible est du domaine de la fécondité. Ce possible est de celui qui vient frapper à notre porte, nous solliciter par des appels auxquels nous répondons lorsqu'il s'agit de s'engager ou d'engager nos actes dans un chemin de vie que l'on considère comme étant souhaitable. Quand nombreux en sortant d'un bar-tabac, rêvent de changer le monde le lour où il gagneront au loto (se faisant ainsi de bons disciples de l'argent lui attribuant une toute-puissance du fait de croire que celui-ci peut tout résoudre). L'écrivain Marocain Mohamed Choukri a titré lui, l'un de ses livres « Le pain nu ». Le « pain nu » est ce qui reste lorsqu'il ne reste plus rien. Telle est l'amplitude de la marge de manoeuvre de ma vie : un pour cent.

Je suis détenteur d'une marge de manoeuvre dans ma vie qui est de 1%, cela dans 99 % de réalités que je n'ai pas moi-même plantées. C'est avec ce 1% que je suis acteur de ma vie dans ces réalités. J'ai décroché le rôle de ma vie et j'en suis l'acteur principal en tête d'affiche avec ce 1% de marge de manoeuvre. Exercer ce 1% change, transfigure, colore les 99% de tout ce qui échappe à mon pouvoir. Ainsi ces 1% valent plus que les 99%.

J'aime à dire que l'Homme est en cour de récréation. Une cour où il y a du « jeu » entre le « déjà-là » et le « pas encore » de notre personne. Et, c'est ce « Jeu » qui est Enfance. C'est dans cette cour de récré que l'Homme joue de façon la plus heureuse possible pour devenir ce qu'il est appelé à être. Enfin, j'ose espérer.

Mais si cela est le cas, alors je vous en prie

Jouons tous ensemble !

Parce qu'une Civilisation digne de ce nom doit apprendre à se construire et à vivre sans qu'il n'y ait plus personne à sacrifier.



Madinx (Christophe Plouvin)



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