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Une révolte ? Mais contre qui ?

Publié le 30 mai 2010 par Cetaitdemainorg

On lit partout, on entend partout que des troubles sociaux pourraient éclater si la crise financière creuse encore davantage les inégalités. Le refus du parlement français de réduire les émoluments des ministres passera bien sûr inaperçu. La grève du 27 mai, essentiellement suivie par des fonctionnaires, suscite en revanche des propos de plus en plus acrimonieux dans les quartiers où sévit la précarité de l'emploi, du revenu disponible, de la santé, de la culture, de la solidarité. 

Etant donné que la spéculation internationale contre les Etats ne cessera pas, (voir le déclassement de l'Espagne par les agences de notation), les gouvernements serreront d'un cran supplémentaire le noeud de la pauvreté et les laissés-pour-compte pourraient se révolter, ici ou là, de façon sporadique et incontrôlée. Mais contre qui ?

Les grands patrons n'ont rien à craindre. On ne sait pas où ils habitent et ils sont ultra protégés par leurs hauts murs et leurs gardes du corps. Les stars de la télévision, du foot dormiront aussi tranquilles car elles sont aimées du public en tant que robinets à rêves. A l'échelon au-dessous, les professions libérales, (avocats, chirurgiens, entrepreneurs cossus), ne seront guère en danger. Quand le feu est mis à des voitures au début de l'hiver, ce ne sont jamais leurs limousines qu'on brûle mais la bagnole du voisin d'à côté. 

Les laissés-pour-compte s'en prendront à leur voisin. Il est instit ou infirmier, technicien supérieur ou chef d'atelier, petit cadre bancaire, artisan avec deux ouvriers, retraité d'avant la réforme... Il gagne entre 1500 et 3000 euros mensuels. Il a une mutuelle qui lui permet d'aller chez le dentiste. Il voyage une fois l'an en Espagne ou en Italie et peut se payer le garagiste quand sa Clio tousse du pot. Souvent, il accède à la propriété de son logement mais n'a pas fini de rembourser son prêt. 

Ce voisin, on le croise à la boulangerie, à la poste, au supermarché hard discount.

Ce voisin appartient au fourre-tout des classes dites moyennes dont Laurence Parisot déclare qu'on en est à partir de 1000 euros par mois...

C'est le nanti, surtout s'il a la sécurité de l'emploi. Le gouvernement le répète sur tous les tons. Les faiseurs d'opinion le crient à tue-tête.

Donc, c'est lui qu'on viendra tabasser si ça dégénère. Il n'a pas de sbires pour le protéger, ni de caméra de surveillance autour de sa maison. Quant à sa Clio qui tousse du pot, elle couche dans la rue. Voilà une proie facile. 

Mais que se passera-t-il après ? Et si ce voisin désigné à la vindicte populaire se révolte à son tour ? Que feront les pyromanes sarkozistes et strauss-kahniens ? Décrèteront-ils l'état d'urgence afin que la révolte ne devienne pas une révolution ?

Hum ! Puisque j'en ai encore le droit, je file m'acheter une bouée en attendant que le bateau coule !


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