Magazine Beaux Arts

Séduction (interdit aux moins de 18 ans)

Publié le 06 décembre 2007 par Marc Lenot

Il est rare qu’une exposition soit interdite aux moins de dix-huit ans. Est-ce le contrecoup anglais de l’affaire du CAPC, est-ce un retour de flamme du puritanisme victorien, toujours est-il que celle-ci (Seduced, art & sex from antiquity to now) au Barbican à Londres jusqu’au 27 Janvier est bel et bien réservée aux visiteurs majeurs et consentants.

seduced-1.1196605702.jpgLe début est prometteur : cette feuille de vigne géante, commandée par la reine Victoria en 1857 pour masquer le sexe du David de Michel-Ange sur une copie qui lui fut offerte par le Grand-Duc de Toscane. Tout ici va parler de masque autant que de sexe, de répression autant que d’exhibition. Peu après, les antiquités romaines et grecques ne sont montrées que dans des cabinets secrets, des enfers (en attendant d’aller voir celui-ci, interdit au moins de 16 ans seulement) : deux sont évoqués ici, celui de Naples et le Secretum du British Museum. Les satyres y pourchassent les nymphes, Vénus pendule et un pénis ailé tintinabule.

seduced-2.1196605721.jpgVoici (c’est un peu sombre, cliquez sur les photos)  le dos d’un miroir romain en bronze, du 1er siècle de notre ère : deux amants sur un lit, dans une posture légèrement acrobatique de pénétration. Il est imberbe, elle a une lourde coiffure “à la Livie”, elle l’embrasse, une guirlande de fleurs enserre son corps; au sol, vases et coupes. Au mur, à côté d’une lampe suspendue, un tableautin dépeint une autre scène érotique; celle-ci est d’ordinaire dissimulée derrière des volets, qui, ici, ont été ouverts. C’est un écho plutôt qu’une mise en abyme : le lit est similaire, la posture différente. Le relief de cette vignette est moins marqué, comme estompé, les formes y sont moins pleines. N’oublions pas que de l’autre côté est un miroir : tout ici est rappel, évocation, représentation, stimulation. Un fil érotique court depuis l’homme ou la femme qui tient le miroir et en fait un accessoire de ses jeux amoureux, aux amants du revers et à ceux de la vignette.

seduced-3.1196605733.jpgseduced-4.1196605747.jpgAlors que les nombreuses scènes asiatiques, indiennes, chinoises ou japonaises, montrent des postures impossibles et des organes démesurés, mais des visages toujours impassibles, c’est au contraire l’expression des visages qui, dans l’art occidental, des Filles de Lot de Simon Vouet à la fellation (Scène érotique, la douleur) du jeune Picasso (en passant même, qui l’eut cru, par Turner!), détourne de la performance sexuelle pour traduire l’émotion, le désir ou le contentement. Voici face à face deux baisers (les baisers seuls, sans montrer le reste de l’action), l’un hétérosexuel et japonais (de Kitagawa Utamaro, 1803), l’autre sapphique et viennois (Egon Schiele, 1915).

seduced-5.1196605770.jpgseduced-6.1196605787.jpgLéda se pâme quand le cygne l’entreprend (ici attribué à Boucher, 1740), ses mains tremblent en relevant sa chemise, ses yeux chavirent, ses lèvres sont humides, pendant que la japonaise  de Hokusai (1824), possédée par un poulpe géant jusque dans sa bouche, semble résignée et passive. Mais quelle superbe estampe, où la montagne forme un écrin aux amants monstrueux.

La suite demain. Photos provenant du catalogue, très bien fait.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par khaddartaher
posté le 13 octobre à 20:37
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