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Téléphonie mobile et niveau de vie en Afrique

Par Jazzthierry

A regarder cette vidéo, on comprend immédiatement l’importance surtout sur le plan économique du téléphone mobile dans des pays comme le Burkina Faso qui ne sont d’ailleurs souvent pas passés par la téléphonie fixe. Si au “pays des hommes intégres” le taux d’abonné est encore relativement faible (7,5% en 2006 sans doute davantage deux ans plus tard), sur l’ensemble du continent Africain, on estime à environ 35% le nombre de possesseurs de téléphones portables (350 millions sur une population d’un milliard environ). C’est depuis 2002, le marché qui croît le plus vite dans le monde entier (plus 50%/an). Pour mieux représenter ce phénomène à l’échelle du continent, j’ai réalisé un premier graphique (doc.1: les taux d’abonnés téléphonie mobile) dont je souligne d’emblée les faiblesses: les données statistiques sont un peu anciennes puiqu’elles remontent à 2006 (source: ”Images économiques du monde 2010″, Armand Colin); et certains pays d’Afrique noire sont absents faute de données disponibles… Mais un observateur faisait remarquer récemment que les changements sont si rapides en Afrique, que de toute façon, quel que soit le sujet, au moment où vous publiez une enquête, elle est déjà dépassée par la réalité…

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Toujours est-il, on voit très nettement qu’un groupe de pays franchissent haut la main la barre des 50% d’abonnés: tous les pays du Maghreb (avec la Tunisie qui culmine presque à 72); l’Afrique du Sud (65); le Botswana (55,7); les Seychelles (dont le taux de 86,5%, est identique à celui de la France); et Maurice avec 61,5%. On trouve ensuite des pays intermédiaires en train de rejoindre les premiers, puis à l’autre bout, les pays se situant sous la barre des 20%: Angola (14,3); Burkina Faso (7,5); Cameroun (14); République centrafricaine (2); Comores (6); Congo (12); RDC (1); Erythrée et Ethiopie (autour de 1,5); Guinée équatoriale (19); Guinée-Bissau (17); Kenya (18,5); Liberia (15); Madagascar (5,5); Mozambique (11,6); Niger (6); Ouganda (6,7); Sierra Leone (13); Soudan (12,7); Tanzanie (16); Tchad (4,7); Togo (11,2); Zambie (6); Zimbabwe (6,4).

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Quand on veut expliquer ce contraste régional entre les différents pays du continent, on peut essayer de comparer ces chiffres avec ceux du PIB par habitant (bon indicateur pour mesurer annuellement, le niveau de vie de la population en millions de dollars US). Que constate-t-on ? Tout d’abord une certaine ressemblance entre les deux graphiques. Est-ce bien étonnnant d’ailleurs quand on sait que pour obtenir un téléphone portable, il faut probablement avoir un certain niveau de vie ? Par exemple au Mali, un modèle de base coûte environ 5000 francs CFA (7,5 euros) et trois fois plus pour le haut de gamme. Pour autant inutile de forcer la comparaison car on doit à mon sens, distinguer les pays qui dès le départ bénéficient d’une image médiatique valorisante et d’une forte croissance économique liée essentiellement au tourisme comme les Seychelles, Maurice ou la Tunisie, de pays qui partent de plus bas, qui n’affchent pas les mêmes performances, mais dont la croissance est et sera de plus en plus tirée par ce merveilleux moyen de communication qui permet de mieux insérer l’Afrique dans la mondialisation. Songeons par exemple qu’en Côte-d’Ivoire, le téléphone mobile permet non seulement d’échanger des informations, de prendre rendez-vous mais c’est aussi déjà un moyen de paiement dans des lieux où n’existait pas forcément un réseau bancaire très dense. A n’en pas douter, cette technologie est en train de bousculer les habitudes et joue un rôle non négligeable dans le développement de ce continent.

* NB: pour le second graphique, je n’ai pas trouvé de chiffres datant de 2006… Il y a donc un décalage de 2 ans entre les deux documents, dont il faut tenir compte pour le commentaire.


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