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Enseigner et évaluer par compétences

Publié le 27 mai 2010 par Sheumas
                  En ces temps de changement de l’école, le ministère propose un changement radical du mode d’évaluation qui tend, à terme, à remplacer les notes par « la validation de compétences ». Quelles compétences ? Dans quel filet le « mammouth » va-t-il tomber ? A la pointe de laquelle de ses défenses va-t-on accrocher le harpon des dites « compétences » ?                   Difficile de tout énumérer ici... Mais je ne résiste pas au plaisir de vous laisser découvrir l’une des perles envoyées récemment au malheureux professeur appelé à se métamorphoser en « gestionnaire de compétences » et à s’allonger dans le lit de Procuste de l’Evaluation : « Quelques items du palier 3 du socle viennent d'être réécrits par le ministère, ils concernent les compétences 1 (maîtrise de la langue française)  et 5 (culture humaniste) essentiellement (+ compétence 7 "mobiliser à bon escient ses capacités motrices dans le cadre d'une pratique adaptée à son potentiel") ».                   Quelle formule ! Un semblable jargon trouve sa place dans la fameuse scène de l’inspection dans « L’Organisme », et cette scène semble plaire à beaucoup de lecteurs... En voici trois extraits (l’inspecteur adresse ses reproches à un enseignant qui vient de terminer son cours) :   « Commencez par vérifier de quelle façon vos apprenants assimilent l’outil scripteur. Vous me donnez l’impression de les survoler et, en tout cas, de ne pas voir ceux d’entre eux qui ne prennent pas de notes ou qui se livrent à l’aide de leurs stylos, de leurs plumes ou de leurs crayons, à des expériences scripturales bien éloignées. Vous êtes le maître. Circulez dans les rangs ! Ne restez pas à votre bureau, développez la motricité de proximité… » Ou encore : « Vous occupez assez bien votre position de géniteur d’apprenants, on devine immédiatement chez vous l’expérience et la maîtrise des savoirs… Mais, sans vouloir vous blesser, vous êtes ce que les parents d’élèves surnomment « un vieux dinosaure ». Revoyez le contenu de ces « savoirs » que vous cherchez à transmettre et consentez à faire évoluer votre référentiel neuronal conceptuel… » Et enfin : « Nous devons gérer l’hétérogénéité de nos classes et y imposer une forme de socio-construction des savoirs. Le pédagogue est un passeur, quelqu’un qui veille à la circulation des idées entre les apprenants… Le monde change, cher Monsieur, nos apprenants proviennent de milieux sociaux très différents, leur culture n’est pas la nôtre, leur langue non plus et ils entretiennent, par conséquent, un rapport très souvent conflictuel avec le français... Le message que vous émettez doit trouver ses récepteurs. Rappelez-vous cela ! L’enseignement du français a changé ! Quand vous voulez transmettre dans une classe de trente élèves, vous devez programmer trente récepteurs ! » Il a soupiré. Un sourire un peu figé accentuait la forme convexe de ses sourcils. « Commencez par être moins rigide ! Libérez des espaces interstitiels de liberté !... Par exemple, tout à l’heure, quand la sonnerie a retenti, vous avez mal réagi, et cette réaction est symptomatique de votre défaut majeur !..."  

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