Lost: Etat des lieux

 

Au moment où j'écris ces lignes, l'épisode conclusif de la série a débuté. Rien ne pourra empêcher la fin à présent. Pas même appuyer sur un bouton toutes les 108 minutes. Que l'on aime ou que l'on déteste cette série, on ne peut que reconnaître la force de son pouvoir fédérateur. En effet, jamais série n'aura autant soulevé les passions. Il est intéressant de voir le nombre de personnes qui attendent fébrilement la conclusion, dans l'expectative de réponses (claires mais mystiques à la fois) mais avec une appréhension à peine dissimulée. Il n'y a qu'à jeter un œil sur le site du monde dédié aux séries (http://seriestv.blog.lemonde.fr/) pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène. Alors même si je fais partie de ces gens là et même si le final me déçoit je serais déjà ravi d'avoir participé à l'aventure, d'avoir une place dans la grande communauté Lost. Cette série cosmopolite, qui a imposé à la télévision américaine son casting hétéroclite à ouvert la voie à d'autres (la "regrettée" Heroes n'a t'elle pas repris le casting monde?). Elle a fait prendre conscience au peuple de son pays -toutes proportions gardées évidemment- que les minorités qui composent sa nation arc-en-ciel n'étaient pas que des stéréotypes pour cop shows. De même avec les étrangers. (bien que de ce côté, il reste des progrès à faire, cf les français en saison 5). Cette série restera dans les annales pour cette globalisation, pour être un produit des années 2000 qui a utilisé toutes les ressources de son temps: internet, philosophie, interrogations, peur des autres et peur de soi. A l'heure du repli sur soi, elle a été un show humaniste et un puissant message d'ouverture. Donc pour tout cela merci. Et pour terminer ce bref hommage, je citerai un chanteur qui à l'approche de sa mort a lancé un puissant The Show must go on. Oui, une page se tourne mais la suite reste à écrire.

Après cet hommage de fan, c'est plus objectivement que je vais dresser un état des lieux de la série. Si vous n'avez pas vu la saison, passez votre chemin. Qu'a apporté cette saison 6 jusqu'à présent? Quelques réponses mais beaucoup de frustrations. Alors je ne sais pas si c'est uniquement l'approche de la fin qui fait cet effet, je veux dire par là qu'étant donné que l'on attend tellement la conclusion on ne peut se satisfaire de peu de réponses mais la frustration est bien présente. Car en y repensant bien, la saison souffre de nombreux défauts majeurs. Petit tour d'horizon:

- Le rythme. Il était au ralenti, fluctuant. Il montait (épisode 6) puis redescendait (le moment où le groupe du monstre ne fait pas rien mais "attend" dans la jungle lors de l'épisode 12). Cette sensation de flottement était présente toute la saison. Les personnages attendaient... C'est à une échelle plus réduite le même problème que celui de la saison 2. On a des réponses à vous donner mais il faut attendre donc on comble comme on peut.

- Les personnages. Paradoxalement, les personnages ont perdu en épaisseur cette année. Pris dans le flottement, ils ne faisaient rien mis à part marcher (l'exemple le plus concret étant Ben). Comme si les scénaristes n'avaient plus le temps de s’appesantir sur leur cas. Alors que parallèlement, l'intrigue stagnait. Ils sont devenus la caricature d'eux même et ont tout de suite montré leurs limites. Ben, encore, mais aussi Kate, Sawyer, Sayid (le zombie), Claire (la folle) et les Kwon (Roméo et Juliette du pauvre). Du coup, l'émotion liée à leur mort s'en est trouvée amoindrie. Pire, certains personnages sont morts de manière inappropriée. Widmore en tête. Abattu sans que tous ses mystères est été mis à jour. Ilana est un autre exemple. Sa mort, parodie de celle d'Artz est ridicule. C'est un aveu des scénaristes, il n'ont plus le temps (ou l'envie?) de développer. Cette dernière devait être la fille de Jacob normalement. C'est la même chose pour Lapidus (bien qu'un doute plane sur sa mort) et peut être Richard. Les seuls à avoir été développé (et de fort belle manière) sont Jack, Locke (le vrai) et Desmond.

- Les flash maybe. Je fais confiance aux scénaristes. Le final expliquera leur utilité. Mais jusqu’à présent ils ont pris une grande place dans l'intrigue sans que l'on sache pourquoi. Le pari est risqué et tout dépendra de la fin. Si certains étaient intéressants (Ben, Locke, Jack, Desmond) ceux des personnages ayant montré leurs limites étaient guère passionnants (Sawyer, Kate, Sayid, les Kwon).

-La construction. Je terminerai avec ce point qui est un peu la conséquence des précédents. La réalité alternative a pris beaucoup de place, le rythme a été cassé (par exemple l'épisode 15 qui arrive au milieu de deux épisodes qui auraient du se suivre) et les personnages étaient trop nombreux. Je ne peux m'empêcher de penser que si ils avaient tué des protagonistes tout au long de la saison au lieu d'en massacrer quatre d'un coup dans le 14, les épisodes auraient été meilleurs. L'impact aurait été décuplé et ils auraient pu développer les survivants.

Attention, je ne veux pas dire que tout est noir. Loin de là. Le côté mystérieux est toujours intact, l'impatience du final est toujours là, certains épisodes étaient passionnants (le 4, le 5, les 8 et 9, le 11, les 14 et 15). Inutile de dire que le final décidera de l'orientation de la saison.

Vivement la fin que nos cerveaux se reposent.

Quelques promos qui m'ont toujours plu:

Et pour terminer, le trailer du final pour se faire saliver: