Dominique de Villepin et le souffle de la victoire

J - 22 : à 22 jours du lancement de son Mouvement, Dominique de Villepin doit conforter le transfert de votes possibles en votes certains pour franchir un seuil qui auto-alimente son parcours de présidentiable. Sur ce chemin, le test du 19 juin est essentiel. Pour 2012, le créneau de Dominique de Villepin est celui de la métamorphose de la droite républicaine : c'est l'anti-portrait de Nicolas Sarkozy. Ce dernier est perçu comme fonceur autoritaire, voire même avec une forme d'agressivité. Dominique de Villepin a construit une image de dialogue, de tolérance. Il vise au rassemblement là où Nicolas Sarkozy vit dans le débat clivant qui exclut, qui oppose. Dominique de Villepin veut apparaître en "sage" de la nation conciliant humanisme et compétence, réforme et douceur d'application. Le danger des démarches de ce type, c'est leur capacité à vivre les réalités des campagnes électorales. Par définition, une campagne électorale repose sur la compétition, le clivage à l'intérieur de repères peu élastiques de l'opinion. En réalité, cette élasticité recouvre trois familles très différentes : - le vote certain, - le vote possible, - le vote exclu. Son vote certain lui assure à ce jour le seuil de crédibilité. Le vote possible lui ouvre les plus belles perspectives à l'analyse des ancrages partisans de ses bonnes opinions ou des intentions de vote en "second choix". Tout l'enjeu des prochaines semaines va consister à rapidement transformer une partie du "vote possible" en "vote certain" pour acquérir la crédibilité de qualification pour la "finale". L'opinion vit la présidentielle non pas tant comme un choix de préférence pour le premier tour puis s'occupant de se repositionner en fonction des candidats qualifiés pour le second tour. Elle vit la présidentielle comme l'enjeu de la décision finale : c'est l'impact du vote utile. Un candidat qui n'apparaît pas manifestement comme susceptible de gagner et a fortiori de se qualifier pour le second tour est "réduit" à une logique de témoignage qui le fragilise considérablement. La perspective de victoire est le meilleur tremplin. L'impossibilité de victoire est le plus sûr plongeoir. Là est l'enjeu du 19 juin : que le positionnement soit consolidé dans des conditions ouvrant au moins la perspective de qualification pour le second tour. Ce constat donne alors naissance à une nouvelle dynamique pour partie auto-entretenue.