Magazine Culture

Alain Galan, Louvière, Gallimard

Publié le 24 mai 2010 par Irigoyen
Alain Galan, Louvière, Gallimard

Lors de l'émission « Jeux d'épreuves » du 15 avril 2010, - présentation : Joseph Macé-Scaron -, j'ai parlé de ce livre avec d'autres chroniqueurs : Clara Dupont-Monod, Frédéric Ferney et Baptiste Liger.

Alain Galan, Louvière, Gallimard

On diagnostique au narrateur – Alain Galan ? - une tumeur à l’apex de la canine. Cette découverte impose des interventions chirurgicales délicates et particulièrement contraignantes. Face à lui-même, le patient a le sentiment de voir naître en lui un loup - un double en moi -.

Chien avant l'opération, je me suis réveillé en loup

Le processus « d 'identification » est progressif.

Des poils poussaient maintenant à l'intérieur de ma bouche

S'agit-il d'un roman ? En tout cas, cette mention ne figure pas sur le livre. Le lecteur peut donc légitimement penser que ce récit est autobiographique. N'allez pas croire à une version 2010 de la Métamorphose de Franz Kafka. Non. Ici, le narrateur garde toujours la bonne distance avec les manifestations de son mal. Ce qui n'était pas, sans doute, gagné d'avance. Le rapprochement homme-animal a des limites d'où un va-et-vient entre la part d'animalité de l'humain et la part d'humanité de l'animal :

Blessé au visage, le loup n’est plus le loup. Ni le renard, ni même le petit chat heurté tout à l’heure au bord de la route. La monstruosité soudain a remplacé ce qu’il y avait de familier, d’humain jusque chez la bête.

Cette intervention chirurgicale empêche le patient-narrateur de parler. Le voilà donc réduit au silence lui qui, pourtant se découvre, un lieun avec le loup :

Hurler ou faire silence avec les loups

Avec assez peu d'ingrédients, Alain Galan parvient à signer un livre surprenant, et particulièrement haletant.

J’ai lu ce texte en pensant aux toiles de Frida Kahlo qui, après un accident terrible, a peint une série d’autoportraits où, ce qui est intéressant, est le dépassement de l’observation de soi-même à des fins artistiques. Le « je » est presque oublié. L’histoire personnelle devient universelle.

Cette histoire interroge aussi la part d'animalité qui est en nous. Celle que nous entretenons avec autrui mais aussi avec nous-même : L’homme est un loup pour l’homme (Hobbes). Pour lui-même aussi, donc ?

C'est très réussi.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Irigoyen 43 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine