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LOST [6x 17 & 18 - "The End"]

Publié le 27 mai 2010 par Lulla

THE END (Series Finale) // 13 57o ooo tlsp.

   LOST vient d'entrer dans le cercle très fermé des séries qui auront marqué la télévision par leur audace, par l'engouement qu'elles ont suscité et par la polémique qui a suivi leur dénouement. N'en déplaise à ses nombreux détracteurs. A ses cotés : Le Prisonnier (dont la fin, à l'époque, avait fait scandale), The Sopranos (et ce fade-to-black qui a tant fait parler), X-Files et quelques autres. Jusqu'au bout, elle est restée elle-même dans ce qu'elle a de meilleur et ce qu'elle a de pire. Cela fait aujourd'hui 4 jours que son final a été diffusé et cela fait 4 jours que je lis un peu partout tout et son contraire. Il y a ceux qui ont adoré ce final et qui se moquent de ne pas avoir eu autant de réponses qu'ils espéraient. Il y a ceux, plus radicaux, qui estiment que l'on s'est foutu de leur gueule pendant 6 ans ! Il y a ceux, parfois les mêmes, qui tentent de trouver une explication à toute cette histoire complexe. Et puis ceux qui s'en foutent royalement et qui ne savent pas ce qu'ils ratent ! Où je me place dans tout ça ? Honnêtement, j'aimerais dire que ce Series Finale m'a soufflé, que je ne lui trouve aucun défaut et que J.J. Abrams, Carlton Cuse et Damon Lindelof sont des dieux. J'aimerais. Mais je ne peux pas. J'ai été ému aux larmes, plusieurs fois. J'ai trouvé les 10 dernières minutes absolument fascinantes, magistrales, bouleversantes, parfaitement dans l'esprit de la série, parfaitement là où je l'attendais. Mais j'ai aussi ressenti une déception inéluctable et une frustration abyssale. Comment pouvait-il en être autrement ? J'ai trop aimé LOST. Après la passion, que reste-t-il ?

   Des souvenirs d'abord. Tout au long de l'épisode, et c'était un peu prévisible, les naufragés se sont souvenus un à un, grâce à Desmond, dans le monde des flashsideways, des moments forts qu'ils ont vécu sur l'île. Ces moments qui ont marqué leur vie. Ces moments qui ont été les plus forts de leur existence. Charlie a reconnu Claire, qui l'a reconnu. C'est au moment de la (re)naissance d'Aaron que j'ai versé mes premières larmes. Le couple formé par Charlie et Claire ne m'a pourtant jamais vraiment passionné mais la scène était d'une beauté incroyable. La première d'une longue liste. A l'inverse, la scène qui m'a le moins touché est sans doute celle des retrouvailles de Sayid et Shannon. Quand on y pense, ils sont restés ensemble peu de temps. Quelques jours seulement puis elle est morte. Le vrai grand amour de Sayid a toujours été Nadia. Mais c'était un amour impossible que ce soit dans la réalité ou dans les flashsideways. Il y a toujours eu des tas d'obstacles entre eux. Peut-être n'étaient-ils pas faits pour être ensemble... Sun et Jin, par l'intermédiaire de Juliet, se sont souvenus de leurs multiples séparations, toutes ces fois où ils ont cru qu'ils n'allaient plus jamais se revoir, et de Ji Yeon, évidemment. Et Juliet justement, qui était bien la mère du fils de Jack, a retrouvé Sawyer/James. C'était le coup de grâce. Un moment très attendu qui ne m'a pas déçu. Josh Holloway a su faire un effort et être à peu près juste. Elizabeth Mitchell était époustouflante et de toute beauté. Les cris de Juliet qui s'acharne sur la bombe me hantent toujours. Parmi les grandes scènes de LOST que l'on n'oubliera jamais. Les derniers à se retrouver sont Jack et Kate, évidemment. Ce couple ne m'a pas toujours convaincu mais force est de constater qu'il est devenu mythique avec les années. Le "I Missed You So Much" de Kate était magnifique. Et il l'est encore plus avec du recul. LOST, ce n'était pas que des histoires d'amour mais elle nous en a conté de superbes. Desmond et Penny restent indétrônables. Leur épisode, The Constant, aussi. Je n'ose même pas le revoir. Je veux garder l'émotion qu'il m'avait procuré intacte. Ce Series Finale a su jouer de la "lostalgie" à merveille. C'était nécessaire pour nous rappeler combien ces personnages se sont aimés, combien on les a aimés (enfin pas tous) et combien ils vont nous manquer.   

   Je sais que beaucoup de téléspectateurs, que j'aurais tendance à désigner comme des "fans of science", ont reproché à ce final de ne finalement traiter que des personnages et de leur destinée, ainsi que de la signification des flashsideways qui y sont étroitement liés, en laissant de coté la mythologie de l'île et toutes ces questions qui nous ont fait nous torturer l'esprit pendant tant d'années et élaborer des tas de théories. Moi le premier. Je les comprends et, au fond, je partage leur déception. Pourtant, je me considère davantage comme un "fan of faith". Disons que j'ai toujours été tiraillé entre ces deux visions du monde et ces deux visions de la série et, comme les scénaristes dans ce final, j'ai fini par choisir mon camp : celui de la foi. De manière générale, je suis satisfait par les réponses qui nous ont été données, principalement dans l'épisode Across The Sea qui lui aussi avait divisé.  "There's A Why In The Wake Of Every Why". J'insiste. Et je vous renvoie vers ma critique de l'épisode en question (ICI). Je vais donc simplement vous dire, à nouveau, que, pour moi, les scénaristes ont répondu aux principales questions posées mais qu'aucune réponse ne pourra jamais être entièrement satisfaisante car LOST traite de sujets qui touchent à l'inexpliqué, l'inexplicable, l'inexplorable. Que cette île soit là où le monde a commencé, qu'elle soit ce qui sépare le monde des Enfers, ou que sais-je encore... ce qui importe, c'est qu'on la protége, qu'on l'éloigne du Mal. C'est pour cette raison que les naufragés sont arrivés sur l'île, et tous ceux qui les ont précédés. Fallait-il nous expliquer l'histoire de l'île de A à Z, alors qu'elle doit exister depuis la nuit des temps, du passage des égyptiens à l'arrivée de Mother ? Dans l'idéal, ça aurait été génial. Mais il aurait fallu pour ça 15 saisons et comme l'histoire se répéte et qu'elle n'a déraillé qu'à partir de la prise de pouvoir de Jacob, il était logique de se concentrer sur ça. Ce que je reproche aux scénaristes, à la limite, c'est de ne pas avoir été plus clair dans Across The Sea. Peut-être même qu'un double épisode aurait été plus satisfaisant. Maintenant, quand on réfléchit un peu, tout, ou presque, fait sens. Il reste des questions, bien entendu, il y a quelques approximations, et c'est bien dommage, mais c'est une histoire, pas la réalité. Tout ne peut pas toujours faire sens. Et si "la lumière" est bien la source de la vie sur Terre, comme je l'ai compris, alors qu'y a-t-il à ajouter ? Jusqu'à preuve du contraire, ni vous ni moi ne savons comment est né le tout premier être-humain... Demander ce qu'est "la lumière" revient à demander ce qu'est "la vie"... Il est des mystères qui resteront des mystères pour l'éternité. LOST n'a pas eu la prétention de vouloir les expliquer. Juste de s'en servir pour raconter une belle histoire.

  Ce dont parle la série, au bout du compte, c'est d'un groupe de personnages, que l'on pourrait considérer comme des âmes-soeurs -même si le terme me semble trop réducteur- qui ont souffert dans leur vie, qui n'avaient plus leur place dans le Monde tel qu'était le leur et que Jacob a "sauvé" en les amenant sur l'île dans l'espoir que se trouve parmi eux son digne successeur. Il les à la fois réparés en donnant un sens à leur vie à travers les rencontres qu'ils ont faites, mais il les a aussi détruits parce qu'il a joué un jeu dangereux et que son frère, sous forme de fumée noire, les a tués, ou a tentés de se servir d'eux pour s'échapper de l'île et pour cela, tous les moyens étaient bons. Au bout du compte, rien ne s'est passé comme prévu et ils ont tous perdu ce que l'île leur avait offert. La brillante idée des flashsideways est de les réunir une dernière fois pour permettre à leurs âmes égarées de retrouver ce qu'ils avaient perdu. Cette "rédemption", qui est finalement bien plus que ça, permet d'apaiser leurs âmes afin qu'ils puissent partir en paix et "let go" comme Christian le confie à Jack. C'est très mystique, voire religieux, mais ça ne sort pas de nulle part puisque le thème de la foi a toujours fait parti de la série. Il ne faut pas y voir pour autant un quelconque message religieux voire une propagande à l'américaine dans le sens où l'église à l'intérieur de laquelle se déroule la dernière scène est truffée de signes religieux très différents : catholiques, protestants, boudhistes... Ce qui compte c'est "la foi" de manière générale, le fait de croire en quelque chose, une force supérieure, mais la nature même de cette foi n'a pas d'intérêt. Elle est multiple et variée et à l'appréciation de chacun. Je suis farouchement contre toutes les formes de religion et pourtant, j'ai adoré cette scène. Pour moi, elle est bien plus que ce à quoi on voudrait la réduire. "Live Together, Die Alone" n'a alors plus de sens : au contraire, les personnages ont vécu ensemble et sont morts ensemble. Ils ont traversé les épreuves de la vie ensemble, même après leur mort, jusqu'à ce qu'ils trouvent enfin la paix et disparaissent à jamais de l'univers. Le fait que Ben ne rentre pas dans l'église est d'ailleurs un élément extrêmement important. Même s'il a beaucoup cotoyé nos naufragés, il fait néanmoins partie avant tout d'un autre groupe dont les destins sont aussi liés entre eux. Alex, Rousseau, Widmore, Eloïse, Faraday, Goodspeed, son pére... en font partie. C'est avec eux qu'il doit "let go" quand ils seront prêts à leur tour.

   Comment pourrait-on reprocher à cette fin d'être hors-sujet alors que le combat entre la science et la foi a toujours été traité dans la série, à travers Jack et Locke bien-sûr, mais pas seulement. Et comment pourrait-on reprocher à la série de se concentrer davantage sur les personnages au final alors qu'ils ont toujours été au centre de tout à travers les flashbacks, les flashforwards puis les flashsideways. La série a toujours été une série de personnages, et l'île en est un parmi d'autres. Peut-être le personnage le plus important mais aussi le personnage le plus mystérieux. J'aurais détesté que l'on tente de tout nous expliquer point par point alors que la magie de Lost réside justement dans tous ces questionnements. En ne répondant pas à tout, quelque part, la série ne meurt pas. Elle restera matière à débats et à interprétations diverses et variées pendant de longues années. Les plus cyniques y voient forcément une façon facile pour les scénaristes de s'échapper sans s'expliquer mais, je le répéte, les principales réponses nous ont été données. Peut-être que quelques-unes trouveront des réponses dans l'Encyclopédie Lost à paraître cet été, écrite par les créateurs. Là encore, les cyniques diront que c'est pour faire du fric. Certainement, en partie. Mais les cyniques peuvent-ils être simplement contents de temps en temps de ce qu'on leur offre ? Dans le même genre, un bonus DVD, selon les dires de Michael Emerson, reviendra en une douzaine de minutes sur le régne de Ben et Hurley sur l'île. Peut-être découvrira-t-on à cette occasion comment l'île s'est retrouvée submergée par les eaux par exemple ?

//Epilogue // La fin de LOST ne pouvait pas être satisfaisante, ma review non plus. J'ai tant de choses à dire... mais les mots ne viennent pas. Je suis heureux que la série se soit terminée ainsi, sur une scène d'une beauté et d'une force sidérantes. La boucle est détinitivement bouclée et LOST peut partir en paix à son tour. Ce n'est pas une série parfaite, loin de là, mais c'est une série "complète" qui a réussi à toucher à tous les genres (le drama, le fantastique, la science-fiction, la comédie aussi parfois...); qui a su créer des personnages mythiques, infiniment passionnants et touchants, et une mythologie touffue, sans doute un peu trop. Elle a marqué sa génération. On ne l'oubliera pas de sitôt. Je ne l'oublierai pas de sitôt. Je l'aime infiniment. Merci à vous de m'avoir lu semaine après semaine. Merci pour vos encouragements et vos compliments. Et tous ensemble, quelque soit votre avis sur le final, je vous propose de "let go" parce qu'au fond, ce n'est qu'une série et puis c'est le voyage qui importe, pas l'arrivée... Et ce voyage a été terriblement beau. C'est tout ce qui compte. 


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